Arrivés mercredi dans la journée et la soirée à Barcelone, notre petit groupe, venant de Suisse, de Madrid et de Paris, se rassemble pour quelques tapas et une bonne bière, avant un départ à l’Apolo pour la soirée warm-up. Au menu, les très (trop ?) attendus Viet Cong, ainsi que quelques sensations électro locales ou internationales. On attrape rapidement un bout de Der Panther, excellent combo madrilène dont on n’entendra pas grand-chose, malheureusement. On grimpe à la salle principale pour assister à Viet Cong : un poil décevants, les Canadiens proposent un concert poli, dans une salle par ailleurs magnifique, une occasion ratée, peut-être, ou alors on n’était pas encore chaud… C’est ce qu’on se dit au moment de descendre à la 2ème salle pour aller voir The Suicide of Western Culture, duo barcelonais d’électro-rock et c’est à cet instant que l’on se prend la 1ère baffe du weekend : sec, presque brutal par instant, complètement électrique et à vrai dire bandant, les Catalans sont des malades et on commence ce Primavera Sound par une fin de soirée qui fait saigner les oreilles.
Lendemain, réveil tranquille et envie d’aller tâter du Parc Forum. A Primavera la prog est sublime, les concerts épiques et les DJ set magiques, mais tout cela est finalement secondaire, car l’essentiel se trouve ailleurs: tout est cool, le style et le swag se nichent partout… L’arrivée en tram, en taxi ou à pied, par le bord de mer ou la Diagonal, la traversée de Barcelone, le Parc Forum et ses gratte-ciels, le site et ses aménagements, la mer, les gens, tout est beau.
Enfin bon, tout ça c’est bien joli, mais on est quand même là pour la musique. Départ avec Exxasens d’abord, from Barcelona. Parmi les objectifs du festival, on avait bien envie de découvrir la scène locale. Après les bons concerts de la veille, la prestation post-rock d’Exxasens, plutôt relax, permet d’apprécier l’ambiance au soleil. Ça pourrait clairement taper plus, mais c’est propre et, vu l’atmosphère et le contexte, c’est plus qu’honorable. On se déplace ensuite gentiment vers une des grandes scènes, pour assister à la première tête d’affiche du weekend, l’Anglais Baxter Dury. Blagueur et cabotin, probablement un peu bourré, mais finalement assez marrant. Le concert est tout entier dans son petit rythme britannique, rythme propre aux fantaisies quasi-balnéaires de son dernier album, rendant l’ensemble, au soleil de la Catalogne, extrêmement agréable, un peu rêveur, comme un apéro au rosé en Provence l’été. On bouge ensuite voir un trio de Tel-Aviv, Garden City, sur la mignonne petite scène H&M Pro, sorte de petit amphithéâtre de bord de mer. La prestation electro-pop toute en douceur prolonge la rêverie entamée auparavant, on flotte presque un peu, interrompu par quelques fous rires causés par certains acharnés du selfie, qui s’y reprendront à 20 fois, tout en duck face et regard vers le ciel, devant une foule incrédule et amusée. Dans notre glissade de scène en scène, on s’arrête dans l’espèce de géode électro pour suivre le set de Roman Flügel. Sympa, l’Allemand semble un peu perdu devant un public clairsemé, mais bon, il n’est que 21h.
Souhaitant éviter à tout prix l’ennui préconisé par certains camarades voulant aller voir Antony and the Johnsons (encore un « prénom and the machin », cf. Christine, François, Florence and co), on se sépare et on part jeter un œil à Mineral (correct, sans plus) et Spiritualized (même pas correct, carrément décevant). On loupe du coup Tyler the Creator, on a sûrement tort, et Chet Faker, on a sûrement raison, pour aller voir The Black Keys, première headline rock de grande envergure. J’ai jamais été un fan inconditionnel des Black Keys, mais faut leur laisser que c’est propre et que ça envoie. Entre deux bières à 11€ (pour la très grande, mais quand même), on danse et on gueule sur chacun de leurs tubes, embarqués dans un concert joyeux et rythmé. Une traversée complète du site pour aller voir la fin de Simian Mobile Disco (putain, ces concerts qui se chevauchent) : différente musique, différent contexte, même constat. Ça bouge, tu danses, les gens sont à fond…
On se rend ensuite dans le magnifique amphithéâtre de la scène Ray Ban, à moitié pour éviter James Blake, à moitié pour voir Jungle. Perso, je m’étais un peu ennuyé lors de leur passage à Montreux en 2014, même s’il n’y avait rien à leur reprocher. En même temps, le public du Strav’ est pas connu pour être le plus dansant. Là, dans la nuit barcelonaise, magnifique surprise, la foule danse et chante, l’ensemble parfois un peu trop réglé des anglais se heurte à la folie du Sud et une fête géante se met en place… On termine ce premier soir avec Andrew Weatherall : il est aussi moche qu’on s’y attendait, mais il envoie un set étonnamment trash, explosif et sublime, nous laissant sur une première nuit excitante, éreintés.