Winter on Fire est une idée moins crue, plus soignée et au final moins instructive d’un film projeté plus tôt dans l’année aux Visions du Réel, à savoir All Things Ablaze.
Détaillant les évènements qui ont duré plus de trois mois en 2013 et 2014, Winter on Fire est le témoin du côté des révolutionnaires de la formation d’un nouveau mouvement en Ukraine. Alors que le mouvement débuta justement en tant que démonstration pacifique soutenant le rapprochement avec l’Union Européenne du pays, il se transforma 93 jours plus tard en révolution sanglante aux portes du pouvoir à Kiev, demandant la destitution du président pro-russe Viktor Yanukovych. La répression violente de ces manifestations par les forces de l’ordre a poussé plus d’un million de citoyens à prendre d’assaut les rues de la capitale.
Evgeny Afineevsky, réalisateur ukrainien né en Russie, donne un traitement quasi-hollywoodien à son travail. Interviews, quelques narrations initiales et animations ainsi que des images d’archives donnent le ton, tandis qu’une musique de fond omniprésente accentue encore davantage le drame visualisé.
Héritière d’une histoire particulièrement tourmentée avec son voisin russe, l’Ukraine, particulièrement depuis le nouveau millénaire, a cherché à tisser des liens plus étroits avec l’Union Européenne. Malheureusement, des intérêts politiques, financiers et militaires rendent une authentique séparation avec la Russie quasi-impossible, ces derniers ne souhaitent pas laisser ce territoire s’éloigner si facilement.
Auteur d’une véritable hagiographie des citoyens ukrainiens, venus de tous les coins du pays soutenir les protestataires à Kiev, Evgeny Afineevsky réussit avec Winter on Fire à montrer de façon poignante et mesurée que les gouvernements doivent effectivement avoir peur du peuple. À travers des réseaux sociaux, d’internet ou encore de moyens de communication plus rustiques, une poignée de personnes (ils étaient environ 500 le premier soir à la place Maidan) réussit à former un mouvement autodirigé, capable de changer le destin d’un pays. L’avenir appartient toujours à la prochaine génération, celle qui croît non seulement en son pays, mais aussi en un idéal tel qu’il devrait être et surtout qui n’a peur de rien pour l’atteindre.
Certes, mais en montrant la brutalité de la répression et la peur de ces gens, en couplant les témoignages avec des images sublimes filmées dans les rues par les manifestants, en vantant sans cesse l’héroïsme du citoyen lambda, Winter of Fire ne tisse pas de lien avec un public non-averti. En effet, pour une personne ne connaissant rien du conflit actuel, ce film peut paraître comme un vulgaire morceau de propagande contre l’autorité légalement élue dans le pays, ou un excès de zèle pour rigidement classer le bien contre le mal. Evidemment, l’histoire est tellement plus compliquée que ça, mais il y a bien davantage à ce conflit que Maidan. Pourtant, seule la douleur dans les tranchées est montrée, et l’on sait déjà qu’il n’y a rien de civil dans une guerre.
Et depuis ces évènements, malgré la démission du président (accueilli en Russie par Vladimir Poutine) et de nouvelles élections, l’Ukraine se retrouve sans une partie de son territoire (la Crimée, de facto annexée par la Russie) et coincée dans une guerre à l’issue toujours incertaine.
Evgeny Afineevsky passe un jugement, ce qu’un documentaire ne devrait pas faire. Hormis cela, Winter on Fire fait passer le message que la liberté a un prix très élevé, souvent payé en quantités de sang par des héros les plus improbables.
Noté : 3.5 / 5
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Bande-Annonce
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Détails
Date de sortie en Suisse: Inconnue
Réalisateur: Evgeny Afineevsky
Pays de production: Etats-Unis
Durée du film: 104 minutes
Genre: Documentaire
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