Panthers, une création originale signée Canal+

Nous sommes ravis de partager nos premières impressions de « Panthers », la nouvelle minisérie signée Jack Thorne et Jérôme Pierrat.

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Panthers, une création originale de Canal+
Image droits réservés

J’ai personnellement toujours eu une affection particulière pour Canal+.

La chaîne m’a gratifié de quelques uns de mes plus précieux souvenirs télévisuels francophones, que ce soit durant mon enfance avec Nulle Part Ailleurs ou les Guignols de l’Info (qui m’ont fait découvrir la politique et qui font cruellement aujourd’hui défaut à la programmation quotidienne de la chaîne), ou récemment avec ses pièces d’investigation dans les mondes cachés tels que l’espionnage et encore de grands moments sportifs (même si la NBA me manque alors que la F1 est devenu un gouffre soporifique à spectateurs).

Institution incontournable du cinéma depuis des années, récemment c’est dans le monde des séries télévisées que la chaîne cryptée pose son empreinte. Premièrement par la diffusion de nombreuses séries de qualité (Game of Thrones, Dexter, House of Cards, et j’en passe tellement), mais surtout par ses créations originales, qui remportent un succès mérité tant en France qu’à l’étranger.

Mafiosa, Kaboul Kitchen (un plaisir), ou encore Le Bureau des Légendes, de nombreuses productions viennent témoigner du talent réuni par Canal+. Il reste maintenant à voir si Panthers sera davantage Braquo, série récompensée d’un Emmy en 2012, que Platane, série qui ne fut pas récompensée d’un Emmy. Premiers épisodes le lundi 26 octobre!

Dans la série donc, les panthères sont en fait les « Pink Panthers », ce groupe de criminels qui doivent leur renommée (ainsi que leur nom) aux nombreux braquages spectaculaires, ingénieux et méticuleux orchestrés dès le début des années 2000. Ciblant particulièrement des bijouteries, le gang est composé majoritairement de personnes originaires d’ex-Yougoslavie, plus spécifiquement de Serbie. Leur fondateur, anonyme, a d’ailleurs accordé une interview à Jérôme Pierrat, le criminologue reconnu à l’origine de cette série, qui a sorti un livre le 4 octobre 2015 sur l’histoire des Panthers. Co-rédigé avec Svetlana Dramlic, l’œuvre est intitulée L’attaquant – L’histoire vraie des Pink Panthers, aux éditions La manufacture de Livres.

Assez de réalité, place à la fiction.

Car, en effet, Panthers est une fiction inspirée de ce gang légendaire. La première scène entre dans le vif du sujet, avec le braquage d’une bijouterie à Marseille orchestrée par trois individus. La traditionnelle course-poursuite post-effraction donne pourtant lieu à un très grand élément perturbateur; le décès d’une fille, fauchée par une balle perdue.

Je vous présente mes excuses pour ce « spoil » si évident, mais c’est bien là l’élément qui compliquera la vie de toutes les personnes impliquées par cet événement. Que ce soit pour « l’animal » serbe Milan (Goran Bogdan), un des auteurs du casse, pour Khalil (Tahar Rahim), le policier marseillais issu de la banlieue qui est en charge de l’enquête, ou encore Naomi (Samatha Norton), l’experte anglaise en sinistres envoyée par l’assurance chargée des diamants.

Trois personnes ayant trois histoires racontées dans trois langues différentes. Panthers met les moyens d’une production cinématographique pour la réalisation du projet. Canal+ a recruté des acteurs au calibre international, avec les trois cités ci-dessus et surtout John Hurt venant compléter la distribution, mais ce sont les hommes invisibles dont le CV impressionne le plus, avec Johan Renck (Breaking Bad, The Walking Dead, Bloodline) qui réalisa tous les épisodes de Panthers avec Jack Thorne donc au scénario.

Au rythme de trois semaines de tournage par épisode et utilisant uniquement les décors naturels des villes de Marseille, Belgrade, Londres ou les paysages dépeuplés d’Europe Centrale, Panthers réussit pleinement à transmettre le ressenti de douleur humaine qui m’a fait penser au premier des Die Hard (Piège de cristal) par son authenticité et sa capacité à tenir en haleine. Finalement, c’est un générique splendide digne des James Bond et dont la musique est signée David Bowie (pour sa première contribution à une série ces vingt dernières années) qui plantent le décor.

Sauf que voilà, après avoir découvert que la saison de Panthers fait six épisodes au total, je me suis retrouvé sur ma faim en pensant à tout ce qui (ne) s’est (pas) passé durant les deux premiers segments, à savoir le tiers de la saison.

