Dániel (Sándor Zsótér) a la garde partagée de sa fille Lili (Zsófia Psotta) jeune adolescente avec qui il est en complet décalage. Lili ne se sépare jamais de son chien Hagen (Body), un chien issu d’un croisement sur lesquels le gouvernement a instauré une taxe. Un jour, excédé par le comportement de sa fille, Dániel décide de la punir en relâchant Hagen dans la nature. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase pour Lili qui disparaît à la recherche de son animal de compagnie, tandis que celui-ci fait face à la cruauté des hommes avant d’organiser une révolte aussi sanglante que spectaculaire.
Lauréat du prix « Un Certain Regard » au dernier festival de Cannes, « White God » est le sixième long-métrage du cinéaste hongrois Kornél Mundruczó dont les thèmes phares sont l’exclusion, le rejet et la peur de l’autre. On ne peut s’empêcher de penser à « White Dog » (1982) de Samuel Fuller qui s’en approchait dans les grandes lignes.
Dans « White God » seuls les « bâtards » sont frappés par la taxe et leurs propriétaires préfèrent s’en séparer, livrant ces bêtes à elles-mêmes et surtout aux sévices de personnes mal intentionnées profitant de leur détresse dans une indifférence généralisée. On peut tirer énormément de parallèles avec l’histoire plus ou moins récente : les propriétaires de chiens croisés sont dénoncés par leurs voisins, ces chiens sont ensuite capturés et rassemblés dans des cages où on les euthanasie les uns après les autres.
Le film prend une tournure de lutte des classes fantastique dans son second acte où on ne vit plus les évènements à travers Lili mais Hagen. Un chien au départ docile qui est à juste titre le meilleur ami de l’homme, alors que dans cet univers les chiens sont pour la plupart considérés comme de la vermine. La dimension allégorique est d’autant plus palpable que les chiens se comportent comme des êtres sociaux (humains par extension): ils se réunissent, s’entraident mais surtout se montrent sans pitié lorsqu’ils se rebellent.
Techniquement bluffante, la scène d’ouverture est aussi belle qu’ingénieuse. Elle nous nous rappelle aussi combien il a dû être difficile de dresser ces 208 chiens pendant le tournage.
Le mot de la fin
« White God » est une prouesse technique déguisée en conte macabre avec plusieurs grilles de lecture évidentes. Un film particulièrement émouvant et difficile à regarder pour les amoureux de nos amis à quatre pattes.
White God (Fehér Isten)
Pays : Hongrie/Allemagne/Suède
Réalisé par : Kornél Mundruczó
Durée : 119 min
Genre : Drame, fantastique
Langue: Hongrois
Date de production : 2014
Acteurs et équipe technique
Zsófia Psotta
Sándor Zsótér
Lili Horváth
Lili Monori
Body (Hagen le Chien)
László Gálffi
Photographie : Marcell Rév
Scénario : Kornél Mundruczó/ Viktória Petrányi/Kata Wéber
Montage : Dávid Jancsó
Musique : Asher Goldschmidt
Effets spéciaux : Balázs Hoffmann
Dressage : Teresa Ann Miller/Aron Mezei
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