Portugal. The Man aux Docks | Conte psychédélique

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©Thomas Ebert

Sur le chemin qui mène à la salle de concert, les avis se confrontent. « Ce groupe me fait penser à Electric Guest ». Regard dubitatif de l’interlocuteur, que se montre plus expert : « Je pense plutôt à un mélange entre Broken Bells, Cage the Elephant et Foster The People ». Devant la scène, la conversation se poursuit. Mais soudain, jaillissent les premières notes. « Another Brick In The Wall ». Pink Floyd. On reste coi. C’était mercredi soir dernier aux Docks, au concert de Portugal. The Man, qui vient de sortir Woodstock, son dernier album.

Les membres de Portugal. The Man n’interagissent pas avec le public. Pas même un petit « hello » soufflé dans le micro, de la part des musiciens originaires d’Alaska. En même temps, le public s’est déplacé pour un concert et non pas pour du stand-up. C’est d’ailleurs sans piper mot ni faire de ola avec le public (au secours, s’il vous plaît… merci!), que le quatuor, qui excelle dans l’indie-pop-rock, a hypnotisé les spectateurs. Un moment unique, où images et musique suffisent.

Dessin animé

Le ton est donné dès le début : l’écran remplacera la parole. Quelques punchlines par ci par là, mais surtout des images psychédéliques. Bulles dorées, tourbillon turquoise et corps qui s’amoncellent, se disloquent et se transforment de manière gênante. Une impudeur qui contraste avec la discrétion des musiciens : chacun sa place et chacun sa casquette. Timidité ? Sobriété intelligente, plutôt, qui n’interfère pas avec le voyage musical en technicolore et jouissivement millimétré que le groupe a concocté.

©Thomas Ebert

Volutes rythmées

L’étonnement du début passe. Oui parce que le lien entre Pink Floyd et un groupe qui sonne plutôt pop dans son dernier album n’était pas forcément évident. Mais c’est bien là que PTM ravit les passionnés de musique live: sur scène, le quatuor basé à Portland se détache complètement des compositions de ses albums. On laisse alors tomber le jeu des devinettes. On reconnaît bien sûr « Purple Yellow red and Blue » ou encore les tout nouveaux « Feel It Still » et « So Young », mais il est parfois difficile de savoir de quel morceau il s’agit. Ils s’enchaînent, se suivent mais ne se ressemblent pas, s’étirant parfois, transformés en longues sessions instrumentales. Un tapis virtuose et sonore, durant lesquels nos yeux naviguent entre les dessins animés et les silhouettes qui se découpent dans l’arc-en-ciel lumineux qui inonde la scène.

Et soudain, une chute temporelle, dont l’atterrissage se fait dans les années 90. Oasis. « Don’t look back in anger ». Une reprise qui fait écho à la première. De Pink Floyd à Oasis, du rock psyché à la pop en passant par la soul, façonnée par la voix androgyne et acidulée de John Baldwin Gourley, PTM communique en musique.

Sabrina Roh