Interview | Murmures Barbares

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Murmures Barbares à Décal'Quai
Murmures Barbares à Décal'Quai ©Quai'Son – Julie Masson

En février dernier, on rencontrait en interview Murmures Barbares, groupe de hip-hop suisse romand des plus efficaces du moment, à Décal’Quai (Montreux). Depuis deux ans, ils ramassent des prix à la pelle. Pour exemple, aux derniers Reprezent Awards, les membres du collectif Michigang ont réussi à repartir avec le meilleur clip pour FlexfabPeter Fly, et meilleur artiste pour Murmures Barbares. Flexfab a également été récompensé à la dernière Demotape clinic du M4Music pour les catégories Electronic et Demo of the Year. Murmures Barbares c’est l’association de Idal et Hook d’abord puis Flexfab et Dj Wark qui les rejoignent pour le live ensuite.

David: Qui est Murmures Barbares?

Hook: Murmures Barbares, c’est d’abord un groupe de musique composé de quatre personnes: Idal, le MC principal, Hook, le Beatmaker principal, DJ Wark, le DJ principal et Flexfab, qui est un autre producteur qui nous accompagne en live. Murmures Barbares, à la base c’est un projet d’album écrit par Idal et composé par Hook. Pour les lives, on a intégré les deux autres.

David: Du coup à partir du nom d’album, vous avez quand même décidé de prendre comme nom de groupe Murmures Barbares?

Idal: Oui parce qu’au début il y avait quelque chose de flou, car on s’appelait Idal et Hook. Quand Flexfab et Wark nous ont rejoints et on a retravaillé les morceaux avec eux pour le live, on a trouvé logique de prendre le nom Murmures Barbares.

David: Et l’album s’appelle comme ça, car c’est le nom de l’une des chansons. Donc ça a été un concours de circonstances que le groupe finisse par s’appeler Murmures Barbares. 

Idal: Oui, mais c’est surtout que ce nom résume assez bien l’album dans sa globalité. Puis dans l’identité sonore, il nous représente également assez bien. Un côté un peu…

Hook: Un côté dur de «Barbare» et un côté un peu plus poétique voir intime de «Murmure».

Idal: Voilà, bien joué!

David: Idal, tes textes ils sont plutôt comment?

Idal: J’essaie d’éviter de faire du rap chiant. J’évite de disserter sur des trucs trop précis. J’écris d’une manière métaphorique et je fais en sorte que l’ensemble soit agréable à écouter. Enfin, «agréable à écouter» c’est un peu réducteur, mais en tout cas qui transmette une émotion.

David: À l’endroit précis où vous êtes assis, c’était le local de Verveine. Vous l’avez rencontré à l’Opération Iceberg, sauf erreur. Racontez-moi un peu l’Opération Iceberg. Ça a été un élément clé dans votre évolution? 

Idal: Après avoir sorti l’album, avec Hook on pensait à adapter le projet pour le live. L’adapter, parce qu’on ne voulait pas juste avoir un DJ qui balance le beat et un type qui rappe dessus. On voulait quelque chose qui mette un peu de patate. On a été proposé à l’Opération Iceberg par La Case à Chocs de Neuchâtel, et ils ont aimé notre projet. Grâce à ça on a pu travailler le live dans des conditions optimales lors d’une résidence à La Rodia de Besançon avec Côme Aguiar (Silmarils et Oxmo Puccino).

David: Comment vous avez été repérés par cette Opération Iceberg?

FlexFab: C’est les clubs qui proposent les groupes.

Hook: Voilà, il y a 5 ou 6 clubs suisses et 5 ou 6 clubs français qui sont liés à l’Opération Iceberg. Ils proposent des talents émergents pour les aider à se développer. Il y avait un aspect global qui était hyper intéressant. Ils te proposent de développer ton live, des formations pour développer un peu l’aspect marketing et communication sur les réseaux sociaux et des intervenants viennent te donner des workshops. C’est vraiment assez complet.

Flexfab: On a même eu la SUISA qui est venue nous parler des aspects légaux, etc.

David: Vous pensez que des projets comme ça manquent en Suisse?

Flexfab: On s’est rendu compte qu’en Suisse il y a beaucoup de structures qui aident, qui soutiennent, qui filent des tunes, etc. J’entends souvent qu’en Suisse on est mal lotis, mais ce n’est pas vrai, il y a pas mal de trucs.

