Maestro, la musique s’il vous plaît.
Avec Wet Woman in the Wind (Kaze ni nureta onna en japonais), nous avons affaire à un morceau de l’histoire cinématographique nipponne. En effet, le genre Roman Porno, abrégé de Romantic Pornography, a eu son âge d’or entre 1971 jusqu’en 1988. Le nom est attribué au genre de films produits par le studio Nikkatsu, à l’origine de Wet Woman in the Wind, et dont la production est aujourd’hui quasiment abandonnée.
Kosuke (Tasuku Nagaoka) est un dramaturge basé à Tokyo qui s’enfuit pour vivre en Hermite dans une forêt en campagne. Passant ses jours en quasi-autarcie, la vie de Kosuke bascule lorsque la jeune Shiori (Yuki Mamiya) se force sur lui tant physiquement qu’émotionnellement et sexuellement. Voyant que Kosuke refuse ses avances, Shiori s’impose dans la vie des personnes de son entourage rapproché pour tenter de le conquérir. Dans cette dynamique hédoniste, Kosuke luttera de pleine force pour garder sa dignité et son intégrité.
Si il y a un critère à remplir pour qu’une œuvre de Nikkatsu soit considérée comme du Roman Porno, c’est qu’il faut avoir un minimum de quatre scènes de sexe ou de nudité par heure. Le quota est allègrement atteint avec Wet Woman in the Wind. En effet, si il y a ici une limite entre l’érotisme et la pornographie à l’écran, nous l’avons franchie bien assez tôt.
Pourtant, en regardant au-delà des corps entrelacés et brûlants de désir, Wet Woman in the Wind se révèle être une fresque fascinante de la dynamique sociale, du pouvoir sexuel et des impulsions humaines. La morale de l’histoire, si on devait en tirer une, est, si il faut le rappeler, que les femmes détiennent le pouvoir et que ce pouvoir peut en l’occurrence ruiner une vie. Du point de vue du spectateur masculin, ce film illustre de façon éloquente une vérité indéniable; nous sommes le sexe faible.
Potentiellement féministe, Wet Woman in the Wind fait une fois de plus juste en plaçant l’action dans une forêt, à l’écart de la société et du jugement des autres. Dans cet environnement, les individus cèdent plus aisément à leurs envies et le film arrive à progresser très rapidement, et aisément, à travers ses divers chapitres.
Parmi les scènes hilarantes à l’humour bien adulte, Wet Woman in the Wind est un ouragan de rires et de situations imprévisibles causées par le dynamisme électrifiant de nos deux protagonistes. Entre Shiori qui est s’adonne à ses impulsions, une sorte de nymphomane locale, et Kosuke qui a fait un quasi-vœu de chasteté, il n’y a guère de doute quant à l’issue de cette aventure. Le dicton classique fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis est au centre de l’intrigue, et si Shiori débarque un peu de nulle part (et si Kosuke ne fait pas vraiment grand chose pour l’expulser), elle est une incarnation parfaite de la liberté sexuelle sans inhibition.
Le réalisateur est quant à lui un novice du genre. Entraîné à l’université de Rikkyo, Akihiko Shiota suit le style du 8mm d’un certain Kiyoshi Kurosawa avant de s’initier à l’art du scénario auprès de Atsushi Yamatoya, scénariste réputé de plusieurs films Roman Porno. Wet Woman in the Wind, de ce que j’ai pu lire, fait honneur à la tradition en étant bien davantage qu’un « vulgaire porno soft », avec une histoire bien développée mêlant humour, intrigue et pulsions humaines. Pour un public averti, bien entendu.
Noté : 4 / 5
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Bande-Annonce
Indisponible
Casting
Yuki Mamiya
Tasuku Nagaoka
Ryushin Tei
Michiko Suzuki
Hitomi Nakatani
Takahiro Kato
Détails
Date de sortie en Suisse: Inconnue
Réalisateur: Akihiko Shiota
Pays de production: Japon
Durée du film: 77 minutes
Genre: Comédie / Erotique
(Images droits réservés)