Ecrit en 2011 par le romancier Ernest Cline, (Ready) Player One est une dystopie se déroulant dans un futur pas si lointain: en 2045, l’OASIS, un jeu de rôle massivement multijoueur, permet à l’humanité toute entière de fuir les tracas du quotidien (crise économique, pollution, famine, maladie et tutti quanti) pour un univers virtuel hautement immersif où les rêves les plus fous se matérialisent (à condition d’avoir la fibre et un compte en banque bien rempli). Peu après sa mort, James Haliday, le brillantissime concepteur de l’OASIS annoncera y avoir dissimulé un oeuf de Pâques par lequel il lèguera les clés du système et la coquette somme de cinq-cent milliard de dollars. Parzival, Wade Watts, pour les intimes, comme des millions d’autres joueurs dont la tristement célèbre multinationale IOI (Innovative Online Industries) se lancera à corps perdu dans une course pour le contrôle du monde.
Alors Faut-il avoir lu le livre eponyme pour y comprendre quoi que ce soit? non, la version cine emprunte d’autres references, plus au gout du jour. toutefois, le film considere que le spectateur lambda dispose d’une culture pop a faire palir d’envie un champion de trivial pursuit.
Ready Player One est à peu de choses près la somme de tous ses easter eggs, sur lequel les scénaristes ont claqué une histoire parce qu’il le faut bien. Là où le bât blesse, c’est que madame, monsieur tout le monde ne sait pas forcément qui est Gundam, le géant de fer, ce qu’est une console Atari etc. Le film semble avoir en ligne de mire une minorité de plus en plus visible de fans de pop culture, jadis appelés affectueusement ou pas des geeks, à laquelle s’adresse tous les clins d’oeil pas si discrets que ça. Bien heureux donc, les privilégiés qui sauront les reconnaître. Et ma fois, tant pis pour les autres.
Schizophrène, Ready Player One se veut un divertissement fun et décomplexé avec un schéma de narration assez simple (chasse aux oeufs) pour éviter de rebuter les spectateurs allergiques à la science-fiction. D’un autre côté, le récit s’attarde longuement sur l’actualité américaine plus ou moins récente qu’il traite par analogie, notamment la disparition de la neutralité du net, profitant aux sinistres intérêts des compagnies de télécom’. A des années lumières d’un Matrix, et d’un questionnement philosophique ou éthique moralisateur et prétentieux sur la réalité virtuelle et ses conséquences. Le film est également dans l’air du temps de part la diversité des rôles principaux: les femmes et les minorités ethniques sont mises en avant, campant des personnages au moins aussi compétents (si ce n’est plus) que celui du protagoniste principal, évitant les clichés du genre demoiselle en détresse (merci infiniment). On évitera tout cynisme qui expliquerait la diversité du casting dans l’optique de séduire un marché asiatique assez juteux (coucou Pacific Rim: Uprising).
Enfin, on concède volontiers qu’une fois qu’on l’arrête de se poser trop de questions sur le pourquoi du comment, on se laisse volontiers convaincre par la mise en scène à l’épreuve du temps d’un réalisateur qu’on ne présente plus. Enfin, chapeau bas à T.J. Miller, dont le personnage crève l’écran et vole tout simplement la vedette à tous ses partenaires tant ses répliques sont à se tordre de rire.
Sans etre le retour retentissant a la Science-fiction que beaucoup attendaient, L’adaptation de Spielberg n’etant pas forcement accessible au premier venu, n’en demeure pas moins un blockbuster Efficace et divertissant.
Ready Player One
Réalisé par: Steven Spielberg
Ecrit par: Zak Penn/Ernest Cline
Durée: 140 min
Genre: Action, Science-Fiction, Aventure
Pays: USA
Sortie en salles: 28 mars 2018
Interprétation
Tye Sheridan
Olivia Cooke
Ben Mendelsohn
Len Waithe
T.J. Miller
Simon Pegg
Mary Rylance
Philip Zhao
Win Morisaki
Hannah John-Kamen
Equipe technique
Musique: Alan Silvestri
Photographie: Janusz Kaminski
Montage: Sarah Broshar/Michael Kahn