Antigel | Benjamin Clementine

un génie au Lignon

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Antigel / Jonathan Levy / Tous droits réservés

Lorsqu’Antigel nous annonce, dans la journée du vendredi, que le concert de TV on the radio du samedi doit être annulé pour cause de blessure du batteur, on est d’abord déçu (pour nous) et désolé (pour eux), tant on se réjouissait de voir les New-yorkais sur scène. Lorsque quelques heures plus tard, ce même Antigel nous annonce un concert de Benjamin Clementine en lieu et place, on est heureux. Forcément. A dire vrai, l’affiche est presque plus impressionnante, tant le jeune Anglo-ghanéen joui actuellement d’un succès, tant critique que populaire, indéniable.

Une fois de plus, en route pour le Lignon, pour aller voir ce phénomène qui excite autant les Inrocks, article dithyrambique, que la Blogothèque, vidéo sublime dans la Bibliothèque Sainte Geneviève. La foule est mixte, de ceux qui prévoyaient originellement de venir voir du rock et qui sont venus malgré tout, mi- curieux, mi- perdus, à ceux qui se sont probablement rués sur les billets dans la journée de samedi, attirés par la star en devenir.

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Le concert commence, se met en place, sensible et précis. Un piano, un chanteur (un peu malade ce soir-là), un violoncelle, une violoncelliste, basta. C’est bien normal en fin de compte, on n’est pas à Muse ou à David Guetta, tout se jouera donc dans la voix, le piano, c’est bien comme ça. Le problème, pour moi, c’est qu’à priori, je m’ennuie vite à regarder un mec seul au piano, surtout quand je suis debout et avec la moitié de la salle qui fait chut à l’autre moitié. On s’ennuie donc parfois, un peu en tous cas, mais ça fait partie de l’histoire. Car même si, finalement, on pourrait abandonner, sortir, on ne le fait jamais. Parce que ce petit rythme est celui d’un génie qui vous emmène avec lui, tranquillement, dans son monde. C’est donc avec des sentiments mitigés, mais évidemment touchés, que l’on ressort de l’expérience. Un moment suspendu, qui tient au seul personnage de Clementine et à son immense talent.

Après on peut discuter de l’hystérie qui est en train de se mettre en place autour du chanteur dans le monde de la musique francophone, à l’image d’autres avant lui (Christine and the Queens, ≠ Fauve, Stromae, etc.) qui l’amènera immanquablement sur les grandes scènes des grands festivals de l’été, y compris à celui des bords de l’autoroute Lausanne – Genève à la tartine mondialement reconnue. Chacun viendra là s’extasier devant cette découverte, mais, évidemment, entre les saucisses et les churros, la magie du génie parisiano-londonien, au piano, dans la pénombre, un peu malade,  un soir de février, aura disparue.