Sous la forme de 10 épisodes de 30 minutes, Truth and Power est à la fois un travail journalistique d’enquête approfondi mais aussi un documentaire suivant les vies des personnes ayant fait l’actualité aux Etats-Unis durant l’année passée. Maggie Gyllenhaal donne sa voix pour la narration en voix off, entre les témoignages de différentes parties prenantes qu’elles soient parmi les forces de l’ordre ou des protestataires.
Chaque épisode mettant l’accent sur un thème différent, nous avions vu les deux premiers volets intitulés #BlackLivesMatter et Government-Sponsored Spyware, qui traitent des cas d’afro-américains tués par des policiers et des ingérences gouvernementales dans la vie de citoyens, respectivement.
Outre l’inhérent débat politique, social, culturel et économique qui découle immédiatement de tels sujets, et qui n’a pas sa place sur ce site, Truth and Power tente tant bien que mal de montrer ces évènements d’un point de vue neutre, mais surtout d’un point de vue américain. C’est de là que vient l’intérêt pour un public européen de découvrir cette série, car nous sommes assez habitués à voir un journalisme d’investigation d’une certaine qualité traiter des sujets outre-Atlantique, mais en regardant le travail de M. Knappenberger et son équipe, on remarque qu’une caméra américaine se focalise sur des éléments différents; droits constitutionnels, héritage esclavagiste, ou la fonction présidentielle pour ne citer que ces trois.
La différence est palpable, subtilement ou manifestement, surtout dans la quête de la série à créer une réaction choquante et indignée du spectateur. Que ce soit par les images montrées, souvent récoltées auprès des manifestants, mais surtout par les transitions, les interviews et les musiques dramatiques du fond, Truth and Power peut sembler étonnant pour une personne qui suit régulièrement l’actualité depuis la Suisse. Certains sujets, mis en avant comme radicaux aux Etats-Unis, pourraient même sembler normaux vus d’ici. Un vrai choc des cultures et de méthodologies.
De plus, un grand manquement est évident sur plusieurs thèmes qui ne sont pas montrés. L’exemple le plus criant étant l’argument racial mis en avant par les protagonistes, sans un seul commentaire du fait que le premier président noir des Etats-Unis est en fonction depuis bientôt huit années. Aucun débat n’est lancé durant les épisodes, peut-être par choix, qui se contentent de nous montrer une version des faits, car les 30 minutes passent très rapidement pour creuser le sujet.
La série est à voir si vous êtes curieux, mais il est indéniable que la perspective sur la majorité des éléments est différente aux Etats-Unis par rapport à l’Europe, et certains éléments, qui pour les Américains peuvent être choquants et nouveaux, sont en fait déjà connus et débattus en Europe depuis un certain temps avec plusieurs émissions et séries du genre.
Nous publierons sous peu un entretien réalisé à Berlin avec le créateur de la série, Brian Knappenberger.
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