50 Shades of Grey (50 Nuances de Grey)

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50 Sahdes of Grey, par Sam Taylor-Johnson
Actuellement au cinéma, image @ Universal Pictures. Droits réservés

« I don’t make love, I fuck… hard »
– Christian Grey (Je ne fais pas l’amour, je baise durement),
dans 50 Shades of Grey, un film de Sam Taylor-Johnson.

Après le fort succès connu à la sortie de l’ouvrage érotique éponyme sur lequel il est basé, ce n’est pas avec surprise que l’annonce de l’adaptation cinématographique de 50 Shades of Grey avait créé tout un buzz. Décliné en trois tomes écrits par E. L. James, la saga 50 Shades conte l’histoire d’amour entre Anastasia Steele, une jeune femme fraîchement diplômée, originaire de l’état de Géorgie (Washington dans les bouquins), et Christian Grey, un jeune homme d’affaires aux pratiques sexuelles fortement ancrées dans la soumission et dans d’autres variantes de sadisme et de masochisme.

Bien que le film réussit une belle entrée sur la superbe reprise d’Annie Lennox de l’iconique chanson « I put a spell on you », la déception remplace graduellement et rapidement le sentiment « impressionné » suscité lors des premières secondes du métrage. Très vite, nous découvrons de grosses failles qui, pour la plupart, perdurent malheureusement tout au long du film. Qu’il s’agisse des répliques et des dialogues maladroitement imbriqués entre eux, des situations et événements improbables, ou encore d’un sentiment général de manque de subtilité, doublé parfois d’une progression incohérente donnant l’impression de sauter du coq à l’âne, le film compte de nombreuses lacunes qui viennent gâcher ce qui aurait pu être un bon film.

L’attention des spectateurs est mise à épreuve par un commencement à ascension trop rapide, suivi par un déroulement inversement lent et donnant graduellement l’impression de tourner en rond. L’héroïne ‘Ana’ provoque un sentiment d’agacement quant à son personnage (la réalisatrice Sam Taylor-Johnson semble chercher à tout prix à créer un sentiment d’empathie et de pitié envers le personnage d’Anastasia, effort qui résulte uniquement en une impression de forçage se traduisant par un sentiment d’incongruence entre le discours du personnage et ses actions) et un M. Grey qui, quant à lui, nous fait ni chaud, ni froid et semble finalement être là uniquement pour initier le fantasme. Le spectateur se sent confronté à des personnages qui sortent littéralement tout droit d’un livre (c’est à dire qui ne démontrent pas un comportement suffisamment réaliste) et dont la consistance est mise en question. Sam Taylor-Johnson a le mérite d’avoir le souci de mettre les caractéristiques qu’elle juge importantes des personnages en avant, sans toutefois réussir à parvenir à ses fins, reflétant une maladroiture regrettable, donnant lieu à des représentations presque caricaturales, qui ne collent pas avec les attentions de base de la réalisatrice.

Dakota Johnson dans le rôle de Anastasia Steele
Dakota Johnson dans le rôle de Anastasia Steele

Le film retombe néanmoins sur ses pattes vers la fin et prend une tournure plus intéressante en dévoilant une Anastasia Steele plus profonde et qui cette fois parvient à gagner notre compassion et à engager notre réflexion. Malheureusement, ceci ne suffit pas pour rattraper les manquements de la première partie du film et semble intervenir trop tardivement pour espérer parvenir à compenser pour la longueur qui aura valu la perte préalable d’intérêt et de concentration de nombreux spectateurs.

Pour conclure, ce n’est définitivement pas un film que je conseille à tout public. Surprenamment, je ne dis pas autant cela en raison des scènes PG Advisory (avertissement parental) qui restent relativement light (comparé à certains échos quant au contenu des livres), mais plutôt en raison des attentes que pourraient avoir les spectateurs. Je n’ai pas lu les ouvrages alors il m’est difficile de juger de l’adéquation et de la fidélité de l’adaptation, mais je pense que, malencontreusement ce film génère des attentes à double tranchant, résultant peut être en la déception de plusieurs spectateurs. Par exemple, pour un public cherchant à être séduit par l’histoire d’amour entre les deux protagonistes, le film manque pour une grosse majorité du métrage de profondeur et de substance pour convier à ses personnages un caractère plus humain, authentique et « croyable », tandis que pour un public recherchant principalement des scènes de sexe plus que suggérées, mais représentées de manière explicite, le rythme du récit est suffisamment soutenu pour donner l’impression que ces attentes seront satisfaites, mais qui en réalité n’arriveront jamais à atteindre leur climax.

Par Cassandra Arnold

Note: 2.5 / 5

Bande-annonce:

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=SfZWFDs0LxA]

Fiche technique:

Réalisé par: Sam Taylor-Johnson
Date de sortie : 11 février 2015
Durée : 1h57
Genre : film érotique, romance, adaptation de roman
Nationalité : Américain
Casting:
Dakota Johnson
Jamie Dornan
Eloise Mumford
Max Martini
Jennifer Ehle
Marcia Gay Harden