François Sim s’est fait plaquer par sa femme. Son père ne prend même pas le temps de partager du temps avec. Il n’a plus de job. Bref, François Sim semble mener une existence sans intérêt. C’est alors qu’il reçoit une offre d’emploi plutôt alléchante : parcourir la France pour promouvoir une marque de brosse à dents qui va « révolutionner l’hygiène bucco-dentaire ». Grâce à cette opportunité de sillonner la France, Monsieur Sim profitera de revoir d’anciennes connaissances et ressasser ses anciens souvenirs.
La vie très privée de Monsieur Sim est ce genre de film qui ne paie pas de mine à première vue. Inspiré du roman du même nom de Jonathan Coe, l’oeuvre de Michel Leclerc est un savant mélange d’humour et de mélancolie. À travers le personnage de François Sim (Jean-Pierre Bacri), Leclerc dépeint le portrait d’un homme proche de craquer, mais grâce à une rencontre hasardeuse – celle de Samuel, interprété par Mathieu Amalric -, le malheureux trouvera son salut dans l’aventure dramatique du marin, Donald Crowhurst. La disparition de cet homme d’affaires anglais et passionné de voile, sera une source d’inspiration, voire un point d’ancrage pour François Sim. Le vendeur en brosse à dents voit en ce navigateur, engagé dans une course autour du monde, une histoire semblable à la sienne. Empêtré dans les eaux troubles dans lesquelles vogue Sim, les écrits de Crowhurst seront une échappatoire pour l’homme malheureux et dépressif qu’est François Sim.
Ode à la solitude, La vie très privée de Monsieur Sim dépeint avec légèreté l’existence de son personnage principal. Entre ses dialogues avec son GPS et les retrouvailles qui peuplent son périple pour le Sud de la France, Sim avance sans véritable but, comme le faisait Crowhurst sur son bateau. Illustré avec intelligence, l’histoire prend une nouvelle ampleur quand François prend acte des agissements de son père, Jacques (Christian Bouillette). Un retour dans le temps – parfaitement intégré dans le film – où nous apercevons Jacques à 20 ans – interprété par Vincent Lacoste – qui nous montre que la naissance de François était un accident. Jacques était secrètement amoureux de Francis (Felix Moati). Un nouveau pavé dans la marre qui provoquera un déclic libérateur pour François. Certes, la pilule est difficile à avaler mais Sim, alors qu’il entretient une relation terne avec son père, verra qu’il n’est pas si différent de son géniteur.
Intelligemment écrit et réalisé par Michel Leclerc, le métrage touche par sa sobriété et sa tendresse. En accompagnant Monsieur Sim, esseulé dans sa voiture hybride, nous suivons un homme dépressif mais déterminé à s’en sortir. La performance de Jean-Pierre Bacri n’est pas étrangère au bon déroulement du film. Attachant dans son interprétation, Bacri s’en sort parfaitement avec ce rôle qui s’apparente presque à huis-clos.
Une comédie dramatique rondement menée, dont la crise existentielle est représentée avec finesse sans tomber dans le mélodrame. La justesse du récit propose une oeuvre intelligente et poignante. Pour finir, nous retiendrons l’histoire d’un homme qui se démène pour garder la tête hors de l’eau, tout comme son exemple : Donald Crowhurst.
Bande-annonce :
Fiche technique :
Réalisé par : Michel Leclerc
Date de sortie : 16 décembre 2015
Durée : 1h42min
Genre : Comédie dramatique
Nationalité : Français
Scénario : Michel Leclerc, Baya Kasmi, Jonathan Coe
Musique : Vincent Delerm
Photographie : Guillaume Deffontaines
Distribution Suisse : Präsens Film AG
Casting :
Jean-Pierre Bacri
Mathieu Amalric
Valeria Golino
Linh-Dan Pham
Isabelle Gélinas
Vimala Pons
Félix Moati
Vincent Lacoste
Christian Bouillette
