FLEE PROJECT : la force tranquille de la musique

0
5252
©Flee Project

Le premier numéro du Flee Project sur la musique Benga a été lancé le 9 octobre. Un vinyle et un magazine pour documenter l’émergence d’un mouvement culturel né au Kenya dans les années 60. Qui se cache derrière ce projet ? Et qu’est-ce qui a motivé ce travail d’envergure?  Un projet entre art, culture et société dont nous a parlé Carl Åhnebrink

La naissance d’une plateforme d’ingénierie culturelle

Alan Marzo et Carl Åhnebrink  sont suisses romands. Olivier Duport vient de Grenoble et est basé à Berlin. Issus des sciences sociales et passionnés de musique sont les deux points communs qui ont réuni les trois architectes de ce projet.

« Nous avons constaté que très peu de musiques sont approchées comme des objets socio-politiques en-soi et que les sphères socio-politiques, elles, les limitent à une simple esthétique » explique Carl.

Emerge alors la volonté de poser un regard sociologique et historique sur des mouvements culturels. Transdiscilpinaire, FLEE Project décloisonne les connaissances et édifie des ponts entre les savoirs et les arts.

Benga music : A signature genre from Kenya.

Alan étant à ce moment au Kenya, le choix s’est donc porté sur la musique Benga pour le premier numéro. Un choix également orienté par la volonté de faire connaître un mouvement musical auparavant confiné aux frontières kenyanes. Née dans les années 60, au rythme des rêves d’indépendance : « le Benga était une musique pop mais pâtissait de son image de musique de paysan à l’intérieur du pays. » raconte Carl.

Une fois les trois sur place, ils rencontrent le producteur de l’époque « Jojo« , dirigeant du label « Jojo records » et détenteur des enregistrements originaux des morceaux fondateurs du Benga. La plupart des musiciens sont décédés et les edits des morceaux sont alors l’occasion de valoriser les morceaux une dernière fois et de les archiver contre l’oubli. Parmi ces artistes, on trouve Daniel Owino Misiani, le Bob Dylan du Benga, parce qu’un peu rebelle selon Carl et George Ramogi, porte parole des Luo (peuple de la province de Nyanza au Kenya). Nait alors le vinyle. Un side A avec les morceaux originaux et un side B avec leur réinterprétation par des artistes contemporains.

Pour contextualiser l’émergence du mouvement et comprendre sa signification au sein de la société dans laquelle il a évolué, ils ont collaboré avec les journalistes kenyans Ondiso Madete et Emmanuel Mwendwa et avec le spécialiste de renommée mondiale Douglas Paterson. Nait alors le magazine.

Soutenus par la ville de Neuchâtel, les trois initiateurs de ce projet ont donné naissance au premier numéro du Flee Project composé d’un vinyle de 6 pistes et d’un magazine de 16 pages. Flee Project fait tout juste, jusqu’au visuel proposé par Olka Osadzińska et l’atelier Atelier U-Zehn. Un magnifique projet à découvrir et à suivre. 

Commandez votre exemplaire.