Abdallah, Yto, Salima, Joe, Hakim et Inès, sont autant d’anonymes que le temps et l’espace séparent, ils partagent toutefois le même destin: celui-d’être des oiseaux en cage dont les rêves et les espoirs sont confinés à ce que le conservatisme religieux ambiant considère comme acceptable.
‘Razzia’ oppose l’individualisme au conformisme totalitaire qui mene inevitablement au soulevement des opprimes qui souffraient jusque la en silence
Le quotidien des protagonistes est une lutte permanente pour leur liberté, la liberté de la langue pour Abdallah qui enseignait encore en langue berbère dans les années huitante, malgré les directives insistantes du gouvernement. La liberté sexuelle pour Hakim, Salima, Inès, dont le père du premier s’efforcera d’ignorer l’existence tant il est rongé par la haine et le dégoût qu’il éprouve pour son fils homosexuel. Salima qui vit sa féminité et sa sexualité de façon libérée fait tantôt face aux regards méprisants ou aguicheurs des passants, avant de retourner dans les bras d’un compagnon abusif et possessif. Inès représente la jeune bourgeoisie marocaine, celle qui roule en voiture de luxe, habite de grands manoirs vides, élevée par les séries américaines et les employées de maison qui procurent tendresse et affection que des parents absents achètent à coup de breloques qui coûtent un bras.
Enfin la liberté de croyance, ou de ne pas croire en ce qui concerne Joseph. Joe pour les intimes et les musulmans, restaurateur ayant repris le business de son père trop vieux et trop malade pour s’en occuper, noie son profond mal-être et sa solitude dans l’alcool et les rencontres qu’il fait sans doute, pour échapper à l’antisémitisme décomplexé qui gangrène Casablanca.
Razzia analyse à la loupe la vie d’une poignée d’individu, leurs désillusions, et leur rêves brisés. Un état de détresse qui conduit certains à se résigner et accepter fatalement leur situation, tandis qu’ailleurs un murmure grandissant se fait entendre: le printemps arabe, le ras le bol d’un peuple qui subit depuis trop longtemps des conditions d’existence misérables. Ainsi se lève un vent nouveau qui attise les flammes de la révolution, renversant l’ordre établit et propageant l’espoir annonciateur de changement.
Assurement romance mais profondement touchant, razzia decortique la condition humaine dans un environment hostile et la reaction qu’a tout un chacun dans l’adversite
Razzia
Réalisé par: Nabil Ayouch
Scénario: Maryam Touzani/Nabil Ayouch
Durée: 120 min
Genre: Drame
Pays: Maroc/France/Belgique
Langue: Arabe/Français
Sortie: 19 mars 2018
Interprétation
Maryam Touzani
Arieh Worthalter
Amine Ennaji
Abdelilah Rachid
Dounia Binebine
Abdellah Didane
Equipe technique
Musique: Caroline Chaspoul/Eduardo Henriquez/Guillaume Poncelet
Photographie: Virginie Surdej
Montage: Sophie Reine/Marie-Hélène Dozo