Parmi les douze films en compétition cette année au NIFFF, Creative Control, projeté en première suisse, parle des fantastiques possibilités offertes par l’avènement de la réalité augmentée. Si des objets tels que l’Oculus Rift existent déjà, Creative Control pousse l’expérience encore plus loin.
Dans un futur relativement proche, David (Benjamin Dickinson) est un jeune cadre dans une agence publicitaire à Brooklyn. Vivant avec sa petite-amie Juliette (Nora Zehetner), David est progressivement submergé par le stress s’accumulant dans sa vie. Un jour, il est mis en charge du compte Augmenta, une entreprise ayant développé une paire de lunettes avec la technologie de réalité augmentée la plus immersive sur le marché. Pour se familiariser avec le produit, David reçoit une paire en test. Devenant en même temps de plus en plus proche de Sophie (Alexia Rasmunssen), la copine de son meilleur ami et photographe Wim (Dan Gill), David se met à utiliser les lunettes Augmenta pour stimuler ses fantaisies, au péril de sa notion de réalité.
Pour son second long-métrage après First Winter, qui fut projeté au Tribeca en 2012, Benjamin Dickinson fait étalage de toute sa maîtrise cinématographique tant sur le fond que sur la forme. Creative Control est une franche et fascinante réussite.
Outre le style visuel du film, impeccable et utilisant magistralement l’interface virtuelle au goût lointain de Minority Report, c’est la capacité à intégrer tant de facettes de la vie des personnages qui est appréciée. En effet, derrière un scénario guère révolutionnaire mais assez frais et innovant, chaque protagoniste est développé tant avec sa propre histoire qu’avec ses interactions avec les autres, avec David au centre de tout. J’apprécie particulièrement les liens tissés et l’évolution de chacun.
Parmi les thèmes, on retrouve les débats sur le matérialisme et le train de vie constamment plus infernal en milieu urbain, mais surtout cette abstraction entre imaginaire et réalité, facilitée par les progrès constants de la technologie. En effet, l’évolution et la créativité, tant technique qu’humaine, sont des aspects omniprésents de Creative Control. L’être humain ayant constamment vogué sur le progrès qu’il amène, Creative Control touche à des questions morales, éthiques et comportementales qui, inévitablement, se poseront un jour. En vrai.
Quelques jeux de mots habiles, dont un quiproquo clef qui plongera définitivement David dans le doute (et qui sera difficilement traduisible en français), une touche adaptée de sexualité et d’érotisme, de l’humour moderne, Creative Control atteint ses limites en cherchant trop loin. Les scènes de couple sont souvent étirées, et la question centrale du film, celle de savoir quelle est la différence entre la réalité et le virtuel, aurait pu être simplement résolue en enlevant les lunettes lorsque l’on a un doute.
Noir et blanc, visuellement prenant, une musique délicieuse et raffinée, captivant par ses questions sur la société moderne voire existentialistes (qu’est-ce que ma réalité au final?), Creative Control bascule presque dans la catégorie des films à Sven. Il est certain en revanche que le film reste un exercice réussi, le tout en un peu plus d’une heure et demie.
Noté : 4 / 5
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Bande-Annonce
Attention, spoilers quand même.
Casting
Benjamin Dickinson
Nora Zehetner
Dan GillWim
Alexia Rasmussen
Reggie Watts
Gavin McInnesScott
Paul Manza
Jay Eisenberg
Himanshu Suri
Meredith Hagner
Jake Lodwick
Geneva Carr
Robert T. Bogue
Jessica Blank
Austin Ku
Détails
Date de sortie en Suisse: Inconnue (12.10.2016 en France)
Réalisateur: Benjamin Dickinson
Pays de production: Etats-Unis
Durée du film: 97 minutes
Genre: Drame / Science-Fiction
(Images droits réservés)