Cannes 2016 | I, Daniel Blake

"I, Daniel Blake", le récit bouleversant d'une homme au bord du précipice.

0
2280
I, Daniel Blake - Image droits réservés - © Le Pacte

Après avoir annoncé son « retrait » du monde du cinéma à la suite du décevant Jimmy’s Hall, Ken Loach débarque en Compétition avec une chronique sociale nommée I, Daniel Blake. Ce qu’on peut déjà vous dire, c’est que le réalisateur de 79 ans n’est pas venu pour faire de la figuration.

I, Daniel Blake traite d’un homme de 59 ans, menuisier, contraint de faire appel à l’aide sociale à la suite de problèmes cardiaques. Bien qu’interdit par son médecin d’exercer son métier, il se voit refuser l’obtention de cette aide et se retrouve obligé de chercher du travail sous peine de se faire sanctionner. Au cours de ses rendez-vous réguliers vers sa conseillère, Daniel rencontre Rachel, une mère célibataire de deux enfants contrainte de déménager à 450 km de sa ville natale pour éviter le placement en famille d’accueil. À deux, ils découvriront les largesses administratives de l’Etat britannique. Un long périple attend les deux chômeurs.

À travers Daniel Blake, Ken Loach emploie la manière forte pour démontrer – ou démonter – les aberrations d’une société bien trop focalisée sur de nombreux détails aussi farfelus les uns que les autres – la première séquence du film le prouve – ainsi qu’un sentiment d’injustice. Tout cela, Loach le regroupe dans une chronique sociale poignante et bouleversante.

Daniel avec Katie et ses enfants - Image droits réservés - © Le Pacte
Daniel avec Katie et ses enfants – Image droits réservés – © Le Pacte

Après un début poussif, I, Daniel Blake prend une ampleur certaine au fil que les personnages sombrent dans la précarité. La mise en scène sobre et radicale de Loach nous rappelle aux choses essentielles de la vie, comme se retrouver avec une assiette pleine le soir. Des choses simples que le cinéaste britannique assimile avec humilité.

Dans une certaine mesure, nous pouvons comparer I, Daniel Blake à Chronic de Michel Franco, dans sa conception et son approche radicale. Sans fioritures, le métrage de Loach possède des dimensions sociales et sociétales – semble-t-il le thème récurrent à Cannes – autrement plus fortes que l’oeuvre de Michel Franco. Entre cette réinsertion professionnelle et cet affrontement face à l’Etat, cet assemblage renferme une dramaturgie qui s’intensifiera gentiment avant d’atteindre son apogée sur une scène finale à l’image du film : sobre.

Hormis la patte de Loach qui frise la perfection, comment ne pas citer l’interprète de Daniel Blake, Dave Johns. Au sommet de son art, le comédien nous délivre une extraordinaire performance, tout comme sa comparse Hayley Squires, qui campe Katie Morgan. Des « inconnus » à la hauteur de l’événement.

Avec I, Daniel Blake, Ken Loach se profile comme un candidat sérieux pour rafler la Palme. Très appliqué, le Britannique réalise un film poignant, d’un réalisme éblouissant. Tout simplement une véritable chronique sociale, sans artifice et sans prétention, qui frise l’excellence mais s’y rapproche dangereusement.

Fiche technique :

Réalisé par : Ken Loach
Date de sortie : Prochainement
Durée : 1h40min
Genre : Drame
Pays : Grande-Bretagne, France
Scénario : Paul Laverty
Musique : George Fenton
Photographie : Robbie Ryan

Casting :

Dave Johns
Hayley Squires
Dylan McKiernan
Briana Shann
Micky McGregor
John Summer