Rencontre avec Yilian Cañizares | « La Suisse m’oblige à chercher à l’intérieur de moi »

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©Milena Pellegrini

Je retrouve Yilian Cañizares, violoniste et chanteuse cubaine, installée depuis 15 ans à Lausanne, dans sa loge aux Docks. En pleine répétition avec l’Orchestre de chambre de Lausanne, elle rentre à peine de France où elle repartira pour continuer sa tournée. Une salle rock, un orchestre classique et une violoniste cubaine de renom international : un métissage audacieux qui célébrera les 75 ans de l’OCL. Un concert qui marquera également l’unique date en Suisse de la violoniste virtuose. À ne pas manquer mercredi 18 à 20:00 aux Docks de Lausanne.

Propos recueillis par Milena Pellegrini.

Comment est né le projet de jouer avec l’Orchestre de chambre de Lausanne?

J’avais envie, depuis longtemps, de faire quelque chose avec l’Orchestre de chambre de Lausanne. Je suis cubaine, mais j’ai le parcours d’une violoniste classique. Pour moi, c’était le moyen d’unir différents univers : mes racines, l’improvisation et la partie classique. J’ai contacté l’Orchestre de chambre de Lausanne car c’est l’un des meilleurs orchestres d’Europe et en plus j’ai un lien émotionnel avec eux car mon prof joue dans l’orchestre. Lausanne est ma ville, c’est évident que je voulais faire un projet avec eux.

En combien de temps as-tu monté le projet ?

La musique de mon album était déjà écrite. J’ai demandé à un arrangeur brésilien de préparer les arrangements pour orchestre. Maintenant on répète deux jours et nous jouons mercredi. Toute la partie musicale est assez rapide, mais les discussions autour de comment le faire est plus longue.

C’est étonnant que le concert se déroule aux DOCKS…

C’est la première fois que l’OCL joue aux DOCKS. Ca part pour moi de l’idée que la musique n’a pas de frontière. Souvent, beaucoup de gens aiment mettre les choses dans des cases. Mon travail c’est le contraire : tout est permis pour autant que l’on a envie de partager.

Cette salle qui est rock pop, un orchestre classique et une musicienne cubaine : C’est ça que j’aime !

J’espère que ce sera un public mixte: que des gens qui ont l’habitude d’écouter l’OCL vont venir et que les autres vont avoir envie de découvrir.

Est-ce que le fait de jouer à Lausanne a une importance particulière pour toi?

Ma ville d’adoption c’est Lausanne et c’est là où je joue le moins. J’ai la chance de jouer partout dans le monde. Lorsque j’ai l’occasion de me produire ici, c’est comme jouer à la maison. C’est le plus dur car on veut donner le meilleur ! C’est très émouvant et c’est un défi plus grand que lorsque je joue dans des salles ailleurs.

Tu enseignes, quel âge ont tes élèves ?

La plus petite a 6 ans et j’enseigne jusqu’aux adultes. C’est un travail très différent. J’enseigne aussi aux jeunes adultes, qui veulent entrer en classe professionnelle. C’est un défi et ça me permet de pratiquer mon métier à travers des angles très différents.

Les jeunes adultes qui veulent devenir musiciens professionnels ne choisissent pas un parcours facile..

L’amour de la musique et l’amour de l’instrument les poussent à choisir cette voie. On ne choisit pas ce parcours en étant raisonnable et en espérant une quelconque sécurité. Lorsqu’on fait les choses par amour c’est toujours mieux. Après quelques années, et cela dans tous les domaines, on voit la différence entre les personnes qui aimaient vraiment et celles qui ont fait ce choix en pensant que ce serait facile.

Quand tu composes, la Suisse t’inspire-t-elle ?

Jusqu’à maintenant, j’ai écrit la plupart de mon travail en Suisse. Elle m’oblige à chercher à l’intérieur de moi, à me poser la question de qui je suis, et lorsqu’on compose c’est très bien.