Venise 2015 – The Endless River

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The Endless River, par Oliver Hermanus
Image © Asac - la Biennale di Venezia

La rivière sans fin est au final un calvaire tout autant sans fin pour le spectateur. Hué, sifflé, insulté à la fin de la première projection de presse (et aussi à la seconde, de ce que l’on a entendu de nos collègues), The Endless River m’était insupportable.

Dans un village reclus d’Afrique du Sud, une jeune femme surnommée Tiny (Crystal-Donna Roberts) accueille son mari Percy (Clayton Evertson) à sa sortie de quatre années de prison. Alors que les premiers jours de leur nouvelle vie semblent prometteurs, la famille de Gilles (Nicolas Duvauchelle), un jeune français habitant dans la région, est brutalement massacrée dans leur domicile, et Percy est rapidement suspecté d’y être impliqué. Par une série d’évènements, Tiny et Gilles se verront rapprochés par l’espoir de transformer leur haine, douleur et solitude commune.

Si ce synopsis est tiré mot pour mot de la brochure de presse mise à disposition par le festival de Venise, il est absolument impossible d’en arriver à la même conclusion en regardant l’intégralité de The Endless River. Une suite d’images et de sons si incohérente et inadéquate que le spectacle en est affligeant.

Dès le générique d’ouverture, The Endless River divise les goûts en optant pour une police antique, en gras, avec une couleur jaune rappelant certains westerns spaghetti. Un des bémols récurrents de ce film est l’inertie du spectacle. Les plans sont rigides. Les personnages sont rigides. Les regards sont rigides. Par dessus, une musique désagréable casse le rythme des monologues ou dialogues totalement risibles.

Le film ne génère aucune crédibilité et le public n’est forcé de rire que pour éviter de pleurer. Les dialogues en sont justement une cause majeure, car hormis une impression exécrable que dégagent les textes en soi, le répartie est inexistante. J’ai réussi à voir Gilles dire « J’ai une question à te poser. », m’assoupir et m’éveiller une bonne demie-minute après pour voir que la question ne fut toujours pas posée et rien ne se soit passé.

L’inertie est présente dans le montage, car pour passer d’un plan rigide à un autre, Hermanus adopte l’approche violente pour réveiller le public endormi, cassant les scènes sans transition visuelle, auditive ou narrative. Esthétiquement, les plans sont magnifiques bien que sponsorisés par l’office du tourisme sud-africain, mais c’est bien malheureusement l’unique point positif à sortir de The Endless River.

Des histoires de ces personnes qui se croisent, rien de bon n’en sort. Non pas dans le récit même, mais dans l’intégralité du film. The Endless River ne peut guère compter que sur le talent de Nicolas Duvauchelle, car le reste de la distribution, sans exception, est coupable de prestations amorphes et franchement mauvaises, surtout comparé au reste de la sélection officielle.

En soi, The Endless River est séparé en trois « chapitres » à l’utilité inconnue tant les relations sont mal exploitées et absurdes. Rien ne se passe, la progression du récit pourrait tout autant être due au pur hasard, et la tentation de quitter la salle fut à de nombreuses fois difficile à résister. Le film repousse constamment les limites du ridicule sans s’apercevoir qu’il l’a dépassé après 20 minutes de pellicule, en dépit de la scène des meurtres qui laissait présager un tout autre spectacle. The Endless River m’a davantage rendu triste par sa qualité que par son contenu, alors que le réalisateur Oliver Hermanus restait sur le très bon Beauty.

Pour conclure, je rappelle que cet avis n’engage que moi, et que j’apprécie le travail et l’effort fourni dans la réalisation d’une œuvre cinématographique. Néanmoins, je ne peux vraiment pas en bonne conscience recommander à qui que ce soit d’aller gaspiller 1h50min de sa vie en allant voir ce film.

Noté : 1.5 / 5

Bande-Annonce

The Endless River, trailer from UDI on Vimeo.

Casting

Nicolas Duvauchelle
Crystal-Donna Roberts
Clayton Evertson
Denise Newman
Darren Kelfkens
Katia Lekarski

Détails

Date de sortie en Suisse: Inconnue
Réalisateur: Oliver Hermanus
Pays de production: Afrique du Sud / France
Durée du film: 110 minutes
Genre: Drame

(Images droits réservés)

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J’ai obtenu en septembre 2013 mon Master de HEC Lausanne et je m'occupe ainsi de la majorité de l'aspect commercial et partenariats du webzine. C’est avec enthousiasme que j’ai rejoint David, Hervé et Sven en mai 2014 pour créer Le Billet, et je me réjouis d'y contribuer dans la durée!