Une première fugue à la maison de la RTS à Lausanne, pour une première soirée du M4Music, tout en douceur, car dans les studios de Couleur 3, devant un public clairsemé. Un concert radio c’est assez amusant pour qui, comme moi, n’y a jamais assisté. Y a les interviews, le journal chaque heure, une ambiance feutrée et un excellent son aussi.
La « soirée » (il n’est que 19h) commence donc avec l’inconnue (du moins me concernant) Muthoni The Drummer Queen. La reine, venue de Nairobi, s’est installée en Suisse et travaille en production avec des musiciens romands, GR! et Hook. L’ensemble arrive sur scène, accompagné d’une charmante et talentueuse choriste (Olga Lacroix), pas de timidité, de l’énergie et de l’envie. D’une certaine façon, l’ensemble représente toutes les mutations de la musique actuelle… Quel style ? On s’en fout, plein de styles… Quelles origines ? Pareil, de Suisse, du Kenya ou du Brésil ! Mainstream ou underground ? La question n’a pas de sens, tant la production est léchée, le style efficace et en même temps pas racoleur. Toutes ces questions qui ont rythmé les 90’s ont bel et bien disparues. Quand on voit la Queen et ses acolytes, on pense immédiatement à M.I.A, cette énergie de la rue, l’Angleterre, l’Afrique, la Suisse même peut être. La meilleure surprise de ce weekend 4music, sans aucun doute.
Vient ensuite SOHN. Qu’on aime (comme c’est mon cas) ou qu’on déteste (comme mon partenaire de soirée), l’Anglo-Autrichien, et désormais Californien, ne laisse pas indifférent. Ses sons électro-soul, portés par une voix aussi élevée que parfois magnifique, nous mènent dans des paysages musicaux parfois magnifiques, parfois un peu prétentieux. L’ambiance du studio 15 aide à cette atmosphère, mais la sacralise un peu par moment, rendant le tout un peu pompeux pour un jeudi 20h15. On y reviendra, mais l’ensemble fonctionnera mieux à Zurich le lendemain.
La soirée se termine avec les toujours fascinants Puts Marie. Que n’a-t-on pas dit sur les Biennois ? Dans tous les cas, je persiste et signe, on a ici le groupe le plus talentueux de la musique suisse actuelle. Un peu mystérieux, parfois, il s’en dégage par moment une réelle nostalgie, comme sur All Yours Am I. À l’inverse, je n’accroche pas trop sur le qualificatif « androgyne » que beaucoup cherchent à coller à leur musique. Celui-ci me semble être uniquement issu du sulfureux clip de Pornstar, mais ne pas correspondre à la réalité de leur musique. Celle-ci est sensuelle dans ses sonorités, intuitive dans ses origines, mixte dans son expression, androgyne, bof, à voir. On reverra le groupe à Brighton en mai, en espérant pouvoir boire une petite Ale avec eux.
Le lendemain, départ pour Zurich et la partie publique du festival. L’endroit est magnifique et, même si on manque une partie de la soirée, les ambiances excellentes. Le concert de SOHN, 28 heures après celui de Lausanne, résonne beaucoup mieux dans ce grand ensemble, au milieu de la nuit. Le public semble flotter dans cette ambiance vaporeuse, au milieu de ces fumées. Sans aucun doute une musique de la nuit, une atmosphère un peu magique.
Direction ensuite le Mood pour le concert de Death by Chocolate. Les Biennois, encore une fois, décidément, déroulent un rock bien sympathique, qu’on apprécie accoudé au bar, avec un whisky ou une bière. La NZZ les titrait « Weltklasse », disons qu’il faut savoir raison garder, mais qu’il s’agit effectivement d’un groupe très intéressant, à suivre.
Fin de soirée à l’Exil, avec le producteur et DJ zurichois High Heels Breaker, aka Domenico Ferrari, dans un excellent set, tout en analogie et en touché à l’ancienne, la classe.
Du plaisir, de la bonne musique, un endroit magnifique, la Schiffbau, M4Music, je t’aime et je reviendrai.
En bonus, toute une série d’interviews intéressantes des différentes artistes et même de Ray Cokes, ex-superstar mondiale de MTV’s Most Wanted!
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