Après avoir beaucoup écouté, et surtout beaucoup aimé le travail de Fauve cette année, notamment avec la sortie de leur premier LP Vieux Frère part. 1 (la part. 2 est attendue pour septembre), j’attendais de voir en live comment allaient résonner ces chansons mélodieuses et mélancoliques. J’attendais surtout de voir comment communiquerait ce groupe mystérieux, qui refuse la plupart des interviews, des photos, qui évite de se montrer excessivement, toutes ces choses qui peuvent donner une impression d’inaccessibilité. Cette même impression que donne une jolie parisienne lors d’une première rencontre. Après le concert de l’autre soir on se rend compte qu’avec Fauve (comme avec la parisienne), cette inaccessibilité est simplement une saine pudeur et toute cette réserve cache une générosité sans égal dès la mise en confiance.
Le premier petit plaisir qui tape à l’œil pendant un concert de Fauve c’est la beauté des visuels et du dispositif sur scène. Une esthétique sobre et actuelle et des belles images sont projetées sur 6 longs panneaux verticaux. Avec les deux écrans de la salle du Lab sur les cotés, l’effet est garanti. Où que l’on se trouve dans la salle, on ne rate pas les visuels magnifiques de ce collectif de créateurs. L’identité de l’album est très visible et le logo du groupe (≠) revient régulièrement rythmer le tout.
Les paroles de leurs chansons pleines de sens sont intelligibles, le son est parfaitement calibré. Idéal, car même une personne qui ne connait pas Fauve peut apprécier la beauté des textes.
Cette pudeur dont je parlais précédemment se retrouve même dans l’enregistrement du concert par le Montreux Jazz Festival. On voit clairement que les cameramen doivent éviter de filmer le visage du chanteur principal d’une manière trop claire, et dès qu’on pourrait voir son visage, la mise au point est perdue. Les images projetées sur le groupe et les éclairages dissimulent également une bonne visibilité des membres de Fauve. Parce que Fauve c’est du son, et des images, pas des pops stars!
Toutes les chansons sont jouées et c’est pour le plus grand plaisir du public, car vu l’énergie donnée par le groupe, les bras ne cessent de se lever, et les corps de danser. On chante aussi, car quand on aime Fauve on connaît au moins un ou deux refrains.
(…)Sur la musique, on va on vient, on s’éloigne et on revient. (…)
– Infirmière –
Ou,
(…)Tu nous entends le Blizzard, tu nous entends ? (…)
– Blizzard –
Ou encore,
(…)La tête haute, le poing sur la table, et l’autre en l’air (…)
– Loterie –
On s’enlace entre nous aussi lorsque les Fauve nous jouent Rub A Dub, pour reprendre leur souffle et nous offrir un moment câlin.
Ils sont « heureux de jouer à Montreux, très heureux de passer là où les grands sont passés ». Et contents de n’avoir personne de prévu sur le planning après eux. Ils peuvent faire « des trucs qu’ils ne font pas d’habitude » et échanger ce moment ludique sur 4000 îles, une de leurs premières chansons. Pour ça, ils divisent la salle en trois et nous font chanter tous en canon à trois voix. Après un petit échauffement vocal, l’effet est garanti car la salle s’effectue d’une manière disciplinée.
Les français nous ont généreusement offert un long concert de plus d’une heure vingt si mes souvenirs sont bons, agrémenté de trois bis de fin. Acte rare en ces temps pluvieux.
A voir et à revoir puisqu’il s’agit à ce jour de l’un des concerts les plus réussis de ceux que j’ai vu cette année au #MJF14.