Les évènements de la bataille des Dardanelles autour de la péninsule de Gallipoli durant la première guerre mondiale sont vécus en tant que véritables baptêmes du feu pour les nations de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie, deux pays reconnus en tant que tels par l’Empire britannique au début du XXème siècle. Pour un Australien né en Nouvelle-Zélande comme Russell Crowe, The Water Diviner est d’autant plus un sujet vif.
En 1919, Joshua Connor (Russell Crowe) est un fermier australien vivant avec sa femme Elizabeth (Jacqueline McKenzie) sur leurs terres. Leurs trois fils, Edward (James Fraser), Henry (Ben O’Toole) et Arthur (Ryan Corr) sont partis avec les forces combinées d’Australie et de Nouvelle-Zélande (ANZAC) attaquer l’Empire Ottoman vacillant. La bataille des Dardanelles ayant coûté plus de cinq cent mille vies, les trois garçons sont présumés morts au combat lorsque le journal d’Arthur est retourné à ses parents. Ne supportant plus son désarroi, Elizabeth se suicide et, n’ayant plus rien en Australie, Joshua décide de tenir sa promesse; de retrouver les corps de leurs fils pour enfin faire leur deuil. Dans la Turquie naissante, il sera aidé par une propriétaire d’hôtel (Olga Kurylenko) et un Major de l’armée ottomane (Yılmaz Erdoğan) ayant mené la campagne contre les alliés.
Viscéral, The Water Diviner est un film fort, réussissant à transposer la majorité du raisonnement et de l’émotion de tous les personnages.
Bien que n’étant pas Turque, Olga Kurylenko semble se débrouiller habilement dans les quelques répliques en turc tout en étant expressive dans son personnage. Mais ce n’est pas elle qui personnifie l’Anatolie. Non, ce rôle revient tant à son fils dans le film, le petit Orhan (Dylan Georgiades) symbolisant la nouvelle génération fragile, naissante dans le conflit (Mondial ou Gréco-Turc qui s’en suivit), qu’à l’expérimenté Major Hasan de l’armée ottomane, incarnation de la jadis puissance militaire de l’ancien empire, laissant place aux idées neuves et modernes d’Atatürk, mais toujours nécessaire car peu de révolutions se déroulent paisiblement.
Dans son rôle de rugueux fermier australien, Crowe est quasiment naturel. Il serait péjoratif d’insinuer que Gladiator aie la sophistication d’un paysan des années 1910, mais il a choisi de mettre en valeur les traits (stéréotypes?) que l’on imagine des australiens: humbles, affables, combattifs, impulsifs, obstinés, honnêtes, endurants, braves et, oui, même enthousiastes de cricket et d’alcool.
Capital dans ce choc des cultures, le tempo est agréable à suivre mais les transitions entre les scènes, récits et flashbacks semblent un peu maladroites. L’élément qui fédère et transcende le plus les genres est pour moi indéniablement la contribution musicale du virtuose Ludovico Einaudi sur la bande-son de David Hirschfelder. Parfaitement calibré sur chaque scène, que ces soit des archives qui brûlent, les visuels de la mosquée bleue ou des images de combat et de guerre, Crowe a su trouver exactement les personnes qu’il fallait pour le film.
Bien plus personnel donc, le sujet est aussi, comme indiqué dans le film, un message aux innombrables morts de ce conflit barbare. Et alors que l’on est parfaitement absorbé par le voyage, au plus profond du banal et de l’humain, ce sont les abus d’actes « héroïques » et les manifestations d’un 6ème sens trop prononcé qui nous sortent de la réalité du film.
Hormis cela, The Water Diviner nous embarque dans une odyssée solennelle et sobre où l’ordre naturel de la vie n’est pas respecté et le plus horrible des drames humains est prévalent, celui de devoir enterrer et survivre ses propres enfants.
Noté : 4 / 5
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Bande-Annonce
Casting
Russell Crowe
Olga Kurylenko
Dylan Georgiades
Yılmaz Erdoğan
Cem Yılmaz
Jai Courtney
Jacqueline McKenzie
Ryan Corr
James Fraser
Ben O’Toole
Robert Mammone
Isabel Lucas
Mert Firat
Daniel Wyllie
Megan Gale
Deniz Akdeniz
Steve Bastoni
Damon Herriman
Détails
Date de sortie en Suisse: 08.04.2015
Réalisateur: Russell Crowe
Pays de production: Australie / Turquie / Etats-Unis
Durée du film: 111 minutes
Genre: Drame
(Images droits réservés)