Sonar Stockholm 2015 | reviews

Quand Barcelone embrasse Stockholm

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Sonar Stockholm / Annika Berglund / Tous droits réservés

Une piaule pourrie, des iles, du froid, une bande d’espagnols fous, des coussins rouges, des couronnes suédoises, de la fête, beaucoup, et surtout de la musique, beaucoup.

Sonar, le mythique festival barcelonais de musique électronique, a l’habitude de se délocaliser à travers le monde. Cette année : Le Cap, Tokyo, Reykjavik, Copenhague et Stockholm. C’est pour cette dernière ville que je m’entasse dans un avion de la compagnie aérienne aux sièges colorés qui piquent les yeux et m’envole pour la capitale de la Scandinavie, comme elle se nomme elle-même, afin de rejoindre mon ami Alex, qui lui arrive de Zurich.

Sonar Stockholm, donc, à l’intérieur du Waterfront Building, centre de congrès aseptisé, à des années lumières de la beauté glaciale du Harpa de Reykjavik. Quelques bières en ville pour se chauffer et on se rend au dit Waterfont, bien trop tôt évidemment, l’ambiance viendra plus tard. La soirée commence agréablement avec DNKL, très bon groupe suédois de synth-pop, à noter que la scène locale est extrêmement dynamique et excitante, même si dans le cas présent, les pauvres aient à se produire devant les quelques courageux venus si tôt. On se balade, on papillonne d’un bar à l’autre et on finit par assister au concert de Samaris, OVNI islandais, à mi-chemin entre Björk et The XX. Par un hasard amusant, c’est la cinquième fois que je les vois en douze mois. Ce statut de groupie involontaire, je le partagerai avec la clarinettiste lors d’une discussion au bar, plus tard, bien plus tard. Samaris c’est aussi un équilibre fascinant entre trois éléments extrêmement distincts sur scène : une clarinette donc, son amie qui chante des poèmes islandais du XIXème et un DJ qui porte le tout. En restant sur la même scène, on profite ensuite du finlandais Jaakko Eino Kalevi, à la musique toujours sombre et élégante. Vient ensuite Elliphant, sorte de mini- Major Lazer de Stockholm. On s’amuse et on danse beaucoup, dans un show simple, mais très punchy. Y a pas de quoi en faire des patates, mais la copine de Mø a une belle énergie. La soirée se termine avec les deux têtes d’affiche. Kindness d’abord qui proposera une performance simple, mais efficace, Jamie XX ensuite…. Le pivot de The XX, qui sera doublement à l’affiche cette année avec un album solo et un autre avec ses deux compères, lance un DJ set pur et excitant qui alternera nouvelle production et éléments de ses différents EPs. L’anglais nous emmène avec lui et termine la soirée.

Réveil le samedi, gueule de bois et changement de chambre, après-midi balade et détente, repas, verres, etc. Bref, il est 22h quand on retourne au Waterfront pour une soirée plus populaire que la veille, au vu de la foule, Mr Kalkbrenner étant au programme de la nuit. Passons brièvement sur Zhala : déjà aperçu à Reykjavik en novembre, je continue à ne pas comprendre la popularité qui l’accompagne. Il est déjà 23h00 quand nous nous rendons dans la salle principale pour voir Shxcxchcxsh, désolé pour l’orthographe, il parait que ça se prononce comme une sorte de white noise. Après quelques minutes, nos compagnons espagnols nous quittent provisoirement pour aller voir le sud-américain Matias Aguayo, certainement plus digeste et dansant. Le duo suédois au nom imprononçable est d’une radicalité scénique rare : loops secs et sans fin, basses qui suintent, mise en scène inexistante… Y a pas grand monde à moins de 5 mètres de la scène, oreilles qui saignent obligent, mais putain c’est bon. Si l’album est intéressant de par ses expérimentations, le live est simplement fascinant par sa brutalité pure. Une incroyable surprise, même si, évidemment, c’est pas tellement « Saturday night fever » pour l’occasion. A minuit et demi commence enfin le clou du festival, l’autre nom imprononçable, mais qu’on appelle Substrakt, SBTRKT. Le mec est sans doute l’artiste qui monte actuellement dans la scène londonienne et on ne peut que conseiller à chacun d’aller le voir, notamment le 5 avril au Palladium de Genève, dans le cadre d’Electron. Son dernier album abandonne un peu de l’originalité du premier, mais gagne en puissance populaire et dansante. Le concert est excellent, joué entièrement live avec des instruments et un chanteur. Les tubes défilent, parmi lesquelles l’électrifiant NEW DORP. NEW YORK. La soirée s’enflamme et se termine par deux sets berlinois croisés : les tubes du déclinant Paul Kalkbrenner dans le SonarClub et les beats de l’émergente Nina Kraviz  dans le SonarDôme.

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Après une nuit sur un bateau, un brunch en ville et une dernière après-midi catalane, nous repartons vers la Suisse, avec quelques coussins rouges subtilisés en souvenir, encore excités de ce weekend durant lequel Barcelone aura embrassé Stockholm.