Interstellar

Voici enfin le tant attendu voyage dans l’espace de Christopher Nolan. « Interstellar » nous attire inépuisablement dans son orbite, sans pour autant retourner notre monde.

0
3062
Interstellar, par Christopher Nolan
En salles le 5 novembre

Le souci principal lorsque Christopher Nolan annonce un film, c’est qu’il nous a habitué à un niveau quasi exceptionnel. Que ce soit avec Memento, The Prestige ou Inception (qui pour moi est le meilleur film de la décennie 2001-2010 avec Les Infiltrés de Scorsese en 2006), sans compter la trilogie de Batman qui est dans un genre à part entière, le résultat est là. Personnellement, et j’ai de la peine à discerner si c’est l’attente, le secret général, le fait que la production ait engagé en la personne de Kip Thorne un expert de renommée mondiale dans le domaine de la physique théorique, ou encore autre chose, mais je fus presque frustré par moments durant le film en voyant les séries de clichés.

D’un point de vue intellectuel, Interstellar dépasse amplement ses mérites artistiques. L’interaction entre l’équipe des effets visuels et le Dr. Thorne permit au film de développer des représentations innovantes des disques d’accrétion autour des trous noirs, ce qui débouchera sur deux articles scientifiques. Le défi était de ne pas faire sombrer le film dans un jargon technique et le rendre incompréhensible au grand public tout en représentant visuellement des éléments théoriques (comme par exemple une cinquième dimension ou un voyage à travers un trou de ver).

Que l’on soit au clair : Interstellar est un très bon film. Mais en même temps, j’ai le sentiment qu’il se force beaucoup trop à être comme 2001, L’Odyssée de l’Espace de Stanley Kubrick. De par la musique parfaite et parfaitement placée de Hans Zimmer aux airs de Strauss, les robots conscients TARS et CASE qui sont centraux au développement ou bien le thème du voyage dans l’espace pour le salut de la race humaine, j’ai eu un sentiment inébranlable de déjà-vu.

Malheureusement, l’espace-temps semble une étape trop lointaine pour même Christopher Nolan qui s’encouble dans les incohérences de son propre univers. Entre les questions humaines du déterminisme, de l’existence d’êtres supérieurs, ainsi que la fusion de surnaturel, de métaphysique et de physique, le tout est mélangé dans un scénario ainsi qu’une exécution improbable pour la survie de l’espèce humaine. Pour ne rien vous dévoiler, je fus surpris de la raison avancée en tant qu’explication au moment crucial du film. En effet, alors que nous tentons de découvrir le fonctionnement d’univers entier, c’est un concept géocentrique et humain, donc insignifiant en taille dans l’étendue de l’espace, qui amènera la solution à tous les problèmes. Et bien que le message soit beau et touchant, il ne colle pas au sens où Interstellar voulait nous mener jusqu’à là.

Accessoirement, ce sont les questions environnementales pressantes d’aujourd’hui que Nolan a choisi comme héraut de notre futur sinistre.

On ne voit pas le film passer malgré les 2h45 de pellicule car il est absorbant, mais les décors des films de science fiction des années 1970 ne rapportent pas l’effet escompté, malgré la beauté céleste des plans spatiaux ainsi que de Gargantua.

À défaut d’être le point d’orgue de la carrière de Nolan, cela l’est sans doute pour Matthew McConaughey. Un homme dont la carrière semblait lancée vers la fin des années 1990 après les succès de A Time to Kill (Le Droit de Tuer) et Amistad de Joel Schumacher et Steven Spielberg respectivement, elle sombra dans le quasi-néant avec une avalanche de comédies romantiques durant une décennie avant de revivre avec la série télévisée True Detective, le film The Wolf of Wall Street et son Oscar pour Dallas Buyers Club. Jouer le rôle principal dans Interstellar est sa juste récompense, et il rend au public en abondance avec une représentation éblouissante.

L’intégralité des acteurs mérite toutefois une acclamation, avec toujours le fétiche Michael Caine dans un rôle archétype de ses films avec Nolan, néanmoins avec une approche différente cette fois quand même. Il nous citera un poème de Dylan Thomas propice au thème, avec les vers « Do not go gentle into that good night. / Rage, rage against the dying of the light. » (N’entre pas apaisé dans cette bonne nuit. / Mais rage, rage encore lorsque meurt la lumière.)

Nous vous avons montré les bande annonces précédemment, et vous pouvez les retrouver ici!

Noté par Sven : 4.5 / 5
Noté par Mark : 4 / 5

Bande-Annonce

Casting

Matthew McConaughey
Anne Hathaway
David Gyasi
Wes Bentley
Bill Irwin
Josh Stewart
Michael Caine
Mackenzie Foy
Jessica Chastain
Ellen Burstyn
Timothée Chalamet
Casey Affleck
William Devane
John Lithgow
Topher Grace
David Oyelowo
Matt Damon

Détails

Date de sortie en Suisse: 05.11.2014
Réalisateur: Christopher Nolan
Pays de production: Etats-Unis / Royaume-Uni
Durée du film: 169 minutes
Genre: Science-Fiction / Aventure

(Images droits réservés)

REVIEW OVERVIEW
Noté par Mark
Noté par Sven
SHARE
Previous articleWeb: Nicki Minaj et la poésie
Next articleNews: Chappie de Neil Blomkamp se dévoile dans une nouvelle bande-annonce
J’ai obtenu en septembre 2013 mon Master de HEC Lausanne et je m'occupe ainsi de la majorité de l'aspect commercial et partenariats du webzine. C’est avec enthousiasme que j’ai rejoint David, Hervé et Sven en mai 2014 pour créer Le Billet, et je me réjouis d'y contribuer dans la durée!