The Revenant

The Revenant, cette expérience glaçante et âpre.

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Leonardo DiCaprio dans The Revenant - Image droits réservés - © 20th Century Fox

Dans les somptueux paysages de l’Alberta, The Revenant rend cette sensation de froid glacial, où traverser ce bout de pays sauvage n’est pas une mince affaire. Cette débauche d’énergie est personnifiée par Hugh Glass, un trappeur coriace accompagné de son fils Hawk. Parti seul à l’aube, Hugh se fait attaquer par un ours et se fait grièvement blesser. Laissé pour mort par ses coéquipiers, le trappeur débute une lente et terrible agonie. Dans le froid polaire, la neige, Hugh Glass refuse d’abdiquer et, transcendé par la soif de vengeance qui sommeille en lui après la mort de sa femme et de son fils, se lance dans un voyage de plus de 300 km à la recherche de l’homme qui l’a trahi, John Fitzgerald, seul contre vents et marées.

Il y a dans The Revenant, un sentiment âpre, une ambiance si froide que notre sang se liquéfie dès l’entame du film. Dans cette brutalité, Inarritu nous emmène dans un long périple où la cruauté n’a pas d’égal, où l’amitié semble être une illusion. Le rouleau compresseur est en marche et la violence qui en découle nous prouve que l’homme peut vite se transformer en un être méprisable qui, empli d’égoïsme, ne reculera devant rien ni personne. Devant ce postulat, Alejandro Gonzalez Inarritu (Birdman, 21 grammes, Biutiful, Babel) parvient à nous captiver dans un univers saisissant et impitoyable. Entre réalité et rêve, voire hallucination, The Revenant « atomise » et définit la race humaine comme une espèce ignoble qui se met au même niveau que la férocité des animaux sauvages.

Tom Hardy impressionne dans le rôle de l'opportuniste Fitzgerald - Image droits réservés - © 20th Century Fox
Tom Hardy impressionne dans le rôle de l’opportuniste Fitzgerald – Image droits réservés – © 20th Century Fox

Face à cette cruauté et le conflit qui règne entre les tributs – plus particulièrement les Autochtones -, Leonardo DiCaprio, l’interprète de Hugh Glass, nous dévoile une facette de son répertoire qu’on ne lui connaissait pas. Sauvage, silencieux, inébranlable, DiCaprio donne le ton grâce à une performance – peut-être pas la meilleure de sa carrière – engagée, dont la vengeance se lit dans ses yeux. Tom Hardy, lui, se glisse dans la peau de John Fitzgerald, un homme égoïste qui ne pense qu’à se mettre à l’abri et vendre les peaux qu’ils ont récoltée. Un face-à-face brutal s’installera entre Glass et Fitzgerald basculant le film dans une ode à la vengeance. Les échanges houleux entre les deux protagonistes sont légion et grâce aux performances spectaculaires des deux acteurs, la violence atteint son apogée. Au milieu de ce duel, le Capitaine Andrew Henry – campé par un bon Domhnall Gleeson (Ex Machina) – tentera de calmer les ardeurs de chacun et sera, malgré lui, l’arbitre de cette confrontation. N’oublions pas Will Poulter, l’interprète de Bridger. Son rôle donne une part d’humanité dans ce carnage. Son jeu, très sobre, s’inscrit parfaitement dans le récit.

Un beauté visuelle comme rarement vu - Image droits réservés - © 20th Century Fox
Un beauté visuelle comme rarement vu – Image droits réservés – © 20th Century Fox

Hormis le tandem DiCaprio/Hardy, un autre point est à souligner. Pendant plus de deux heures, nous sommes éblouis par la prodigieuse photographie d’Emmanuel Lubezki. Véritable métronome et artiste de la capture photographique, Lubezki et Inarritu s’associent pour réaliser un travail visuel de toute beauté, comme rarement vu auparavant. Cette beauté visuelle, cette lumière singulière s’accordent avec le travail presque surréaliste du réalisateur Mexicain. Si l’épopée de Hugh Glass est très violente, Innaritu insère un côté très « rêveur » dans son film, une sorte de voyage de rédemption et de deuil éveillé. Là, cet aspect du film nous déconnecte et nous transporte dans un monde entre la réalité et l’imaginaire – l’ouverture du film reflète ce dont je parle.

The Revenant est une expérience cinématographique, une expérience sanglante et abrupte. La parfaite mise en scène et la fantastique direction photographique semblent indiquer que tous les voyants sont au vert. Seulement, la longueur du film nous étire le récit le plus loin possible. Peut-être 20 à 30 minutes de trop sont à déplorer, portant préjudice à la fluidité du film. Comme dans le magistral Birdman, Inarritu a le souci du détail et pousse le traitement avec une telle précision qu’il en fait parfois trop. Malgré ça, l’expérience est si brutale que nous sommes absorbés par cette atmosphère sauvage des années 1820. La profondeur de la bande-son réalisée par Ryuichi Sakamoto et Carsten Nicolai intensifie cette note sombre et austère. Un pénible voyage qui s’apparente à un western d’un autre temps, d’une violence exacerbée.

The Revenant | Trailer

Fiche technique : 



Réalisé par : Alejandro Gonzalez Inarritu
Date de sortie : 27 janvier 2016
Durée : 2h36min
Genre : Western, Drame, Aventure
Nationalité : Américain
Scénario : Mark L. Smith, Alejandro Gonzalez Inarritu, Michael Punke
Photographie : Emmanuel Lubezki
Musique : Ryuichi Sakamoto, Carsten Nicolai
Distribution : Warner Bros

Casting :

Leonardo DiCaprio
Tom Hardy
Will Poulter
Domhnall Gleeson
Paul Anderson
Kristoffer Joner
Brendan Fletcher
Lukas Haas
Forrest Goodluck