Cannes 2016 | L’Economie du couple

"Plus de désir ? On jette..."

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L'Economie du couple - Image droits réservés - © Le Pacte

Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs, L’Economie du couple est une comédie dramatique, ou plutôt l’anticomédie romantique par excellence. Un couple est obligé de cohabiter sous le même toit malgré un contact indéniablement rompu. En pleine séparation, Marie (Bérénice Bejo) et Boris (Cédric Kahn) sont en plein dilemme pour savoir comment vont-ils se mettre d’accord à l’heure des comptes. Car l’un a acheté la maison et l’autre l’a retapée. Personne ne souhaite lâcher le morceau, la communication ne fait que s’empirer et au milieu de cette guerre, deux petites filles sont spectatrices de deux parents prêts à se mener une bataille virulente pour avoir le dernier mot.

Situation cocasse, mais terriblement nocive pour une petite famille comme celle-ci. Dégoûtée par son futur ex, Marie est à bout, elle ne peut supporter cet être qu’elle avait tant aimé autre fois. Joachim Lafosse nous rappelle qu’un couple ne tient qu’à un fil, que tout peut basculer d’un jour à l’autre sans prévenir, et quand tout bascule, le dégoût intervient sournoisement. Là se trouve la force de frappe de L’Economie du couple, une comédie dramatique bien huilée et pas si innocente que ça.

Gestion compliquée

Face au désamour de Marie, Boris essuie le fort caractère de sa partenaire. En découle une gestion parentale compliquée où l’un fait le premier pas, tandis que l’autre recule. Le lien est rompu, rien ne semble possible entre les deux protagonistes, le divorce est consommé. Au centre de la discussion, c’est une bâtisse, celle qu’ils habitent. Point qui fâche, cette maison est le sujet de discorde, enfin en apparence. Boris vient d’une famille moins aisée que Marie. Une fracture sociale se forme entre les deux, donnant au film une subtile dimension sociale.

Une issue favorable est-elle possible ? - Image droits réservés - © Le Pacte
Une issue favorable est-elle possible ? – Image droits réservés – © Le Pacte

Avec L’Economie du couple, Joachim Lafosse démontre la face sombre de l’amour, celle qui fait mal. Les bons moments sont occultés, nous centrant exclusivement sur la manière dont le couple construit sa destruction devant des enfants médusés. Deux petites filles au milieu de ce marasme, trimballées entre deux êtres d’un égoïsme profond. Toutes penaudes, elles s’interrogent – très souvent avec humour – à savoir comment leurs parents vont réussir à trouver un terrain d’entente. Très sobre mais diablement efficace dans la mise en scène, Lafosse aborde le sujet avec l’intention de ne prendre en aucun cas parti, tout en se glissant, avec sa caméra, de pièce en pièce. Parfois, nous avons l’impression que le cinéaste penche vers Marie plutôt que Boris, mais ce sentiment tient plus de l’appréhension personnelle que du fait.

Casting éblouissant

Pour donner vie à un huis-clos énergique, Bérénice Bejo – toujours sublime – et Cédric Kahn – une interprétation géniale – se donnent la réplique avec véhémence et fureur. La bataille psychologique semble authentique, donnant une dimension supplémentaire au film. La construction autour du couple, comme dit un peu plus haut, ne prend jamais parti, Joachim Lafosse reste seul maitre d’orchestre, se glissant fortuitement de pièce en pièce. L’intelligence du récit est « fraîche », abrasive et sans artifice.

Les regards vides, des personnes dubitatives devant l’ampleur des dégâts. Chaque scène intensifie ce dégoût – la scène du repas entre amis le rappelle – et nous expose l’explosion en plein vol d’un binôme amoureux. La culpabilité s’empare de Boris et Marie, et nous, on reste spectateur de cette lassitude. Une oeuvre maîtrisée !

L’Economie du couple | Bande-annonce

Fiche technique :

Réalisé par : Joachim Lafosse
Date de sortie : –
Durée : 1h40min
Genre : Comédie dramatique
Pays : Belgique, France
Scénario : Joachim Lafosse, Fanny Burdino, Mazarine Pingeot
Photographie : Jean-François Hensgens
Distributeur suisse : –

Casting :

Bérénice Bejo
Cédric Kahn
Marthe Keller
Catherine Salée
Jade Soentjens
Margaux Soentjens