Au nom de ma fille

"Je n'ai pas voulu faire justice moi-même."

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Au nom de ma fille - Image droits réservés - © Frenetic Films

Au nom de ma fille est l’histoire vraie d’un homme qui s’est battu sans merci pour faire justice à sa défunte fille. Adapté de Pour que justice te soit rendue, Au nom de ma fille est le récit d’André Bamberski qui, le 10 juillet 1982, apprend une terrible nouvelle : la mort de sa fille Kalinka. Jeune fille de 14 ans qui ne montrait aucun signe inquiétant. C’est alors que les suspicions se tournent vers le nouveau mari de son ex femme : Dieter Krombach. Ce médecin allemand semble être la personne toute indiquée après de nombreuses questions sans réponse. Remonté comme un coucou, Bamberski démarre une lutte acharnée pour rendre justice à sa fille.

30 ans! Il aura fallu 30 ans pour faire la lumière sur une enquête piétinée. Grâce à l’aplomb d’André Bamberski (Daniel Auteuil), nous assistons à un combat qui vire à l’obsession, où beaucoup d’hommes auraient jeté l’éponge des années auparavant. En suivant Bamberski, nous découvrons les errances de la justice, les étonnantes failles du système judiciaire qui ne parvient pas à confondre un homme que tout accable.

Du bonheur à la dérive

Parfaitement campé par Daniel Auteuil, André Bamberski est l’attraction première d’un film très classique mais bien amené. Le classicisme n’est pas aussi facile à appliquer qu’on le croit. Très appliqué, Vincent Garenq détaille avec minutie les événements auquels Bamberski a du s’astreindre ou endurer. Tout comme son précédent film – L’Enquête avec Gilles Lellouche -, Garenq suit à la lettre son plan de marche et met en lumière les dysfonctionnements de la justice française. Ce mode de fonctionnement plonge le film dans une reconstitution toute en retenue un brin ennuyeuse.

Le face-à-face entre Krombach (Koch) et Bamberski (Auteuil) - Image droits réservés - © Frenetic Films
Le face-à-face entre Krombach (Koch) et Bamberski (Auteuil) – Image droits réservés – © Frenetic Films

Au fur et à mesure que l’enquête avance, un autre souci se met en travers du chemin de Bamberski : la cohabitation entre la France et l’Allemagne. Les deux pays ne parviennent jamais à se mettre d’accord, laissant piétiner l’affaire, voire la laisser aux oubliettes. Garenq profite d’émettre un jugement négatif sur le problème d’extradition d’un criminel étranger, dans une moindre mesure. Une non-complicité qui est tout à fait d’actualité de nos jours…

Auteuil impeccable, Koch au second plan

Au nom de ma fille laisse une marge de manoeuvre conséquente à Daniel Auteuil. l’acteur français délivre une performance poignante, celle d’un homme orgueilleux qui devant l’incompétence de la justice utilisera tous les subterfuges possibles et inimaginables. Secondé par Sebastian Koch, dont le personnage « bien sous tout rapport » lui va comme un gant, Auteuil se glisse dans la peau d’un homme rongé par la douleur, qui ne relâche pas l’étreinte autour de Krombach, le supposé meurtrier. À l’écran, Auteuil laisse transparaitre une certain désespoir qui le rend particulièrement attachant au fil des péripéties qui rythment l’histoire.

Hormis Auteuil et Koch, Marie-Josée Croze – aperçue dernièrement dans Every Thing Will Be Fine – soutient la comparaison, voire mieux. Poignante dans sa partition, l’interprète de Dany se trouve ballottée de toute part, elle-même persuadée de l’innocence de son nouvel amant. Dévastée, Dany n’est plus que l’ombre d’elle-même, tout comme son ex mari.

Drame classique sobrement mis en scène, Au nom de ma fille est un film sensible qui suit une trame bien définie. Loin d’être parfait, le traitement est efficace, l’enquête est expliquée consciencieusement, sans en faire des tonnes. En somme, une oeuvre correcte mais sans surprise.

Au nom de ma fille | Bande-annonce

Fiche technique :

Réalisé par : Vincent Garenq
Date de sortie : 16 mars 2016
Durée : 1h27min
Genre : Drame
Pays : France
Scénario : Vincent Garenq, Julien Rappeneau
Photographie : Renaud Chassaing
Musique : Nicolas Errera
Distributeur suisse : Frenetic Films

Casting :

Daniel Auteuil
Sebastian Koch
Marie-Josée Croze
Christelle Cornil