On était à Coachella 2016 (samedi)

Retour sur nos trois jours dans le désert californien

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Disclosure & Alunageorge / Coachella / Digitalspy / Tous droits réservés

Deuxième jour, le soleil tape sur le désert et on prend un « brunch » (vous noterez les guillemets, nécessaires en la circonstance, vu la qualité de la nourriture) au Applebee’s à côté de notre hôtel. Départ ensuite avec la navette pour le festival, où l’on apprend que Jessica, du Missouri, a trouvé Jack Ü et Ellie Goulding amaaaaazing… Elle était sceptique pour le premier au départ, mais a été convaincue. Probablement les ordres en police 6000 qui clignotaient dans sa gueule ou les bonnes blagues de Diplo, who knows…

Ce soir, c’est les Guns n Roses, les fans sont en nombre et pas toujours très élégants…

Des fans des Guns à Coachella / LA Weekly / Tous droits réservés
LA Weekly / Tous droits réservés

On arrive sur le site, trop tard pour Ex Hex, mais parfait pour Algiers. Ces derniers sont un super groupe de rock (au Romandie de Lausanne, le 8 juin) : ça bouge, ça tape, ça envoie. Ils viennent d’Atlanta et, malgré toute la science et le talent qu’ils mettent à construire quelque chose d’original et de contemporain, il y a quelque chose du Sud, du deep south, du rock américain qui transpire. C’est assez sombre par moment, mais beaucoup moins en live qu’en album, où l’incroyable énergie de  Franklin James Fisher, chanteur élégant, explose en continu. On zappe ensuite DMA’s, mais pas les margaritas, avant de bouger à Alvvays. Première news, c’est en arrivant à la tente Gobi, que j’ai enfin fini par comprendre le jeu de typo avec leur nom. Maintenant que je suis en mesure de prononcer correctement ledit nom, parlons du concert. Rien d’extraordinaire, mais rien de dégueulasse non plus: c’est assez sympa, une pop soyeuse et élégante. Bref, c’est mitigés qu’on bouge vers la grande scène.

Coachella / Tongue.com.mx / Tous droits réservés
Coachella / Tongue.com.mx / Tous droits réservés
Coachella / Tongue.com.mx / Tous droits réservés
Coachella / Tongue.com.mx / Tous droits réservés

On arrive donc pour voir Run The Jewels. J’avais pu les voir à Primavera, un an auparavant, et El-P sans Killer Mike encore avant au Romandie, mais c’est vrai que le contexte US est plus sympa, les gens vivant plus les lyrics. A vrai dire, y a aussi là tout le plaisir de Coachella, avec un soleil incroyable et un site trop beau, ça donne un côté un peu surréel au live. On bouge ensuite sans vraiment s’arrêter plus que quelques secondes à Bat for Lashes ou Deerhunter, sur le chemin pour l’incroyable tente électro Sahara où Miss Aluna Francis va commencer son live. Je dis Aluna, parce que je suis pas sûr d’avoir vu George et, malgré le nom complet sur l’affiche, l’absence de titres du premier album me laisse à penser qu’il y a dû y avoir un bug entre les deux. Bref, le concert reste sympa, les effets lumineux de la tente tabassent carrément et le tout a vraiment fière allure. A peine le temps de glisser sur la grande scène, Aluna ira encore plus vite que nous, pour commencer le live de Disclosure avec White Noise, à peine 5 mn après la fin du sien, quelques 500m plus loin. Les deux rouquins donc, qu’on avait croisés à Lyon cet hiver, sont sur la grande scène et c’est blindé. On se réjouissait assez de ce concert, d’une part parce que le désert leur permettrait d’envoyer des visuels impressionnants, d’autre part parce que le star system inhérent au festival ferait qu’on aurait probablement un grand nombre de leurs featurings sur scène. Le groupe est attendu, y a une foule incroyable, quoiqu’un peu sage et ça commence fort avec, donc, White Noise, puis s’enchaîneront tous les tubes, quasi tous accompagnés de leur star attitrée, notamment Lorde et Sam Smith, lequel provoquera des hurlements hystériques de chaque individu de sexe féminin de moins de 25 ans présent dans la vallée.

Grimes / Coachella / Tous droits réservés
Grimes avec J. Monae / Coachella / Tous droits réservés

On décide ensuite de regarder Ice Cube de loin, depuis la terrasse du beer garden. C’est sympa, assez distrayant et on a bien  aimé le takeover de Snoop sur la fin. On glisse enfin à la tente Mojave, d’une part pour aller voir la très attendue Grimes et, surtout, pour éviter les gros Guns n Roses qui vont commencer sur la grande scène. La Canadienne envoie un live punchy, où toute la foule chante, saute et danse. On a des visuels sur Bernie Sanders, icône de ce Coachella et de la Californie du Sud en général. Un excellent moment. On enchaîne enfin avec le kid de Vegas, le petit Shamir. Une façon somme toute gentillette de finir la soirée, la seule émotion étant le volume trop élevé, mais, en même temps, un live assez beau et élégant.

Coachella / Fuse.tv / tous droits réservés
Coachella / Fuse.tv / tous droits réservés

Une petite remarque me vient en cette fin de journée sur un aspect assez peu consensuel de ces gros festivals. On s’était déjà aperçu que Primavera Sound était un festival avec une entrée à près de 200€ les 3 jours, des bières entre 5 et 10 et que, dans un pays où les salaires sont quand même assez bas, ça rendait pas un truc méga populaire. Idem à Sziget, où les ¾ du public vient d’Europe de l’Ouest et les rares Hongrois sont manifestement des gens ayant un certain revenu (billet 1 jour autour de 50€). Ici à Coachella, c’est encore plus marquant. Le pack hôtel + festival étant à environ 1000$, tu peux imaginer que les gamins de 20 ans que tu croises dans la navette sont quand même des sacrés gosses de riches, surtout que la bière est à 10$ et qu’il y a du monde au bar. Sans faire de la sociologie de bistrot, t’es quand même surpris que, dans une Californie du Sud, par ailleurs très multi-ethnique, on ne croise presque pas de Latino-américains ou de Noirs sur le site du festival. Encore une fois, je ne fais pas généralité, ni ne m’avance sur la structure sociale américaine, mais quand même, c’est étrange. D’une façon plus globale, ça pose la question de l’aspect « populaire » de ce genre de grands festivals qui, face à la montée des cachets et par la force de leur popularité explosante, ont augmenté les prix des billets et des consommations à un tel niveau, qu’ils se sont totalement coupé de la base et sont devenu des ghettos de gosses de riches, de jeunes actifs ayant un bon job ou, dans le cas de Sziget, d’étrangers venant s’encanailler loin de chez eux.

On se revoit dans pas longtemps, pour parler du dimanche…