Fin août je me rendais à Paris pour assister au festival rock français par excellence : Rock en Seine.
Une première pour moi qui n’avais jamais mis les pieds dans ce festival.
Placée cette année sous le signe de la danse, la programmation, alliant électro swing, hip-hop, pop,rock nous a invité à nous déhancher.
Trois jours de fête sous un beau soleil d’été, ambiance sueur et T-shirt mouillés.
Vendredi:
Premier jour de rock je m’arrête à la station de métro Porte de Saint Cloud et en à peine cinq minutes je me retrouve aux portes du domaine (merci aux organisateurs et aux gros bras de l’entrée de nous avoir permis de rentrer rapidement sans chichi et en toute sécurité).
Le site est grand, arboré, stylé. C’est la boule Disco géante du nouveau dance floor qui nous accueille, nous éblouissant de ses milles facettes lumineuses. Un peu plus loin j’aperçois une jolie fontaine et quelques gargouilles crachant l’eau qui s’y trouve. Il y a aussi des statues, des sculptures, de l’herbe verte et de jolis arbres; un décor bucolique dessiné par Le Nôtre digne d’une Rock Garden Party à la Marie Antoinette. Il fait beau, chaud, l’ambiance est au rendez-vous.
Premier concert, grosse ambiance avec Caravan Palace qui va littéralement enflammer la grande scène. Belle énergie sur ce set d’une heure, entre solos déjantés, danse en duo orchestrée par le rythme endiablé du swing électronique. La foule est chaude, la fête commence !
Direction ensuite vers un autre univers, celui d’Anderson Paak, le nouveau prodige du Hip-hop américain, repéré par le parrain de Snoop, Eminem et 50 cents. Sur scène le beat est bon, le mec accompagné de 4 musicos a le rythme dans la peau, il chante danse, sur des airs de soul, R’n B, pour finir à la batterie. Un artiste complet au talent indéniable.
19h le soleil se couche doucement, et je m’apprête à planer sur le son rock psyché des Brian Jonestown Massacre. Le groupe débarque: Santiags, lunettes noires et grosses guitares, Paris se transforme en San Francisco et nous transporte dans un désert chaud où le temps s’arrête. Les mecs ont la classe et enchainent les solo, pas besoin de LSD, le son suffit a nous immergé dans le son rock des années 60 à la Velvet Underground. Le concert se terminera avec un magnifique « Fuck you Off » salut rock and roll oblige.
Après cette escapade dans le temps, retour sur la grande scène avec la pop colorée de Two Door Cinema Club. Six ans après mon premier concert je retrouve le groupe littéralement changé. Plus d’assurance mais moins de folie, cheveux long et grosse brioche pour le chanteur qui a l’air d’avoir pris 20 ans dans les dents. La musique est vraiment cool mais le show reste à désirer, trop carré pas de transition entre les morceaux, un gros potentiel pas vraiment exploité, dommage.
Heureusement les pro du vinyle de Birdy Nam Nam ont mis le feu aux platines grâce à leur doigté manié à la perfection faisant jouir de plaisir la foule en délire. Des sons tantôt Hip hop, rock, funk, R’n’b et un jeu de lumière incroyable. Une énergie folle et des Djs survoltés.
Vient ensuite le tour des tant attendus de The Last Shadow Puppets venus clôturer cette belle journée sur la Grande scène. Après 30 minutes de concert, je m’ennuie et Alex Turner m’insupporte tant il transpire d’arrogance. Je décide donc d’aller côtoyer la scène française et découvrir Flavien Berger, mi homme, mi extra-terrestre, contant des poèmes étranges au son d’une musicalité électronique qu’il produit seul sur scène. Avec Flavien, « le bonheur et la simplicité réside dans l’alcôve Bleue, jaune, mauve et insoupçonnée de ses rêveries Mauves et bleues et jaunes et pourpres et paraboliques et vice et versa ».
