Abe Lucas (Joaquin Phoenix) est un professeur de philosophie. Un homme pessimiste, dont la joie de vivre est proche du néant. Sur le plan affectif, Abe semble résigné et se pense irrécupérable. le prof de philo trouve place dans un nouvel établissement et débute une nouvelle vie. Nouvel endroit, nouveau départ. Après avoir pris ses marques, Abe entame deux liaisons: La première avec Rita Richards (Parker Posey), une prof en mal d’affection, et la seconde avec Jill Pollard (Emma Stone), une étudiante. Fascinée par le personnage de Abe, Jill tombera sous le charme tout comme Abe. Un jour, après avoir surpris une conversation houleuse entre des inconnus, le hasard précipitera le destin de Abe à tout jamais…
Rien de mieux que Joaquin Phoenix pour camper un homme frustré, mélancolique et fatigué par sa propre existence. Rôle principal du nouveau film de Woody Allen, Phoenix, toujours autant charismatique, interprète un rôle qui lui sied à merveille. Outre Phoenix, nous retrouvons la nouvelle actrice fétiche de Woody Allen, Emma Stone. Symbolisant l’innocence et la force tranquille, Stone donne une intéressante réplique à Joaquin Phoenix.
Après l’élégant Magic in the Moonlight, Woody Allen, le prolifique réalisateur new-yorkais, est de retour avec un thriller romantique sur fond de philosophie existentielle. Réflexion sur la vie et ses tracas, Irrational Man symbolise la crise existentielle et l’éternel recherche du bonheur. Si le concept de Irrational Man s’apparente à Blue Jasmine – dans les grandes lignes –, cette fois-ci, la nouvelle oeuvre du new-yorkais n’arrive jamais à atteindre cette trame sarcastique qu’Allen arrive si bien à mettre en scène. Bien qu’intéressant scénaristiquement, Irrational Man est loin de faire l’unanimité à cause de ces innombrables longueurs. À travers les remises en question de Abe Lucas, Woody Allen semble apporter un traitement moins « corrosif » que celui apporté à Blue Jasmine.
Grâce au tempérament torturé de Abe Lucas, le film est lancé dans de bonnes dispositions. Arrive ces deux liaisons qui permettent de faire la balance pour le personnage de Phoenix. Entre une relation sans intérêt avec Rita Richards – Parker Posey est géniale -, la seconde relation avec cette jeune étudiante aura pour but de déclencher, du côté de Abe, une envie de se sentir revivre. Un premier temps dubitatif à l’idée de fréquenter Jill Pollard, Abe sautera le pas et verra en Jill une sorte de rédemption. Si Jill symbolise une part de renouveau pour Abe, le vrai élément déclencheur sera cette femme, une femme désabusée par les actes d’un juge peu scrupuleux qui lui cause du tort. À partir de cette conversation entendue par hasard, le professeur de philo sent qu’il se doit d’effectuer cette action cruciale pour la justice et…pour son bien-être personnel. À première vue, l’action semble charitable – en apparence – mais très égoïste après réflexion. Le paradoxe de la nature humaine dans toute sa splendeur, où le comportement irrationnel de Abe s’intègre dans un récit tout aussi irrationnel.
Certes l’idée est intéressante, mais Woody Allen tente désespérément à donner du relief à ses personnages pour laisser de côté la fluidité du récit, si bien que l’ennui prend gentiment le dessus. Malgré Joaquin Phoenix, Irrational Man reste une oeuvre mineure dans la filmographie de Woody Allen.
