Brazil en 1985, 12 Monkeys en 1995 et maintenant The Zero Theorem filmé en 2013. Voici les films realisés par l’ineffable Gilliam, décrivant ses visions satyriques d’un futur dystopique. Liés uniquement par leur genre et par le réalisateur, The Zero Theorem s’attaque aux questions lourdes qui devraient parler à chaque individu à un moment ou un autre de leur vie.
Waltz interprète le rôle de Qohen Leth, un « informaticien » dont le travail se limite jour après jour de pédaler sur son poste de travail (littéralement) en complétant des sortes de puzzles. Souffrant d’anxiété, introverti et obsédé pas la découverte de sa raison de vivre, Leth demande à son superviseur Joby (David Thewlis, Remus Lupin de la saga Harry Potter) et au PDG connu sous le nom de « Management » (Matt Damon) de travailler depuis sa maison (qui est littéralement un sanctuaire, étant donné que c’est une église). Management accepte, et lui confie un projet top-secret, le Zero Theorem, qui doit mathématiquement prouver que la vie n’a aucun sens.
Transgressant presque dans le nihilisme, le film pousse à l’extrême tous les excès de notre société de consommation. Durant les fêtes, personne n’écoute la musique, mais chacun a ses écouteurs fermement dans les oreilles et passe la soirée à prendre des selfies. La vocation que nous cherchons tous dans notre vie est réduite à un appel téléphonique venu d’une voix (voie ?) supérieure.
Le progrès dans sa quête pour démontrer le théorème passe par un jeu. Une sorte de Minecraft où les cubes à placer sont diverses facettes de la vie. Cependant, la recherche de cette vérité pousse Leth de plus en plus vers la folie, submergé par les questions qu’il se pose et envahi par la peur de manquer de temps. Lui viennent en aide Bob, le fils de Management (Lucas Hedges, meilleur role du film à mon avis), ainsi que la charmante Bainsley (Mélanie Thierry, Babylon A.D., La Princesse de Montpensier), une femme fatale qui donne à Leth au fur et à mesure de leur relation un certain sens à sa vie.
Subtilement orchestré, sincèrement amusant, parsemé de dialogues magnifiques, le film est une représentation de ce qu’est la vie pour Leth. Le microcosme de sa vie est une allégorie de l’univers entier. Est-il manipulé ? Sait-il vraiment ce qu’il cherche ?
Le fatalisme, l’existentialisme, la métaphysique sont soigneusement combinés dans cette absurdité d’essayer se prouver l’irrationnel (la vie) par le rationnel (les chiffres). Et cela touche au plus profond de la nature humaine de vouloir prédire, car un certain confort émane de la stabilité et des sciences exactes. Tout l’opposé des interactions humaines, mais tellement moins excitant.
Le film se dilue les vingt dernières minutes. Il reste très symbolique, mais perd de sa puissance en tant que film, en dépit d’une structure très solide : des motifs, des raisons, des causes et effets et conséquences sont clairement mis en exergue.
Au final, on ne réussit pas à prouver grand-chose de neuf. Et c’est peut-être bien ça qui nous pousse à toujours essayer de nouvelles choses dans notre vie. Le film touche une partie très personnelle en chacun de nous, et vous réagirez différemment à ce film en fonction de vos croyances et votre vécu.
Noté : 4 / 5
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Bande-Annonce
Casting
Christoph Waltz
Mélanie Thierry
David Thewlis
Lucas Hedges
Matt Damon
Tilda Swinton
Sanjeev Bhaskar
Peter Stormare
Ben Whishaw
Détails
Date de sortie en Suisse: 09.07.2014
Réalisateur: Terry Gilliam
Pays de production: Royaume-Uni / Roumanie / Etats-Unis
Durée du film: 107 minutes
Genre: Drame / Science-Fiction
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