Samedi:
Une programmation moins séduisante à mon goût, mais de belles découvertes à commencer par La Femme qui a su faire exploser le thermomètre à base de bon beat et de bite (référence au god du chanteur lui servant de baguette magique). Le groupe d’adulescents déjantés, chante l’amour, les mycoses et la rentrée. Des garçons au féminin qui jouent sans complexe et avec un plaisir non dissimulé. La femme, la seule et unique du groupe, se contentera de chanter et de bouger son bassin avec une moue qui lui va bien. On s’ambiance sous un mélange de synthé pop rétro-futuristes et aussi très années 80. On découvre des nouveaux titres, ils sont bons, les crocos flottent sur la foules, les musiciens slam, bifflent, jump, du Grand n’importe quoi.
Dans une ambiance beaucoup plus peace and love, je retrouve la troupe d’Edward Sharpe & the Magnetic Zero composée d’une dizaine de musicos et de leur gourou de l’amour, Alex Ebert, qui dès la première chanson n’hésite pas à se fondre au public pour chanter avec lui. Un voyage folk sublime où la musique et la foule ne font qu’un. Un concert en apesanteur qui réchauffe les cœurs. L’un des plus beaux moment d’authenticité de ce jour.
22h retour sur terre pour plonger dans l’univers dark des Psychotic Monks, un groupe de jeunes parisiens à l’univers rock ténébreux ultra efficace emmené par des guitares lourdes et hypnotisantes. Une belle découverte qui ne me fera pas regretter de n’être pas allée voir Sigur Ros. Je termine ma journée avec les Naive New Beaters et leur pop rock rigolote. Un concert drôle et efficace qui fera danser la foule une dernière fois.
Dimanche:
Dernier jour, déjà !
Rendez-vous 16h avec Killason, rappeur français, ricain dans le style, complètement barré et talentueux. Chanteur, producteur, danseur, le son est bon et les torsions vocales et corporelles maitrisées. Je suis impressionnée par sa présence et son aisance à communiquer avec nous. Impossible de ne pas bouger au rythme prenant de sa musique. Une belle surprise qui donne du cachet au paysage urbain français.
J’enchaine sur Sum 41, vu un peu plus tôt dans l’après-midi en conférence de presse. Deryck, le chanteur leader du groupe semblait tellement blasé et les autres membres du groupe très peu communicatifs que j’étais curieuse de voir ce qu’ils donneraient sur scène. Bonne surprise au final , le groupe semblait s’être réveillé. C’est avec plein d’entrain que les membres sont montés sur scène, enchainant les blagues pas très drôles, chauffant la foule, jusqu’à faire monter 3 ados sur le côté de la scène. Un beau copié collé de leur concert joué une semaine plus tôt. On ne leur en voudra pas, ils ont quand même réussi à mettre l’ambiance.
Vient ensuite le tour d’Iggy Pop, tête d’affiche du festival. Trop de monde, une scène trop grande pour un seul homme, j’ai du mal à rentrer dans l’univers de papi Pop, la musique est bonne mais pas folle, je reste 30 minutes et décide de m’orienter vers Cassius pour me réchauffer un peu.
Le groupe a misé gros sur le décor, un super volcan tropical surplombe la scène et à son sommet les deux Djs. Le show commence, le décor s’illumine, c’est beau, on est prêt à décoller. Le set est bon à la fois pop, rnb, électro, peut être un peu trop gentillet à mon goût. Le public semble réceptif mais peut être déjà fatigué. Je pars sans regret 10 minutes avant la fin afin de me préparer pour les génies de Soulwax. Arrivée devant la scène, je suis impressionnée par l’aspect futuriste du décor digne d’un film de science fiction. Trois batteries entourent la scène . Au centre le cockpit des deux frangins Deweale, un micro, une guitare.
22H05, le groupe arrive vêtus de noir et de blanc, tout en élégance nous captivant pendant une heure de concert comptant de belles nouveautés (enfin!)de la batterie qui tabasse et des tubes qui prennent aux tripes; de quoi terminer en beauté ce riche week-end musical.
Merci à Rock en Seine pour son organisation et pour la mise en place d’infrastructures nous permettant de survivre sous 40°C (fontaines à eau, canon à eau, transat, nombreuses bornes cashless, food truck & bars de quoi nous sustenter rapidement). Je regrette seulement que le festival ne dure pas plus longtemps dans la nuit.
Anaïs Bréda