L’histoire de Loïe Fuller, cette jeune femme originaire du grand ouest américain, est peut-être l’un des plus grands exploits artistiques de notre Monde. Cette danseuse audacieuse deviendra, grâce à sa ténacité, une icône de la Belle Epoque. Malgré ses ennuis physiques, Loïe aura le privilège de fouler les planches de l’Opéra de Paris. Mais au sommet de sa gloire, l’artiste tombera sur Isadora Duncan (Lily-Rose Depp), une jeune danseuse talentueuse qui provoquera sa chute.
Avec ce premier film, Stéphanie Di Giusto s’entoure d’un casting très alléchant. Avec Gaspard Ulliel, Soko, Mélanie Thierry et Lily-Rose Depp, la réalisatrice peut aussi se targuer de l’aide de Thomas Bidegain – scénariste émérite de Jacques Audiard – ou encore de Alain Attal à la production du film. En clair, une équipe de choc pour une première oeuvre. Encore faut-il transformer l’essai…
Après les présentations, intéressons-nous à Loïe Fuller – interprétée par la chanteuse Soko. Rien ne prédestinait cette fille du grand ouest américain à une carrière artistique à Paris. Fille d’un père alcoolique – Denis Menochet, l’éternel Johan Bruyneel dans The Program -, Loïe est une fille discrète, qui préfère rester dans son coin. Un jour, son père est lâchement assassiné dans sa baignoire. Marquée et totalement seule, Miss Fuller retourne à Brooklyn où sa mère vit. Souvent en désaccord avec sa mère, la future danseuse souhaite jouer la comédie et obtient un petit rôle dans une pièce. Grâce à son audace et au hasard, la jeune femme capte l’attention grâce à une danse qu’elle appelle « le papillon ». Une légende est née.
De Brooklyn à Paris
Captivée par cette femme qui bouge ses bras entourés de draps, Louis (Gaspard Ulliel), un riche bourgeois, est tout à fait captivé par cette créature. L’homme, aussi mystérieux que riche, ne quitte plus Loïe, il la suit, il la désire. Si bien qu’il n’arrive pas à conclure, ô non. Elle le repousse et le vole pour démarrer sa carrière outre Atlantique, à Paris où l’art semble plus avant-gardiste.
C’est alors qu’elle croise le chemin de Marchand (François Damiens), le directeur d’une salle de spectacle. Marchand n’étant pas conquis, c’est son assistante, Gabrielle (Mélanie Thierry) qui flaire le bon coup. Grâce à cette femme, Loïe trouve un toit et…une scène pour se produire. Très méticuleuse, la Franco-américaine met en place un concept qui utilise des lumières pour rendre la danse plus impressionnante visuellement. La performance spectaculaire fait un tabac et Paris est sous le charme de « La danseuse ».
Tout le monde s’arrache Loïe Fuller, c’est alors que l’Opéra de Paris l’embauche pour des représentations. De là, le travail acharné de la noiraude devient de plus en plus physique, plus dangereux pour sa santé fragilisée par sa danse très éprouvante. Jamais rassasiée, Miss Füller décide d’ajouter des miroirs à sa danse féerique, donnant une dimension visuelle supplémentaire à ses prestations – tout comme au film.
Danser au péril de sa santé
Si l’acharnement de Loïe Fuller est au centre des débats, La Danseuse est avant tout une ode à la danse, où les scènes spécifiques à la danse s’enchaînent donnant un spectacle visuel somptueux. Aussi gracieuse soit-elle, « la danseuse » se donnera corps et âme à son oeuvre. Les yeux rougis et gorgés de sang par les nombreuses lumières qui illuminent son spectacle, les bras et les épaules couverts de bleus. La gloire a un prix, tant physiquement que psychologiquement.
Si physiquement, les séquelles sont associées à son travail sur scène, sur le plan psychologique les dégâts proviennent d’une jeune danseuse, avide de gloire. La jeune prodige, Isadora Duncan – campée avec légèreté par Lily-Rose Depp – est une vipère. Aussi fourbe que talentueuse, Isadora sera la cause de la dégringolade de Loïe, malgré la présence constante de Louis – Gaspard Ulliel tout en justesse -, son admirateur, son ange gardien, tout simplement le premier qui a cru en elle. « La danseuse » doit une fière chandelle à Louis, mais aussi à Gabrielle – sobrement campée par Mélanie Thierry – qui s’occupera des moindres détails, qui sera là dans les bons comme dans les mauvais moments.
La Danseuse est peut-être un peu lisse, un peu trop classique dans sa conception et dans son déroulement. Malgré ces quelques défauts, l’oeuvre de Stéphanie Di Giusto nous plonge dans une histoire âpre, prenante comme sa musique et sa photographie soigneusement choisie pour sublimer un métrage qui n’est pas exempt de tout reproche, mais sincèrement touchant.
Fiche technique :
Réalisé par : Stéphanie Di Giusto
Date de sortie : 28 septembre 2016
Durée : 2h00
Genre : Drame, biopic
Pays : France
Scénario : Stéphanie Di Giusto, Sarah Thibau, Thomas Bidegain
Photographie : Benoît Debbie
Distributeur suisse : –
Casting :
Soko
Gaspard Ulliel
Mélanie Thierry
Lily-Rose Depp
François Damiens
Louis-Do de Lencquesaing
Amanda Plummer
Denis Ménochet