Festival Filmar: une rencontre avec le Jury des Jeunes

Des collégiens genevois décerneront un prix spécial au festival "Filmar en América latina" qui se déroule en Suisse romande jusqu'au 1er décembre. Rencontre.

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Festival Filmar
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« Faire sortir l’espagnol des salles de classe », « voyager sans voyager », « faire vivre la langue à travers des films »… Tels sont les mots qui décrivent l’expérience vécue par les 15 élèves de cours d’espagnol participant au Jury des Jeunes du festival Filmar. Issus de trois collèges genevois, ces critiques de cinéma atypiques auront à juger huit films sélectionnés pour la catégorie Opera Prima. Il s’agit des premières œuvres de jeunes cinéastes latino-américains. A l’issue du visionnage, il incombera aux apprentis jurés la lourde tâche d’attribuer un prix au long-métrage qui les aura le plus marqué. Le réalisateur gagnant se verra récompensé d’un prix de 4’000 francs financé par trois ONG actives dans la défense des droits humains : la Centrale Sanitaire Suisse Romande, Eirene et Terre des hommes.

Des jeunes sur les traces de leurs origines

Comment se transforme-t-on en juré d’un jour lorsqu’on a à peine 18 ans ? Motivés par leurs professeures respectives d’espagnol, les collégiens participent à des cours et rencontres tout au long du festival. Le but ? Les faire dialoguer avec des réalisateurs et professionnels du cinéma afin d’échanger sur leurs productions, l’Amérique latine et le cinéma en général. En español, por favor. Il est aussi question d’acquérir un vocabulaire de base car ce sont eux qui prononceront le discours lors de la remise des prix. Mais pas question de leur apprendre à examiner un film à la façon d’un critique de cinéma expert : le jury débutant détermine lui-même les critères selon lesquels les films seront évalués. Yandira, collégienne de troisième année, explique : « on s’est mis d’accord sur plusieurs critères. Le message véhiculé compte beaucoup, et la façon dont il est transmis aussi. Et puis il y a le jeux des acteurs ». María, autre collégienne de 18 ans, ajoute : « mais le ressenti est aussi très important ».

Qu’est-ce qui pousse ces jeunes à s’engager dans ce projet au pic du semestre scolaire ? Creusons un peu… Colombie, Equateur, Bolivie, République Dominicaine, Espagne… Les collégiens sont presque tous originaires du continent sud-américain ou d’un pays hispanophone. Ils sont animés d’une volonté de maintenir un lien avec leur terre d’origine ou à la (re)découvrir. Pour María, née en Colombie, vivre l’expérience du festival lui donne la possibilité de découvrir un continent où elle n’est pas retournée depuis ses premières années. Yandira, originaire de Bolivie et née en Suisse, ne veut pas « oublier [sa] culture ». Pour un jeune colombien « à moitié gringo » (ndlr : surnom donné aux américains en Amérique du Sud) qui a beaucoup voyagé en Amérique latine, être membre du jury signifie la possibilité « de s’identifier aux personnages ».

Un festival engagé

La notion d’engagement est prégnante dans ce projet. Les films présentés, fictions ou documentaires, traitent pour la plupart de thématiques sociales complexes: un hommage à une femme bercée d’illusions de la révolution cubaine (Siembra) ; le récit de trois femmes habitant le même pays mais vivant des réalités opposées (Climas) ; un enfant de huit ans à l’intelligence surdéveloppée en quête de lui-même (El Jeremías), etc… Les films sont réalisés par des jeunes talents provenant du Pérou, du Mexique, de Colombie, d’Argentine, du Paraguay, du Chili et de Cuba, ils constituent « des gifles, des bouffées de légèreté, des récits incisifs » (filmar).

Outre le côté artistique, les sponsors du prix (la CSSR, Eirene et Terre des hommes) sont des ONG engagés dans la défense des droits humains. La CSSR, fondée en 1937, finance des ONG locales en Amérique du Sud et en Palestine portant en elles une dimension militante. Au Nicaragua, par exemple, la Centrale développe un projet de formation d’infirmières. Pour Gaspard Nordmann, coordinateur de l’association, « pour faire changer les choses, il faut apprendre, il faut connaitre », et quoi de mieux que la culture comme l’un des moteurs de l’action. L’association Eirene, quant à elle, envoie des volontaires dans les pays du Sud, notamment en Amérique centrale. Elle a développé au Salvador un projet pour l’intégration et la protection des jeunes handicapés. Terre des hommes, association bien connue pour la défense des droits des enfants, développe notamment au Pérou des projets de santé et nutrition.

Pour assister à la cérémonie orchestrée par le Jury des Jeunes, rendez-vous ce dimanche 29 novembre, à la remise des prix du Jury des Jeunes de Filmar (18h45, Fondation Arditi), suivie de la projection du film Las insoladas, (Argentine, 2015), de Gustavo Taretto.

Et d’ici là, à ne pas manquer dans la catégorie Prima Opera :

  • El silencio del río/Le silence du fleuve, Carlos Tribiño, Colombie, Uruguay, France, 2015, fiction, 79’, vo st fr 26.11, 18h45, Cinémas du Grütli (Salle Simon)

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=_17ZZVoP7Ug&w=560&h=315]

  • Guaraní, Luis Zorraquín, Paraguay, Argentine, 2015, fiction, 85’, vo guaraní/esp st angl/f, 25.11, Cinémas du Grütli (Salle Simon), 20h45

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=x2dbQnDLMFY&w=560&h=315]

  • Siembra, Angela Osorio, Santiago Lozano Álvarez, Colombie, Allemagne, 2015, fiction, 83’, vo st angl, 27.11, Cinémas du Grütli (Salle Simon), 19h15

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=QP-V1xodtJQ&w=560&h=315]