Hook: Par contre ce qui est clair, c’est que quand tu es un talent émergent, tu dois savoir tout faire toi-même. Tu dois penser à poster ce truc à 11 h, car c’est là où il y a le plus de monde sur Facebook, en même temps tu dois poster régulièrement des trucs et appeler les clubs pour avoir les fiches techniques, ne pas oublier de contacter les médias, etc., tu dois presque t’investir à cent pour cent, et ce n’est pas possible.

Flexfab: C’est un peu ça. Avec l’opération Iceberg, ils te donnent les clés et t’apprennent plein de trucs, mais en tant qu’artiste émergent, tu prends un peu ce que t’as besoin et ce que tu as envie. Avec Murmures Barbares par exemple, on a joué dans des gros festivals comme le Paléo, et ça n’empêche pas qu’on n’a pas des masses de followers sur les réseaux sociaux.

David: Vous êtes assez bien placés pour rafler les Reprezent Awards 2014, Hook en meilleur beatmaker, Murmures Barbares en meilleur artiste… (après coup, ils ont bel et bien raflé ces prix!) L’année dernière vous aviez déjà raflé pas mal de prix.

Hook: Ouai, l’année passée on a eu Meilleur Album, Meilleurs Textes et Meilleur Clip.

David: Ça se passe comment au niveau de la grosse Street Cred en béton les gars? Vous êtes un peu des malades non?

Murmures Barbares: Ça va… ça va…

Idal: La Street Cred, c’est le seul truc qu’on a pas vraiment j’ai l’impression.

Flexfab: On a une belle reconnaissance des médias, des structures, etc… mais dans le milieu hip-hop ou rap suisse, on a pas vraiment notre place.

Idal: C’est aussi ça qui est intéressant. On a beaucoup eu de bons retours de structures qui ne sont pas liées au milieu hip-hop et qui ont beaucoup aimé notre projet. Mais avec les Reprezent Awards de l’année dernière, je me suis rendu compte qu’on avait quand même un peu notre place.

David: Que font les autres membres du Michigang? C’est quoi le Michigang?

Hook: On ne sait pas vraiment en fait. On ne les a jamais vus. (Rires) Non, on est une dizaine, je crois, il y a d’autres rappeurs, des graphistes, des photographes. Mais on ne sait pas vraiment qui en fait partie ou qui n’en fait pas partie, on n’a pas une liste exhaustive des membres du Michigang.

Flexfab: Dans la réalité, on a fait une mixtape. C’est à ce moment-là qu’est né le groupe de musique «Michigang». Et à côté de ça on avait déjà une entité artistique, ou il y avait d’autres trucs. Mais maintenant c’est quand même plus la musique qu’autre chose. Ce qui fait qu’on parle de collectif, c’est qu’il y en a pas mal qui font de la photo ou de la vidéo dans l’équipe.

David: Votre album est sorti il y a déjà bientôt deux ans, vous avez prévu de sortir quelque chose prochainement?

Hook: On s’est remis ce lundi à travailler sur des nouveaux titres! Donc pour l’instant rien de très concret, mais la machine se remet en marche. On a essayé de sampler des brosses à dents, mais ça n’a rien donné.

David: Raph, tu m’as dit que vous avez déjà tourné avec Koqa?

Idal: Ouai, deux fois. À Hors Tribu, à Saint-Imiers, aux fêtes de la jeunesse jurassienne. Mais on le croise un peu tout le temps.

David: Ça se passe avec lui, il est cool? 

Idal: On n’en peut plus là.

Hook: Arf, non, c’est plus possible de travailler avec. Avec sa barbe là, il est blond et roux en même temps! Il n’a pas su choisir on dirait… Non on déconne, c’est la famille, c’est une chouette équipe.

David: Dites-moi 3 albums que vous prendriez avec vous tout le temps? Vous pouvez m’en donner un chacun.

Hook: 808’s And Heartbrakes – Kanye West

Flexfab: Flexfab – Manoir (rires)

Idal: Je ne sais pas quoi dire. L’album qui n’est jamais sorti de Despot.

Flexfab: Je change d’avis, je choisis un producteur allemand qui s’appelle Dexter et qui sort des disques qui s’appellent les Hi-Hat Club.

David: Ben merci les gars, ça m’a fait plaisir de vous rencontrer. Have fun sur scène ce soir. 

Murmures Barbares: Merci à toi David Perez.