Venise 2015 – The Danish Girl

3
2598
Image © Universal Pictures, droits réservés

Pour un film dont les origines furent développées en même temps que le sublime A King’s Speech, bien des années supplémentaires furent nécessaires pour assurer le financement, la production et les acteurs pour ce projet ambitieux. De même, le monde et une grande partie de la société semblent plus ouverts au thème du film ces dernières années.

Copenhague en 1926. Einar Wegener (Eddie Redmayne) est un peintre renommé pour ses paysages, ainsi que l’époux de Gerda Wegener (Alicia Vikander). Gerda est aussi peintre, de renommée moindre, mais connue pour ses portraits. S’aimant profondément et vivant une vie paisible, Gerda demande à Einar de l’aider à terminer une peinture en prenant la pose et les habits d’une femme. Einar le vit en tant qu’expérience transformative qui réveille un sentiment longtemps refoulé, et leur couple en sera à jamais changé.

Comme décrit par le réalisateur Tom Hooper, The Danish Girl ne se veut pas un biopic. Il devrait être considéré davantage en tant qu’une adaptation cinématographique d’un roman (écrit en 2000 par David Eberstoff) qui lui-même est déjà une version fictionnalisée de l’histoire de Einar et Gerda Wegener.

Cela ne veut pas pour autant dire que la vie de cette femme, Lili Elbe, née dans un corps d’homme, n’est pas un symbole des personnes transgenres. Au contraire, son importance et sa notoriété ne font que de croître au fil du temps. Et je ne vois pas actuellement quel autre acteur qu’Eddie Redmayne, tant par le talent que son apparence physique, aurait mieux incarné ce rôle empli de dualité.

Dans The Danish Girl, Eddie Redmayne est beau, vulnérable et fascinant. Il arrive grâce à ses gestes, ses regards et son comportement à nous transmettre cette transformation d’Einar en Lili, une transformation qui au final est plus éclosion qu’autre chose. Apeuré souvent par la personne qu’il devient davantage de jour en jour, le sentiment n’en est que renforcé grâce au cadrage de maître de Tom Hooper et son utilisation habile de la caméra. Les scènes, surtout celles au Danemark, donnent l’impression de voir des personnages dans une peinture, dans un tableau ou un portrait.

The Danish Girl est un ballet. Un puissant, majestueux et triste ballet auquel la talentueuse Alicia Vikander joue sa partenaire. Mêlant honte, peur et émotion dans cette quête ultime de soi et de la création de l’identité, le personnage de Gerda reste le plus grand amour tant de Einar que de Lili, mais dans différentes fonctions. Et c’est cette confusion, ce doute qui rend sa prestation immense. Les deux acteurs sont de sérieux candidats pour les Coupes Volpi de la meilleure interprétation.

Pour en conclure avec le film, ce dernier perd drastiquement en intensité vers la fin. La chirurgie des trente dernières minutes a absolument tué le rythme, et Tom Hooper avait raison d’utiliser sa licence poétique pour déjà réduire des cinq opérations que Lili avait subies en réalité. Le montage est aussi parfois hasardeux, ce qui a le don de subitement nous faire sortir du film, et quelques scènes abusent de l’effet dramatique forcé, ce qui use inutilement le quota émotionnel du spectateur. Dommage, car le matériel a disposition en de façon inhérente brutal et touchant.

Parmi les thèmes de l’amour, de l’acceptation et de l’intégration, le voyage d’Einar en Lili dans sa quête du bonheur donne des frissons et brise des cœurs, mais reste le témoin de l’héroïsme de cette personne pionnière.

Noté : 4 / 5

Bande-Annonce

Casting

Eddie Redmayne
Alicia Vikander
Amber Heard
Matthias Schoenaerts
Ben Whishaw
Emerald Fennell
Sebastian Koch

Détails

Date de sortie en Suisse: 20.01.2016
Réalisateur: Tom Hooper
Pays de production: Etats-Unis
Durée du film: 120 minutes
Genre: Drame

(Images droits réservés)

SHARE
Previous articleVenise 2015 – L’Attesa
Next articleInterview | Radha Mitchell et Odessa Young
J’ai obtenu en septembre 2013 mon Master de HEC Lausanne et je m'occupe ainsi de la majorité de l'aspect commercial et partenariats du webzine. C’est avec enthousiasme que j’ai rejoint David, Hervé et Sven en mai 2014 pour créer Le Billet, et je me réjouis d'y contribuer dans la durée!