Un premier temps pressenti pour défendre ses chances au dernier Festival de Cannes, Belles familles n’a dont pas été présenté sur la Croisette mais débarque enfin dans les salles romandes.
Jean-Paul Rappeneau aura donc attendu onze ans – son dernier film était Bon Voyage – pour proposer une nouvelle réalisation. Un nouveau film qui mène à Ambray où un conflit familial et local est sur le point de changer radicalement la vie de Jérôme Varenne (Mathieu Amalric) et son emploi du temps de ministre.
Installé à Shanghai, Jérôme est de passage à Paris pour affaire et, surtout, rendre visite à sa mère. Accompagné de sa future fiancée, Jérôme va découvrir que la demeure familiale est au coeur d’un conflit local de grande ampleur. Obstiné et souhaitant faire bouger les choses, Jérôme prend les choses en main et décide de prendre la route pour Ambray, malgré son rendez-vous crucial à Londres. C’est à Ambray que tout se décidera, voire dérapera…
Film au scénario vite prévisible, Belles familles est une comédie dramatique plutôt bien huilée. Avec le retour au source de Jérôme, le récit prend une tournure toute autre quand le chemin de Jérôme croise celui de Louise (Marine Vacth). Cette charmante jeune fille partage la vie de Grégoire Piaggi (Gilles Lellouche), qui n’est autre qu’un ami de longue date de Jérôme mais aussi l’acheteur de cette bâtisse familiale au centre de ces nombreux désagréments. Très vite, sous cette apparence innocente, nous sentons l’importance de Louise, dont les apparitions feront apparaître de bons et de moins bons souvenirs pour Jérôme.
La grande qualité de Belles familles, c’est l’attention toute particulière portée aux portraits de chaque personnage. Dans cette France provinciale, outre Jérôme et Louise, nous découvrons Grégoire Piaggi, un investisseur immobilier véreux, un maire (André Dussolier) très tendu à l’approche de la période électorale, une ex-femme et mère (Nicole Garcia) dépassée par les événements, un fils bourgeois (Guillaume de Tonquédec) qui souhaite protéger et plaire à sa maman tant bien que mal, et une maîtresse – étrangement interprétée par Karin Viard – qui tente de rester à l’écart de tout ce battage… mais ce n’est qu’une question de temps. Tout ce petit monde se côtoie dans une ambiance à priori bon enfant, mais qui va vite devenir électrique.
Dans ce scénario prévisible, les histoires s’entremêlent – la curieuse romance entre Jérôme et Louise prête à confusion – et se démêlent au gré du vent qui balaie Ambray. Belles familles se rapproche d’une vaste pièce de théâtre avec d’innombrables retournements de situation. Le rythme y est, l’émotion un peu moins. Une comédie dramatique loin d’être parfaite, mais grâce à son casting bien fourni et ses thématiques, Belles familles est un intéressant concentré de frictions et secrets familiaux.