« There is no murder in paradise«
« – Why did you run ? (Pourquoi as-tu couru?)
– I ran because you followed me (J’ai couru, car tu me poursuivais) »
Dans le contexte de l’Union Soviétique des années 1950 de Staline, Child 44 est l’adaptation cinématographique du best-seller du même nom de Tom Rob Smith et s’inspire de l’histoire vraie de l’ « éventreur de Rostov », mettant en scène Tom Hardy dans le rôle de Leo Demidov, un agent du ministère à la sécurité gouvernementale (MGB) qui enquête sur la série de meurtres d’enfants.
Je ne vais pas vous le cacher, mais on se sent pas spécialement bien en regardant ce film. Ce que je veux dire par là est que Child 44 parvient à nous donner un sentiment de malaise, voire d’horreur, ainsi que de forte tristesse face à la réalité d’une époque remplie de terreur, d’atteinte à la liberté et de douleur (avec notamment un aperçu de goulag). Toutefois, et bien qu’il s’agisse d’un élément qui va à l’encontre de ma définition de « cinéma pour se divertir », cet aspect là demeure le meilleur atout du film.
Malheureusement, hormis le décor et le contexte, ainsi que (dans une certaine mesure) la relation entre Leo et sa compagne Raïssa, le film semble quelque peu superficiel dans son déroulement et la profondeur des personnages se résume uniquement à frôler la surface. Malgré le ton triste du film, théoriquement susceptible à faire ressortir nos émotions, il garde tout de même une certaine froideur, notamment du au manque de développement des personnages. Les protagonistes semblent, et ça vaut la peine de le dire pour le coup, réellement sortir tout droit d’un livre et avec lesquels on n’arrive pas à créer de liens. C’est alors avec déception que nous assistons à des personnages sous-exploités ; dommage pour le casting de haut calibre, notamment avec un Gary Oldman qui malgré tout livre une certaine prestance, mais dans un personnage dont le rôle très en surface reste finalement questionnable.
En dehors de cela, d’autres détails dérangent, tel que inconsistance au niveau des accents des acteurs – certains prennent un accent russe, d’autres pas du tout, et d’autres encore parle avec un accent raté, ce qui nous donne un sentiment d’amalgame peut convaincant. Pareillement, installation du début est manifestement peu nécessaire et beaucoup de séquences du film semblent être là pour attirer de l’empathie ou à susciter nos émotions, cependant sans y parvenir en raison d’une atmosphère globalement froide. Reste encore l’élément qui d’après moi est majeur – le caractère excluant les spectateurs de l’intrigue et du dévoilement de l’histoire – ce que j’entend par là est que, pour un film qui se dit de thriller et qui potentiellement cherche à attirer le même type de public que des films policiers avec des enquêtes criminelles, le spectateur n’a malencontreusement pas le loisir de spéculer sur qui pourrait être le meurtrier et se retrouve à la place face à des faits accomplis auxquels il n’aurait jamais pu deviner l’existence. Le seul passage qui permet au spectateur de « participer » ou d’avoir un rôle plus actif se trouve dans les quelques petits twists de la fin, mais qui finalement étaient tellement éloignés de l’intrigue principale que l’intérêt s’y perd.
Globalement, Child 44 est un film qui dans une certaine mesure est intéressant pour sa dépiction réaliste d’une époque ayant réellement bien existé. Cependant, il ne semble pas convaincant pour concurrencer des documentaires standards sur l’époque, qui pourraient subvenir à cet aspect « éducatif » ou informatif tout aussi bien (à part l’un ou l’autre détail liés à la mentalité de certains personnages). Et pour ce qui est du côté thriller, malheureusement ce ne serait pas spécialement le film que je conseillerai. Ce n’est pas un mauvais film et j’en ressors tout de même en ayant le sentiment d’avoir bien fait de le voir, mais je ne pense malheureusement pas qu’il s’agisse d’un avis qui pourrait se généraliser de façon unanime.
PS : je tiens toutefois quand même à faire une mention aux excellents jeux d’acteurs, avec un Tom Hardy (The Dark Knight rises, Inception) qui incontestablement ne nous surprend même plus tellement il est bon, une Noomi Rapace (Prometheus, Millénium) méconnaissable et prouvant une fois de plus qu’elle arrive à incarner une grande variété de personnages et, notamment, un Joel Kinnaman (RoboCop, Easy Money) qui incarne avec brio un Vassili qui renvoi en nous avec succès l’image d’une pourriture détestable.
Bande annonce:
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=Uia6y9SRsj4]
Fiche technique:
Réalisé par: Daniel Espinosa
Date de sortie : 15 avril 2015
Durée : 2h17
Genre : drame, thriller
Nationalité : États-Unis, Royaume-Uni, République Tchèque
Casting:
Tom Hardy
Noomi Rapace
Joel Kinnaman
Gary Oldman
Vincent Cassel
Jason Clarke
Fares Fares