L’Outsider

"Il n'était pas équilibré, il ne pensait qu'à son travail."

0
2772
L'outsider - Image droits réservés - © Jean-Marie Leroy - Galatée Films

Le nom de Jérôme Kerviel est devenu si connu que ce patronyme fut le plus consulté du net en 2008. Derrière ce nom se cache un homme à l’ambition débordante, considéré comme une « cash machine » par ses collègues. Intraitable derrière son ordinateur, Kerviel est un trader qui « pèse » sur le plateau où travaille ces forçats de la finance. Un homme que quiconque ne promettait à une telle réputation, son chemin de vie est des plus banals. Très discret, personne ne connait bien Jérôme Kerviel, personne!

Il commence au « middle office », là où il est traité comme un larbin par ses futurs collègues traders. le Breton – campé par Arthur Dupont – grimpe vite les échelons et atteint un statut privilégié dans la mythique salle des marchés de la Société Générale. L’apprentissage est furieux mais Kerviel tient bon. Au contact de Keller (François-Xavier Demaison), il apprend très vite les ficelles du monde survolté de la finance et du trading. Entre le « Carpet » et le « Spiel », les petites astuces de Keller – le mentor de Kerviel – vont créer un déclic chez l’opérateur des marchés.

Le « Carpet », une combine lourde de conséquences

Usant de ces stratagèmes, Kerviel n’était même pas attirer par la fortune. Non, c’était un joueur, un homme qui cherchait à repousser les limites de la finance. Avec son petit manège, le trader a failli faire basculer une société d’une incroyable puissance, voire le marché financier mondial. Audacieux ou la folie des grandeurs, Jérôme Kerviel perdait la notion des réalités plus les jours passaient. Les yeux cernés, fêtes avec ses collègues, le trader brûle la vie par les deux bouts.

Kerviel n’a plus de limites, il fait gagner près de 55 millions à la Société Générale, mais lui en veut encore plus. Employant l’astuce du « Carpet » – ce terme signifie de sauver de l’argent et de ne pas le déclarer à son employeur pour s’assurer un coussin de sécurité pour une prochaine opération risquée -, Jérôme Kerviel réussit un pari comme jamais vu dans le monde du trading. Alors qu’il se plait à tabler sur les catastrophes mondiales pour calculer le fonctionnement du système financier, le Breton réussira une manoeuvre qui lui permettra de « cacher sous le Carpet » plus d’un milliard et demi. Tout simplement unique dans cette branche.

Kerviel (Dupont) et Keller (Demaison) sont inséparables - Image droits réservés - © Jean-Marie Leroy - Galatée Films
Kerviel (Dupont) et Keller (Demaison) sont inséparables – Image droits réservés – © Jean-Marie Leroy – Galatée Films

Surplombant le quartier de la Défense, cet homme que personne ne prédisait à une telle réussite est tout simplement devenu une légende. En magouillant cette somme astronomique, il la dissimule grâce à l’aide d’un associé peu clair. Le visage livide, le regard vide, Jérôme Kerviel n’est plus que l’ombre de lui-même. Devenu peu fréquentable, il se montre agressif envers ses amis et surtout sa petite-amie, Sofia (Sabrina Ouazani). Maestro derrière son écran. le trader perd de sa maestria dans sa vie privée.

Des anges aux ténèbres

Après cette réussite, Kerviel perd les pédales, il tente des actions extrêmement risquées, qui n’aboutissent à rien. Il perd de l’argent, de plus en plus, et voit son matelas confortable s’amenuiser. Débute une descente aux enfers, là où le mythe Kerviel deviendra mondial. Usant de tout son charisme, de ses stratégies pour faire durer sa petite mascarade, rien ne pourra empêcher la sortie de route inévitable. Le grand Jérôme Kerviel se met à genoux et laisse une dette exorbitante de 4,9 milliards d’euros derrière lui.

Avec L’Outsider, Christophe Barratier réussit à nous plonger dans un film à l’image du marché de la finance : endiablé. D’une énergie contagieuse, nous entrons dans un récit qui surprend par un excellent rythme, où l’histoire de Kerviel est parfaitement détaillée. Nous sommes happés dans ce tourbillon infernal qui ne laisse pas une minute de répit. Barratier y va à fond, assurant une efficacité chirurgicale à son film. L’immersion dans la salle des marchés est épique où la simple erreur est synonyme de faute grave. Les actions fluctuent, les sommes qui circulent sont démesurées. Ce monde ne semble pas réel…

Ce thriller financier sous haute-tension permet à Arthur Dupont de nous délivrer une performance aboutie. Son visage symbolise le parcours qu’il effectue. Du jeune homme tiré à quatre épingles au visage cerné et émacié, Dupont campe avec poigne Jérôme Kerviel. Et qui l’eût cru, François-Xavier Demaison se fait l’auteur d’une très bonne prestation en tant que Keller, le gourou de Kerviel. Tout comme le métrage, Demaison est surprenant.

En somme, L’Outsider est un film à voir, si les dessous du scandale Kerviel vous intéresse. Oeuvre efficace qui nous expose le quotidien suhurmain et les stratégies des traders. La puissance Kerviel ou l’inconscience ? Là se trouve la subtilité du film où l’adrénaline atteint des sommets. La triste histoire d’un homme qui a vu trop grand, qui a tout simplement perdu les pédales…

L’Outsider | Bande-annonce

Fiche technique :

Réalisé par : Christophe Barratier
Date de sortie : 22 juin 2015
Genre : Thriller
Durée : 1h57min
Pays : France
Scénario : Christophe Barratier, Laurent Turner, Jérôme Kerviel
Musique : Philippe Rombi
Photographie : Jérôme Alméras
Distributeur suisse : JMH

Casting :

Arthur Dupont
François-Xavier Demaison
Sabrina Ouazani
Mhamed Arezki
Sören Prévost
Ambroise Michel
Benjamin Ramon
Stéphane Bak