SBTRKT ELECTRON

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SBTRKT. Tous droits réservés.

Le dimanche 5 avril dernier, le festival Electron a encore frappé fort en accueillant le talentueux ténor de l’électronique SBTRKT (à prononcer « subtrak » pour ne pas avoir l’air d’une buse). Le britannique Aaron Jerome s’est produit avec l’artiste Sampha au chant et au clavier, tandis que lui jonglait furtivement et furieusement entre sa batterie acoustique et électronique.

Il est minuit onze quand l’ange masqué de la post-dubstep et son acolyte, l’élégant dandy Sampha débarquent sur scène discrètement, têtes (de bantous psychédéliques) baissées, en direction de leur poste pour la soirée, sans distraction, sans chichi. Bien que cette entrée « bon élève » ou nonchalante, c’est selon, coupe un peu la chique, le duo détonne dès les premières notes.

Le londonien semble avoir saisi involontairement le concept « pour vivre heureux, vivons cachés », donc entretenons le mystère, ainsi on cartonne. D’où l’hystérie instantanée d’un public de tout âge venu en nombre, dont certains fans maquillés à l’effigie du groupe et de son identité visuelle (motifs aztèques).

Cette formule du retrait, et comme son nom l’indique de soustraction, Aaron Jerome l’applique aussi à sa musique. Ses titres, composés de lourdes basses suaves et de mélodies saisissantes piochées minutieusement dans un répertoire soul et RnB lascif, sont élaborés d’une manière extrêmement minimaliste avec une grande ingéniosité.

Les titres s’enchaînent dans une symbiose parfaite entre sons, lumières et projections. Des lasers hypnotisants de toutes les couleurs prennent possession des lieux et s’agitent au rythme des percussions. Tous les regards s’attardent sur ce beau feu d’artifice virtuel. Ces effets de lumières provoquent d’incroyables sensations et apportent un réel plus à la performance de SBTRKT. C’est un atout important qui amène une touche de fantaisie nécessaire pour atténuer l’effet barrière qui nous sépare du duo.

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Parmi les moments forts, Wildfire (feat Little Dragon) et la voix de Yukimi Nagano, le summum de la sensualité, nous plonge dans une ambiance moite et enivrante. Les yeux se ferment et la foule semble conquise par la balade. Des déhanchés sexy se dessinent même sur les plus timides.

Son alliance avec Ezra Koenig (Vampire Weekend) a donné naissance au très acclamé New York, New Dorp que l’on a (trop ?) entendu en 2014, mais qui fait visiblement toujours son effet sur le dancefloor. Un tube efficace, groovy, hype, pas de surprise, ça plaît. L’engouement unanime pour ce titre a apporté une belle énergie du début à la fin.

Après ça, Osea (feat Koreless), un morceau qui aura comme effet de faire baisser la pression. Seulement des synthés, sans beat, c’est une formule qui semble être à la mode et qui fonctionne bien. La transition est réussie.

Le morceau Lotus Flower était superbement accueilli et beaucoup ont dansé comme Thom Yorke dans son clip, dont moi.

Au risque de ne pas me faire d’amis, je dois admettre que j’ai trouvé ces quelques titres excellents mais toutefois prévisibles. Pour l’ensemble, les machines s’actionnent, la voix de Sampha belle et intéressante est posée, Aaron s’exécute consciencieusement derrière ses batteries et la recette se renouvelle à chaque titre. La répétition du schéma me laisse perplexe. Il y a eu quelques ascensions perceptibles, mais pas suffisamment marquées à mon goût.

La communication entre les deux artistes et leur public était assez faible pour ne pas dire inexistante. Un manque de cohésion qui, je trouve, s’est ressenti dans la foule, peu de mouvements, peu de complicité dans l’atmosphère.

Prenons en compte le fait que sa position de musicien performant en live diffère largement de son antécédente et remarquable activité de DJ en clubs. Il est selon moi approprié d’en déduire que sa spécialité n’est pas le show et que l’artiste est connu pour refuser d’être mis en avant aux dépens de son projet artistique, d’où les masques, vous l’aurez compris. Mais étant une grande sensible aux surprises et aux partages d’émotions durant les lives, je suis un peu restée sur ma faim.

Cela dit, après une entrée et un plat de résistance amplement à la hauteur malgré mes quelques réticences, il est indéniable que nous avons affaire à des précurseurs de l’alliance entre électronique primitive et futuriste. À en voir les visages à la fin du set, les stars du jour semblent n’avoir fait que des heureux (ou presque !).

Comme tout le monde le sait probablement déjà, ils se produiront au Montreux Jazz Festival cet été, le 9 juillet au Lab accompagné de Jamie XX et Hudson Mohawke. Une soirée à ne manquer sous aucun prétexte.