« Mes pareils à deux fois ne se font point connaître
Et pour leurs coups d’essai veulent des coups de maître. »
– Le Cid, Acte II, Scène 2.
Mai 2011. Tim Burton, auréolé du triomphe au box office de Alice au Pays des Merveilles, est chargé du projet Maléfique en tandem avec la scénariste Linda Woolverton. « On reprend les mêmes et on recommence » pensent les studios Walt Disney. Angelina Jolie est contractée depuis longtemps, Woolverton reste, mais Burton s’éclipse de la scène, submergé par ses autres projets. On parle de David Yates, dont le genre fantastique de ses Harry Potter correspond à ce que Maléfique doive être. Entrez, Robert Stromberg.
Pirates des Caraïbes, Hunger Games, L’Odyssée de Pi, Shutter Island, Le Labyrinthe de Pan, Avatar. Un répertoire grandiose pour ce maître des effets spéciaux, des visuels et du design, récompensé il y a deux ans par un Oscar pour son travail dans Alice au Pays des Merveilles justement. Robert Stromberg n’avait néanmoins jamais été réalisateur, mais pour son coup d’essai, il réalise un coup de maître.
A priori, c’est un film atypique. Pourquoi Disney se lancerait-il dans un film où la protagoniste est l’une des antagonistes les plus menaçantes de leur univers? Disney est connu pour la création et le développement de ses personnages, mais là c’est l’histoire qui prend le dessus. On pense connaître le personnage de Maléfique depuis La Belle au Bois Dormant, mais comme le dit la bande-annonce, on découvre en fait la vérité ici.
La narration du film vient d’une perspective différente et inattendue, avec la majorité des scènes vécues à la place de Maléfique. Au fur et à mesure que le film avance, Angelina Jolie convainc de plus en plus après quelques échanges peu probants au début. Sharlto Copley (District 9, L’Agence tous Risques, Elysium) tient avec brio le rôle du Roi Stefan. Cupide, ambitieux, obsédé, et vivant dans un royaume à l’accent écossais, Stefan incarne à la perfection l’imperfection de l’être humain, capable du bon mais surtout du pire. C’est la sombre facette de l’homme qui déclenchera les faits du film. Les trois bonnes fées ne sont pas toujours autant amusantes qu’elles le souhaiteraient, et la jeune Princesse Aurore (Elle Fanning, Super 8) n’a pas autant de temps pour s’exprimer. Mais passons, nous avons déjà un film à propos d’elle après tout.
Un dicton anglais dit que l’Enfer n’a pas de fureur plus redoutable qu’une femme méprisée. Cela pourrait être le thème principal du film, qui gravite autour de Maléfique, une fée protectrice de la Lande où elle habite avec d’autres créatures fantastiques et qui, confrontée aux torts que peuvent causer les humains, découvre elle-même un désir de vengeance. Saura-t-elle rester de marbre devant la pureté et l’innocence d’une enfant ? Une scène des plus abouties montre un dialogue où Aurore demande « Es-tu maléfique ? » ne sachant pas si elle pense à son nom, ou à l’adjectif.
Le film contient son lot d’action, ne vous y méprenez pas. Dès scènes de combat dignes du Seigneur des Anneaux à la bataille finale en forme de dragon, les visuels sont stupéfiants et la musique envoûtante, parachevée lors du générique par une version moderne de Lana Del Rey du classique « Once Upon a Dream » du film original.
Les 97 minutes du film passent très vite et c’est une très agréable surprise ainsi que de très bonne augure pour Disney de les voir enchaîner après Frozen/La Reine des Neiges. Nous pouvons pousser un soupir de soulagement que la médiocrité des années 2000 soit enfin derrière eux, et je ne serai pas surpris de retrouver Maléfique le 22 février 2015 dans le sprint final pour une petite statuette dorée pour ses décors, costumes ou effets visuels.
Noté : 4 / 5
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Bande-Annonce
Casting
Angelina Jolie
Elle Fanning
Sharlto Copley
Sam Riley
Imelda Staunton
Lesley Manville
Juno Temple
Brenton Thwaites
Ella Purnell
Toby Regbo
Détails
Date de sortie en Suisse: 28.05.2014
Réalisateur: Robert Stromberg
Pays de production: Etats-Unis
Durée du film: 97 minutes
Genre: Fantaisie / Aventure
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