Rapport : Les Dunes Électroniques 2015

Ou, comme les festivaliers les ont si affectueusement surnommées, les Boues Électroniques.

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2008
Dunes Électroniques 2015. ©Lionel B.

Vendredi 20 décembre.
Après deux heures de sommeil à l’arrivée du Paris-Tunis de la veille, on est debout, et le bus direction Tozeur est prêt à démarrer à 6 heures. C’était sans compter le chauffeur, qui aurait besoin de faire le plein de clopes. Nous ne quitterons le parking qu’à 7 heures pour passer des paysages viticoles du Nord aux immenses étendues désertiques du Sud.

17h. Check-in à l’hôtel, et il pleut. Incompréhensions et changements de plans récurrents auront fait durer le trajet dix heures. Bon, pas de problème, on dépose les affaires et se prépare à prendre les transferts vers Mos Espa, site du festival — et du tournage de Star Wars, à quarante-cinq kilomètres de Tozeur. Des transferts en 4×4 sont organisés.

Une notification Facebook vient perturber la sérénité ambiante : la soirée est annulée pour cause de puissantes rafales de vent et de pluie, risquant d’endommager la scène. Plus qu’une chose à faire : se renseigner et rejoindre l’after, quant à lui maintenu, dans un espace couvert au coeur d’une palmeraie. Trop cher. On va dormir, en espérant que demain sera clément.

Samedi 21 décembre.
La pluie a cessé, la seconde journée est maintenue. Bracelets, impers, lunettes de soleil, jetables, on y va.
À quinze heures, Fakear ouvre le bal de son live léger et dansant, parfait pour commencer l’après-midi. Les dunistes sont peu nombreux, mais commencent à affluer vers la fin du set. Et puis, on a plus de place, le cadre est plaisant. Enchaînent N’to et sa progressive à faire danser la sécurité au loin, ainsi que Julian Jewel (qui m’a déçu), en même temps que la pluie recommence à humidifier le sable.

À cause des événements de la veille, la programmation est chamboulée; et c’est Kölsch qui prend le relais, aux alentours de dix-neuf heures. Près de dix mille personnes dansent au rythme de la techno du Danois, alcoolisées, et la pluie que tout le monde semblait pouvoir braver s’intensifie jusqu’à devenir torrentielle. Heureusement qu’on est passé chez Décathlon.

La pluie s'incruste aux Dunes Électroniques. ©Les Dunes Électroniques
La pluie s’incruste aux Dunes Électroniques. ©Les Dunes Électroniques

La soirée est avortée à 21 heures, et tout le monde se précipite sur le parking pour rentrer à Tozeur. À vingt-deux heures, aucune voiture à disposition pour nous reprendre. Nous nous voyons dans l’obligation de faire du stop, pieds dans le sable — devenu mouvant, pour rentrer. Un monsieur nous propose gentiment l’arrière de son camion, que nous acceptons, dans le désespoir.

Une heure et demie de pluie et une centaine de dos d’âne plus tard, nous voilà arrivés.
Dégoût absolu. On rentre demain.

Dimanche 22 décembre.
Une partie des festivaliers a déjà effectué son check-out et quitté le Sud pour la maison. Alors qu’on se préparait à partir, une notification vient redonner de l’espoir : le festival est délocalisé à Planet Oasis à seize heures, où avaient lieu les afters des deux nuits précédentes en compagnie d’Anja Schneider et de Âme. Il semblerait que l’on reste après tout.

Francesco Tristano. ©Lionel B.
Francesco Tristano. ©Lionel B.

À 20h30, c’est Francesco Tristano qui prend les commandes, et on l’attendait ! Le Luxembourgeois a fait frémir les palmiers jusqu’à 22h avec le set parfait. Avant qu’une transition ratée par ses successeurs et l’annonce de l’annulation de Derrick May ne nous rappellent qu’on a un bus à prendre à minuit.

Lundi 23 décembre.
On apprend qu’une soirée « bonus » sera organisée le 25 à Tunis avec Derrick May, qui n’avait pu jouer dimanche. Et ça tombe bien, on y sera.

Mercredi 25 décembre.
Vingt-et-une heures. Annonce : la soirée de rattrapage est annulée, pour des raisons de sécurité. On ne verra pas le papa de la techno de si tôt.

Espoir et Désillusion 2015 touche officiellement à sa fin.
Somme toute, l’ambiance du festival fut bon enfant, avec une dizaine de milliers dunistes de Tunisie et d’ailleurs, qui tous, malgré la galère omniprésente, auront été motivés à danser jusqu’au bout. On sait qu’un festival sous la pluie n’est jamais évident, mais il aurait fallu que les organisateurs prévoient un plan B sachant que les prévisions s’annonçaient mauvaises deux semaines à l’avance. L’an dernier, le festival a été un franc succès d’après les « anciens », et pas mal seraient prêts à y retourner lors de la prochaine édition. Moi aussi.

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Actuellement étudiant à Paris, mon appétit pour la musique n'a fait que s'amplifier au fil des années. Du classique à la techno, elle est le remède à tous les états, tous les moments, et s'adapte à tous les espaces. Polyglotte et producteur à mes heures perdues, j'ai rejoint l'équipe Le Billet en janvier 2015 et le représente en France.