Présenté dans un format 1,37:1 (format académique) et en noir et blanc, El Movimiento est une suite de scènes saccadées, incohérentes, individuellement soignées mais pourtant parlantes.
Durant et après la guerre d’indépendance de l’Argentine en 1810-1818, un conflit fratricide s’installa lorsque la question de l’administration du pays se posa. Dans l’anarchie, la désolation et la peste, plusieurs groupes armés errent dans les Pampas en quête de soutien et de vivres. De factions opposées, tous se revendiquent héritiers du Mouvement, cet idéal politique et national pour lequel tant de sang fut versé.
Lors d’une des premières scènes, un de ces groupes exécute de manière particulièrement brutale un prétendu espion. En lui faisant comprendre que cet individu était responsable de son sort, qu’il s’est, au final, infligé lui-même cette sentence, la réflexion devient valable pour tout le pays déchiré par le conflit. La pensée est surtout applicable à chaque guerre civile jamais déclenchée.
Initialement, El Movimiento semblait si épuré. La simplicité des scènes ainsi que l’ambiance et les dialogues évoquaient le raffinement d’une pièce de théâtre. Pourtant, au fur et à mesure que le film progresse, les scènes deviennent de plus en plus courtes, de moins en moins claires et davantage saccadées. Elles n’ont parfois aucun lien ensemble et le sentiment devient irritant.
Dans une quête de survie, El Movimiento raconte la lutte d’un homme pour reconstruire le mouvement. Truffé de symbolisme, le film se veut plus grand qu’il ne l’est. Tout comme son protagoniste, il vit dans une illusion.
En effet, le film nous parle de l’absurdité de la quête du pouvoir. Beau dans son message, terriblement maladroit dans son exécution, même en ne durant que 70 minutes il dure deux fois plus de temps que nécessaire. En prenant les 15 premières et dernières minutes du film, nous aurions un puissant moyen-métrage nous montrant qu’il faut au final très peu pour lancer un mouvement.
Il suffit d’une personne avec une vision, un petit groupe de suiveurs et un discours rassembleur qui donne espoir en vue de la situation désespérée du peuple. Le sentiment d’appartenance est renforcé lorsque la survie en dépend.
Pour l’Argentine, ces visionnaires ayant lancé un mouvement ont malheureusement cédé à la tentation du pouvoir au détriment de leur pays. Que ce soit des figures comme Juan Manuel de Rosas (qui dirigea le pays à l’époque du film) ou Jorge Rafael Videla dans les années 1970, les Caudillo ont laissé leur empreinte sur le monde. Pour éviter que cela se reproduise, il faut savoir comprendre pourquoi et comment c’est arrivé. El Movimiento y apporte son explication.
Noté : 3 / 5
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Bande-Annonce
EL MOVIMIENTO – TRAILER from PUCARA cine on Vimeo.
Casting
Pablo Cedrón
Marcelo Pompei
Francisco Lumerman
Céline Latil
Alberto Suarez
Agustin Rittano
Détails
Date de sortie en Suisse: Inconnue
Réalisateur: Benjamin Naishtat
Pays de production: Argentine / Corée du Sud
Durée du film: 70 minutes
Genre: Drame
(Images droits réservés)