Du génie à l’Amalgame, retour sur les pointures du jeudi

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Comme vous le savez tous, jeudi 27 novembre, le rideau se levait pour trois jours de festivité à l’occasion du vingtième anniversaire de l’Amalgame. Trois jours qui ont amplement comblé tout un tas de mélomanes grâce à la flopée d’artistes reluisants qui se sont produits au club et au théâtre Benno Besson. Mission accomplie avec succès, big up à la team d’Amalgamiens.

La soirée fut inaugurée par Barbouze de Chez Fior, quatuor féminin suisse romand, que j’ai raté. Sven me décrit un son mélodieux et mélancolique et remarque un travail réalisé sur les lights qui laissent disparaître le groupe dans l’obscurité la plus totale. Une ambiance qui semble être judicieuse pour transporter le public dans l’univers sonore de ces dames.

Sans plus attendre, nous quittons le club et ses stands raclettes/bières pour nous rendre dans le magnifique théâtre Benno Besson, où nous avons rencart avec Nils Frahm.

Comment ça Nils Frahm est en retard ? Lui et sa clique sont affairés à déguster un plat Swiss made. (Ah voilà). L’instant fondue s’est éternisé, le temps s’est écoulé, notre interview s’est envolée… Larme à l’œil.

Tout penauds, on se dirige dans la salle du théâtre pour y découvrir A Winged Victory for the Sullen. A l’entrée de la salle sont disposés de biens beaux CDs et Vinyls du groupe en question, de Dustin O’Halloran et de Nils Frahm, tous du même label Erased Tapes Records. Mon camarade Sven était interpellé d’y voir les disques de Dustin O’Halloran, dont il vend les mérites : compositeur californien qui a travaillé entre autre sur la BO de « Marie-Antoinette » de Sofia Coppola.

Mystère élucidé, surprise et enchantement de taille quand on s’aperçoit que Dustin n’est autre qu’un membre du groupe qui sera sous nos yeux dans moins de cinq minutes. Entre cordes et piano, leur prestation était surprenante. Sans interruption ni transition, les compositions se sont enchaînées dans l’émotion, pas forcément d’émotions vives, ni constantes mais accentuées par instants, le tout interprété avec grâce et retenue.

Nous avons eu l’occasion inopinée de rencontrer Dustin O’Halloran pour échanger deux mots. Nous avons évoqué sa collaboration avec le réalisateur Drake Doremus pour lequel il a composé la BO du film Like crazy, sorti en 2011. Unique compositeur de cette soundtrack précise-t-il suite à la question de Sven.

FUTUR

Va-t-il réitérer l’expérience avec le prochain film de Drake Doremus Equals, prévu pour 2015 ? « Non, ce sera Apparat ».

SOLO

Il dit être trop occupé avec son groupe et ne peux malheureusement pas se consacrer autant qu’il voudrait à sa carrière solo. Une vilaine hernie discale le pousse aussi à devoir se reposer.

DUO

Il a rencontré Adam Wiltzie après un concert à Bologne, un bon pote les a présentés et il avait un studio là-bas en Italie. Ils se sont bien entendus puis ont commencé à jouer ensemble une année plus tard.

PARTY

Où est-ce qu’ils sortaient danser quand ils avaient vingt ans ? Il vivait à ce moment-là à Los Angeles. Ils roulaient en général deux heures en direction du désert. Les gens apportaient une bonne sono pour passer de la musique et faisaient des fêtes énormes.

GUILTY PLEASURE

(En musique, j’entends.) Il n’écoute pas de musique, en ce moment. Il nous montre son I-Pod qui ne contient que trois ou quatre chansons. Mais son guilty pleasure est d’écouter des podcasts de Marc Maran ou encore il avoue n’avoir aucun scrupule à regarder les one man show de Louis, l’humoriste :

Il est passé 23h, nous nous précipitons pour ne pas manquer une miette de plus du berlinois Nils Frahm. Producteur prolifique et multi-instrumentaliste hors pair. Les particularités du bonhomme sont nombreuses. En voici quelques-unes :

Nahim Brodski, dernier élève de Tchaikovsky était son professeur de piano, tout de même.

Il est basé à Berlin et à son propre studio Durton Studio. Il travaille entre autre avec Dustin O’Halloran, déjà évoqué plus haut, Deaf Center et Peter Broderick. Même Thom Yorke l’a repéré, il est d’ailleurs souvent sollicité par le label sonic pieces.

Il a un pro-model de piano « UNA CORDA », qui pèse moins de cent kilos et dont le marteau ne frappe qu’une corde au lieu de trois, pour chaque note jouée.

Son projet Screws a été réalisé à l’aide de ses neuf doigts, un de ses pouces était blessé. Balaise le garçon.

Ses représentations scéniques se distinguent toutes les unes des autres grâce à sa capacité d’improvisation. Effectivement, il est connu pour construire et assembler les sons à partir de l’espace et des bruits qui l’entourent.

Il portait une grosse chaussette en laine à un pied et à l’autre, il avait gardé son soulier pendant le concert. Et d’ailleurs, en voulant comprendre pourquoi, je me suis mise à la recherche d’un éventuel forum à ce sujet, vu qu’on trouve tout de chez tout sur la toile et il dit effectivement  « Je commence à être connu pour trois choses : mes chaussettes, mon café et ma musique » lors d’une rencontre avec www.gaite-lyrique.net.

Sinon, il s’est associé à Ólafur Arnalds pour un album à quatre mains. Qui dit Ólafur Arnalds, dit Agnès Obel… Une idylle entre eux se laisse entendre. Mais bref, je m’éloigne de l’essentiel. Passons.

Bon et ce concert dans tout ça. Un instant magique à la hauteur des attentes des spectateurs, sans aucun doute. On n’a pas tous les jours l’occasion de voir un virtuose de la sorte s’abandonner si intensément à son environnement. Voir ses doigts frapper les touches, ses épaules sursauter et ses yeux se fermer était hypnotisant à souhait. L’émotion était palpable quand il nous racontait avec calme et douceur que c’était particulièrement un plaisir de jouer ce soir-là, parce que c’était la dernière date de sa tournée. Sa prestation est d’une générosité débordante. Avec lui, on traverse les époques. Il manipule son piano, ses pédales à effets et synthétiseur dans une multitude de teintes différentes, à la fois classiques, modernes ou contemporaines, électroniques et je note même un arrière goût d’Indie pop. Fabuleux.

Chanceux, nous sommes !