Locarno 2016 | Cessez-le-feu

La guerre est un fardeau éternel.

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Cessez-le-feu - Image droits réservés - © Le Pacte

Début des années 1920, Marcel (Grégory Gadebois) est un homme meurtri. La Première Guerre fut âpre. Il vit avec sa mère et ne peut plus s’exprimer comme il le souhaite. Bloqué mentalement, il débute des cours de langage des signes avec Hélène (Céline Sallette) pour pouvoir s’exprimer convenablement. Cette rencontre, c’est le début d’un renouveau pour Marcel.

Loin de la France, On retrouve Georges Laffont (Romain Duris) au fin fond de l’Afrique. Venu chercher la paix dans la brousse, Capitaine Laffont est, tout comme son frère, un homme profondément meurtri par les atrocités de la guerre. Mais après un incident et la perte d’un de ses amis, le soldat décide de rentrer au bercail pour y retrouver sa vie et son frère, Marcel.

L’effroi de la guerre brise des vies. À cette période – ou encore maintenant -, tout semblait se rattacher à ce fléau. Cessez-le-feu le montre avec beaucoup de sensibilité, avec une compassion qui pousse à comprendre les réactions parfois démesurées de ces nombreux soldats qui ont été envoyés au front. Retrouver une vie paisible auprès des siens ou prendre le large loin, très loin. Les alternatives ne sont pas si nombreuses et dans Cessez-le-feu, le parcours de ces deux frères prouvera une chose : la guerre est un fardeau éternel.

« Je vois des ombres se battre dans ton coeur »

Si Marcel développe ce blocage mental, Georges, sous son allure de personnage fier, tente de cacher son mal-être. Ce meneur d’hommes est un être esseulé, bousillé par les tranchées. Lui-même ne veut plus entendre de tirs. Lui-même se refuse à entrer dans la violence. Le moindre acte physique est une torture pour Georges. Il n’est plus que l’ombre de lui-même.

Marcel (Grégory Gadebois) n'est plus que l'ombre de lui-même - Image droits réservés - © Le Pacte
Marcel (Grégory Gadebois) n’est plus que l’ombre de lui-même – Image droits réservés – © Le Pacte

À son retour, il décide de prendre un second départ. C’est alors qu’il ressert les liens avec son frère et…tombe sous le charme d’Hélène. Une romance toute neuve, mais vite rattrapée par une chose : la guerre. La paix intérieure est un long chemin, parfois inatteignable, et ces âmes abîmées se rencontrent et s’entremêlent dans Cessez-le-feu.

Récit élégant et touchant

Si l’immersion dans l’enfer de la Première Guerre est violente, comme le prouve la séquence d’ouverture excellemment orchestrée, la suite traite plus du traumatisme de l’après-guerre. Emmanuel Courcol apporte une touche délicate, qui contraste parfaitement avec le lourd climat qui règne dans le film. Appliqué dans sa mise en scène, Courcol déballe un film dit classique. Rien ne dépasse, les scènes et les dialogues sont travaillés. Mais pour une quelconque prise de risque, on repassera.

Georges (Romain Duris) détruit par le spectre de la guerre - Image droits réservés - © Le Pacte
Georges (Romain Duris) détruit par le spectre de la guerre – Image droits réservés – © Le Pacte

Côté casting, Romain Duris – sans être transcendant – assure une bonne partition. Son alchimie avec Céline Sallette – plus elle enchaîne les films, plus elle se profile comme une excellente actrice – demeure l’un des points d’orgue du métrage. Leur romance intensifie cette réflexion sur le traumatisme qui guette ces soldats. Grâce à cette idylle qui paraissait illusoire au début, Cessez-le-feu grimpe d’un cran.

Sans faire des merveilles, Emmanuel Courcol semble rendre hommage à ces vaillants soldats de la Première Guerre. Explorant sensiblement les frontières du traumatisme d’après-guerre, le réalisateur propose une belle immersion dans la vie de deux frères écorchés vifs.

Fiche technique :

Réalisé par : Emmanuel Courcol
Date de sortie : –
Durée : 1h43min
Genre : Drame
Pays : France, Belgique
Scénario : Emmanuel Courcol
Photographie : Tom Stern
Distributeur suisse : –

Casting :

Romain Duris
Céline Sallette
Julie-Marie Parmentier
Grégory Gadebois
Yvon Martin
Maryvonne Schlitz
Wabinlé Nabié