« LEMONADE » de Beyoncé

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The Editorss. (2016). "You can taste the dishonesty." [jpg]. Retrieved from http://cos.h-cdn.co/assets/16/16/1600x800/landscape-1461465330-beyonce-lemonade.jpg

L’artiste américaine a sorti son sixième album dans la nuit du 23 avril en même temps qu’un film conceptuel reprenant chacune des chansons, cet événement fut tellement attendu que la plateforme de streaming de HBO a eu beaucoup de peine à satisfaire la demande.

Des sonorités de blues, de Hip-Hop, de slam et le tout dans une belle cinématographie pour raconter le monde intime de Beyoncé, sans oublier des collaborations étonnantes comme celle avec Jack White.

Un album surprise selon certains même si les fans se faisaient teaser depuis quelques semaines en suivant les réseaux sociaux de la chanteuse.

Beaucoup d’articles ont déjà été écrit au sujet de l’album, que ce soit sur les femmes qui apparaissent aux côtés de Beyoncé dont on peut citer les jumelles d’Ibeyi dont des chansons en Yoruba de leur premier album font écho à certaines imageries utilisées dans ce long-métrage ou encore sur les infidélités supposées de Jay-Z.

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Un article de Konbini présentent les jeunes femmes aux côtés de la chanteuse si vous souhaitez en connaître davantage sur cette nouvelle équipe, de quoi certainement donner un coup de pouce à leurs carrières. On peut encore noter les apparitions de Serena Williams ou Zendaya, deux femmes de générations différentes n’ayant pas le même teint de peau (une foncée et une claire) mais toutes deux afro-américaines.

Beyoncé fait également connaître des auteures comme elle avait pu le faire avec Chimamanda N’gozi Adichie, une femme fabuleuse par ailleurs, sur son précédent album. Cette fois c’est au tour de la poétesse somali-britannique Warsan Shire d’être mise en avant, et au vu des nombreuses citations et références, il semble que cet album ne fasse pas que s’écouter ou se voir mais encourage également à la lecture.

Lemonade, et Beyoncé par extension, semble être la nouvelle voix des femmes noires. Certes, le problème n’est pas nouveau et beaucoup de femmes ont déjà parlées avant mais il devient de plus en plus présent depuis quelques années via les violences policières (d’ailleurs les mères de Mike Brown et Trayvon Martin apparaissent dans le film) ou la reconnaissance de mouvements comme Black Live Matter.

Elle ne prend donc pas énormément de risques en se revendiquant comme une femme noire maintenant vu que le terrain est déjà favorable mais le fait qu’une personne avec une telle aura s’affirme autant dans son héritage afro fera certainement du bien à cette communauté encore victime de nombreux préjudices.

Il y a d’ailleurs un très bon article de Mrs Roots qui reprend les points du film, décryptant chacune des parties à la lumière de la culture afro, je ne peux que vous recommander cette lecture.

Ce qui me fait extrêmement plaisir avec cet album c’est la mise en avant de la femme et surtout de la femme noire; pour moi, l’afroféminsime est certainement le nouveau souffle de fraîcheur sur le combat des femmes actuelles.

Depuis quelques années, je vois fleurir sur le net des blogs consacrés à la culture afro, comme par exemple le blog sur la beauté noire de Fatou N’diaye, dont le but est de rendre visible les femmes d’origines africaines si souvent relayées au second plan signifiant de fait même que ces dernières doivent créer leurs propres moyens d’être visible car ce n’est pas le monde actuel qui va les mettre en avant.

En sortant des carcans universitaires ou militants, le message s’adresse enfin à un public plus large, la plupart n’ayant pas forcément l’envie ou l’accès à la formation nécessaire pour comprendre la majorité des livres ou recherches actuelles sur le féminisme.

Ainsi par l’exploration du monde intime de Beyoncé, les multiples problèmes des femmes noires d’aujourd’hui sont mis en avant mais également des solutions.

Les femmes africaines ou les ‘afrodescendantes’ s’imposent et font parler d’elles, vu que le monde ne leur offre pas la place qu’elles méritent, ces dernières vont la créer et Beyoncé leur offre une place centrale dans la culture mainstream.

À noter que l’album est disponible sur Itunes, Tidal n’aura pas tenu les 3 semaines d’exclusivité et de toute manière, je ne me serai jamais inscris sur cette plateforme ô combien même pour Beyoncé. S’il y a une bien une chose qu’elle m’a appris c’est d’être une femme forte.

L’album contient également le film diffusé su HBO sans quoi ce dernier aura fait moins de sens vu que c’est avant tout un projet conceptuel.