Mad Max: Fury Road

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Mad Max: Fury Road, par George Miller
Actuellement au cinéma. Image © 2015 Warner Bros. Ent. Droits réservés.

De Mad Max, le film est plus fou que le protagoniste.

Outre les quelques visions de démence qui hantent l’héros éponyme, le personnage ne mérite pas de porter le titre du film tant Charlize Theron en tant que Furiosa domine l’intrigue, le développement et, pour être honnête, l’interprétation.

Pour une génération entière de personnes n’ayant potentiellement jamais vu Mel Gibson dans le rôle de Mad Max, Fury Road peut être l’étape initiale sur le chemin vers l’admiration de ce monument cinématographique. Malheureusement, ils se rendront compte à postériori que Fury Road n’apporte que très peu à l’univers brutal et splendide de George Miller, et que la majorité de l’enthousiasme généré autour de sa sortie, outre une campagne markéting menée sur les chapeaux de roue, vient en fait de la trépidation à l’idée d’enfin voir Max trente années après.

Visuellement époustouflant, Mad Max: Fury Road injecte de l’adrénaline pure aux spectateurs à chaque scène plus incroyable que la précédente, exhibe un humour tant troublé que troublant et, si l’on se pousse à le voir comme tel, incarne une forme d’art. Pourtant, lorsque l’on se calme, qu’on ait repris son souffle et qu’on y repense, le film est étrangement plat. Un plaisir de deux heures qui ne peut être pleinement apprécié que la première fois avec cette trépidation de l’inconnu.

En symbole de son époque, ce reboot qu’est Fury Road offre une vision instinctive de la survie. Alors que l’opus initial de 1979 développait des personnages, des communautés, condensait des intrigues, des factions et des gangs contre les vestiges de l’autorité, Mad Max version 2015 fait fi de tout ce qu’il y a de superflu dans la société et adresse en deux heures les deux thèmes fondamentaux de l’existence humaine: survivre et se reproduire.

« Mad » Max Rockatansky est témoin de sa propre histoire, car ce sont les femmes l’élément essentiel de l’intrigue; elles qui portent la vie. Alors que Max évolue au fil du film, initialement grommelant quelques sons lorsqu’il est prisonnier, passif, enchainé, le monde autour de lui est établi, huilé, « normal ». Le fanatisme religieux (un autre message de notre époque) est aussi présent, incarné par Immortan Joe, meneur d’un culte, qui a son propre harem (ses Femmes) spécifiquement sélectionné pour procréer. Les fanatiques suivant Immortan Joe n’ont pour seul but que de mourir pour lui et d’accéder au Valhalla promis. Comme le dit Nux, un être splendidement joué par Nicholas Hoult, « I live, I die, I live again. » [Je vis, je meurs, je vis à nouveau.]. Immortan Joe contrôle donc la reproduction, mais il contrôle aussi la survie, car il maîtrise la seule source d’eau dans cet infini désert.

L’autre monnaie dans ce monde? Le gasoil; nécessaire pour alimenter la légion de voitures et de camions. Et lorsque les Femmes d’Immortan Joe s’enfuient avec Furiosa, une guerrière collectant du gasoil, c’est toute une armée qui se lance à leurs trousses. Le reste est une course-poursuite furieuse ayant pour enjeu la survie donc, mais aussi l’avenir de l’ordre établi. A la fin de son évolution, en plus de son élocution retrouvée, Max devient même essentiel car il est en fait donneur de sang universel. À défaut de donner la vie, il sert à la maintenir. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il fut initialement capturé.

Les dialogues sont dérangés, les comportements sont déments, les véhicules sont insensés, et bien entendu le monde entier est fou. Au milieu de tout ce néant, les individus peinent à tirer leur épingle du jeu si ils ne se fondent pas dans la masse. La force de Fury Road est de montrer que malgré tout, en tant que film, aucune autre saga ne peut se rapprocher de l’expérience post-apocalyptique délivrée par Miller, si viscérale, si criante dans son désir d’affranchissement.

Mad Max: Fury Road reste indéniablement une pierre fondatrice robuste sur laquelle Miller a conçu sa nouvelle série de films. Le prochain est d’ailleurs intitulé Mad Max: Furiosa, avec au total cinq épisodes prévus. Perdurer dans un monde où règne la loi du plus fort n’a jamais paru autant d’actualité; autant en faire une expérience incandescente!

Noté : 3.5 / 5

Bande-Annonce

Casting

Tom Hardy
Charlize Theron
Nicholas Hoult
Hugh Keays-Byrne
Rosie Huntington-Whiteley
Riley Keough
Zoë Kravitz
Abbey Lee
Courtney Eaton
Megan Gale
Josh Helman
Nathan Jones
John Howard
Richard Carter

Détails

Date de sortie en Suisse: 14.05.2015
Réalisateur: George Miller
Pays de production: Australie
Durée du film: 120 minutes
Genre: Action

(Images droits réservés)

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J’ai obtenu en septembre 2013 mon Master de HEC Lausanne et je m'occupe ainsi de la majorité de l'aspect commercial et partenariats du webzine. C’est avec enthousiasme que j’ai rejoint David, Hervé et Sven en mai 2014 pour créer Le Billet, et je me réjouis d'y contribuer dans la durée!