Mac Demarco – This old dog

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Mac De Marco / Tous droits Réservés

Mac Demarco sortait en début de week-end son cinquième album intitulé This old dog. Son titre correspond parfaitement à l’animalité du personnage. Mac est sans conteste le meilleur ami des hommes et des femmes d’aujourd’hui. Le Canadien à la figure bonhomme et à l’embonpoint bienveillant est l’antidote à l’anémie artistique et émotionnelle qui frappe de plus en plus les charts. A 27 ans (souhaitons lui de ne pas rejoindre le fameux club Hendrix, Cobain, Winehouse, etc…) Mac sème des tranches de sa vie sur les nôtres depuis maintenant plus de 5 ans avec une facilité et une générosité déconcertante. Connu pour ses frasques, son humour potache et ses concerts où tout peut arriver, Mac est avant tout un grand romantique.

Le premier titre My old man, tout acoustique, piano et guitare, dévoile une production étonnante, propre et limpide. A mille lieues des enregistrements lo-fi de Rock n roll night club, son premier effort. Le compositeur, sur le ton de la confession, pose délicatement ses ruminations énigmatiques sur une très belle ballade. This old dog continue dans la même veine avec une voix apaisée planant au-dessus d’une orchestration simple mais harmoniquement très riche. Les arrangements sont superbes et d’une finesse rare. Babe you’re out replace l’auditeur en territoire familier. Rythmique sautillante et partie de basse alambiquée à la Mccartney donnent à ce morceau enlevé tout en roulement de batterie, une ambiance western spaghetti à la Corbucci.

For the first time entame la première des très belles chansons d’amour présentent sur ce cinquième album. Toujours sur un tempo lent mais certain, Mac dessine la solitude dans le sable de LA sur les couplets « She won’t be gone forever » avant de confesser l’effet salvateur de la séparation sur le refrain » « It was like seeing her for the first time again ».

Mac possède ce talent d’exprimer les sentiments humains avec simplicité en ne sombrant jamais dans le misérabilisme d’une situation initiale perdante. Il y a derrière ces dents du bonheur une mélancolie évidente parée de légèreté et d’humour qui réussit toujours à en préserver la blancheur. One another continue avec les petits trauma des sentiments et une jolie formule « you loose a love you gain a friend ». A wolf who wears sheep clothes navigue en plein cœur du rock 70’s west coast. Harmonica, lick de guitare bluesy sur lesquelles on jurerait entendre Robbie Robertson du groupe culte the Band, le tout réapproprié avec grâce par le jeune Canadien. One more love song est la pièce maitresse du disque. Grande sœur de « Chamber of reflection » ou de « A heart like hers », titres phares de ses deux précédents albums, Mac atteint ici une profondeur étonnante. Le barde est loin d’être un bouffon et n’hésite pas à se mettre à nu avec classe. On the level s’inscrit dans la même lignée de titres lents et épiques menés par des lignes de synthé tourbillonnantes. Du pur Mac qui marque une pause avant de repartir sur le final de l’album et son gros morceau Moonlight on the river, presque huit minutes tout en tension entre rêveries poétiques et onirisme macabre : « I’m home, with moonlight on the river, saying my goodbyes I’m home, there’s moonlight on the river, everybody dies ».

L’album se clôt par un titre en piano voix qui voit revenir l’ombre de cet « Old man » qui plane de manière menaçante ici et là sur ce disque. Là ou Mac évoquait son géniteur avec un ton moqueur sur son second album 2, « Daddy’s on the sofa pride of the neighborhood » le ton est tout autre ici sur watching him fade away. « And even though we barely knew each other, it still hurts watching him fade away ». La beauté du disque se révèle à chaque nouvelle écoute. Mac continue sa route et vient encore de réaliser un disque superbe. A la fois léger et profond, loufoque et dramatique, loin de l’indie rock des débuts, This old dog est un grand disque pop.

Audran