Très rapidement, l’histoire du cow-boy des banlieues marseillaises, colérique et protecteur de sa famille, devient complètement inintéressante et presque obsolète au déroulement de la série. Tentant à peine debout en suivant une vague logique de trafic d’armes des Balkans qui servira à remonter jusqu’à l’identité de Milan, la narration va dans tous les sens et nous rappelle, lorsqu’elle vient s’intercaler après une scène anglaise et une serbe, que Tahar Rahim existe par moments dans ce récit. Son histoire se résume à défier l’autorité de son supérieur et d’exploiter le réseau de son enfance difficile.

Du côté de l’Anglaise Naomi, c’est un autre monde. Un monde quasi détaché, celui des Lords dans leur tour d’ivoire, méthodiques, qui arrive à des résultats très rapidement grâce à des moyens bien plus conséquents que la police. Le personnage joué par Samantha Morton semble passif, réactif au monde qui l’entoure tant à Marseille qu’à Belgrade. C’est le seul personnage qui entrera en contact avec les trois autres. Ancienne casque bleue de l’ONU déployée en Bosnie, elle garde visiblement des séquelles ouvertes de ce conflit en tentant de retrouver les diamants par tous les moyens possibles.

Indéniablement, la panthère se nomme Milan Celik (petit clin d’œil, « celik » en serbe veut dire acier). Ancien combattant des guerres yougoslaves, comme de nombreux Pink Panthers, et associé du despote paramilitaire serbe Arkan, Milan est une histoire complexe en soi. Brièvement montrées par quelques flashbacks, ses motivations et ses origines sont bien différentes de tous les autres personnages, et laissent planer de nombreuses hypothèses quant à son parcours et surtout le sort qui l’attend. De loin le plus intéressant à l’écran, on découvre la vie que Milan a laissé et celle qu’il retrouve après plusieurs années.

Tiraillés entre ces deux histoires intéressantes et celle des policiers marseillais, les diamants deviennent quasiment des accessoires à la progression. Certes, ils sont toujours là, mais on n’entend pas vraiment parler d’eux autant qu’on pouvait s’y attendre, en tout cas jusqu’à une scène ridicule (et contraire à tout bon sens) durant le second épisode, où ils sont utilisés en échange d’un autre service. Les Panthers que l’on voit à l’écran sont pour la majorité montrés comme des Robins des Bois ou des Pablo Escobar de la Serbie contemporaine: s’enrichissant et donnant beaucoup en retour à la communauté.

Je comprends aussi qu’il est impossible de dissocier l’origine des Pink Panthers du conflit yougoslave, mais trop rapidement la série se repose sur cette thématique pour établir une connexion entre certains personnages. Alors que des nouvelles astuces sont montrées à l’écran et que la série parle de la modernisation du crime organisé, illustrant le cas de la Serbie avec corruption et pression autour de projets de construction, je me dis qu’il est dommage de constamment revenir à la même thématique de cette guerre, au lieu d’explorer de nouvelles voies pour raconter une rencontre. L’autre point négatif d’une telle approche est qu’une certaine connaissance du spectateur de l’histoire serbe est requise pour déceler les subtilités et les liens inférés par les personnages.

Exhibant une finition soignée malgré ces certains éléments franchement risibles, comme par exemple le prisonnier serbe qui balance ses associés après une faible intimidation, ou la razzia du GIPN en toute discrétion dans les HLM, Panthers se doit d’hausser le tempo très rapidement. Car pour ses multiples qualités telles que le jeu de ses acteurs, l’atmosphère sombre de suspense envoûtante et en jeu d’acteur, de nombreux éléments méritent d’être éclaircis durant le restant des épisodes.

Sa plus grande réussite est que la curiosité du spectateur est très nettement attisée par ce qui est montré. Que l’on apprécie ou non la série est une question de préférence, mais il est indéniable que Panthers mérite chaque seconde d’attention qu’on lui porte.

Plus d’infos sur le site officiel : http://panthers.canalplus.fr/

Bande-Annonce (VF uniquement)


PANTHERS- Bande-annonce version longue [HD] par CANALPLUS

Casting

Tahar Rahim
Samantha Morton
Goran Bogdan
John Hurt
Igor Bencina
Bojan Zirovic
Kamel Labroudi
Marko Janketic
David Denik
Camélia Jordana
Kobna Holdbrook-Smith

Détails

Date de sortie en Suisse: 26.10.2015 sur Canal+
Réalisateur: Johan Renck
Pays de production: France
Durée: 6 x 48 minutes
Genre: Thriller

(Images droits réservés)