Presque dix ans après le premier « Sin City », Robert Rodriguez et Frank Miller nous offre la suite de l’adaptation du comic éponyme. On retrouve le même style graphique et la plupart des personnages qui apparaissaient dans le premier volet. La ville du vice et du péché est toujours aussi noir et mal famé. Le film se présente comme une sequel et un prequel à « Sin City ».
Reprenant les codes du films noirs où le pessimiste en est l’essence; personne ne gagne vraiment, tout le monde est manipulé, on ne quitte « Sin City » que par son dernier souffle. Les héros sont ambigus et complexes, un passé difficile les accompagne et la ville est sombre et malsaine.
Visuellement le film est beau, donnant l’impression qu’un comics prend vie, les scène gores et violentes deviennent belles à regarder. Moins de rouge, plus de bleu et de vert.
Le film est une suite de tableau ayant des connexions internes, tout comme le premier, ici tout tourne autour du bar-club striptease de Kandie’s.
Marv (Mickey Rourke) s’occupe de protéger Nancy (Jessica Alba), qui a une sombre addiction pour l’alcool depuis la mort de Hartigan (Bruce Willis) et est hantée par son fantôme, elle veut prendre sa revanche sur le Sénateur Roark (Powers Boothe). Sa performance ne m’a pas marqué, j’ai bien compris qu’on essayait de nous faire comprendre qu’elle était résolue à prendre sa revanche après un dernier verre mais je n’y ai pas cru une seconde, on dirait presque qu’elle n’a pas envie de jouer. On peut faire un parallèle avec ses lapdances (dans lesquels Rodriguez s’est spécialisé, elle n’aurait pas obtenu beaucoup de pourboire de ma part. Il y a, certes, une dernière scène plus intense au moment où elle décide de passer à l’acte mais on passe de nul à passable.
Mais c’est un rôle difficile car elle est seule avec elle-même et ses démons, c’est compliqué à interpréter.
Le nouveau venu est Johnny (Joseph Gordon-Lewitt), un jeune joueur et parieur qui accompagné de Marcie (Julia Garner), une des seules personnes colorisées va s’en prendre à la fierté du Sénateur Roark. Ces altercations nous offriront certainement les scènes les plus intéressantes visuellement. Même si en dehors du jeu de poker, le reste des scènes est inutile.
La troisième histoire est celle de Dwight (Josh Brolin), travaillant comme détective privé et de son histoire d’amour avec la créature qu’est Ava (Eva Green). C’est à elle que l’on doit le titre de ce film, c’est une femme fatale reprenant le rôle typique de mangeuse d’hommes des films noirs des années 40-50, nombreux sont ceux qui se perdront entre ses griffes. Elle apparaitra presque toujours nue, usant de son charme pour mieux se vendre, les scènes seront au mieux digne d’un film érotique avec une égale équivalence de scénario. Son homme de main est Manute (Dennis Haysbert) et il ne sera pas tendre avec notre protagoniste.
On retrouve encore une belle brochette d’acteur mais leurs personnages sont tellement stéréotypés, leurs actions sont tellement stupides qu’on a juste envie de leur crier dessus. Je pense par exemple à l’inspecteur Mort (Christopher Meloni) qui joue un bon flic qui devient mauvais en l’espace de quelques jours sous l’influence de la mystique Ava.
L’apparition de Docteur Kroening (Christpher Llyod), qui joue Doc de « Retour vers le futur » dans « Sin City » ressemble plus à un caméo tout comme le rôle de serveuse de Lady Gaga. Ray Liotta joue un chef d’entreprise au prise d’un problème avec son amante. Wallenquist (Stacy Keach) de par sa tête de Jabba passé sous un camion laisse une impression sympathique l’espace de quelques secondes avant de disparaître à nouveau.
Gail (Rosario Dawson), en chef amazone des prostituées de la veille ville recueillera et aidera Dwight à régler ses problèmes avec Ava, Miho (Jamie Chung) sera là pour couper quelques têtes à l’aide de ses sabres.
Voilà, nous avons fait le tour des personnages et de l’histoire sans trop en dévoiler, passons à la suite.
Les hommes de « Sin City » sont tous stupides, on se rend compte rapidement que Marv est la personne la plus intelligente et posé de cette ville, c’est dire le niveau des autres. Les personnages se ressemblent tous, on a l’impression de voir les mêmes histoires et surtout le scénario, si l’on passe à côté de ses incohérences, est tellement évident qu’il n’y a pas de surprise. Pire encore, ça nous empêche de profiter du film tellement c’est attendu. Les meilleures performances reste celle de Marv, qui brille par son intelligence ou celle du Sénateur Roark qui sans lui « Sin City » ne serait pas ce qu’elle est.
Les différends nous mènent nulle part en particulier si ce n’est que pour tuer des gens, les intrigues sont basiques même pas à vrai tellement elles sont insipides. L’humour du premier a également disparu, quelques scènes seulement ont su me décrocher un sourire. >> BLA BLA
Les seuls personnages que j’ai apprécié, qui semblait avoir un peu plus de jugeote, c’est Gail et les prostituées. Elles m’ont l’air d’être les seules à « Sin City » à avoir conscience d’elle-même, de connaître leurs pouvoirs, de l’utiliser pour asseoir leurs dominations sur les hommes. Bien sûr Ava l’est aussi mais elle est également sociopathe.
On pourrait dire que le film est misogyne, dans le sens où l’on montre des femmes en tenue aguicheuses au service des mâles et dans des rôles stéréotypés de femme passive ou en détresse. Comme Sally (Juno Temple) qui joue l’amante de Joey (Ray Liotta), c’est une faible femme qui sert de vide-bourse pour ce chef d’entreprise mais après que Dwight soit intervenu pour empêcher son meurtre. Elle enlève sa perruque est une chevelure colorisée rousse apparait, le ton de sa voix et sa posture change, elle devient une femme sûre d’elle-même et forte.
Pour moi, les femmes de « Sin City » joue consciemment de leurs charmes et de leurs corps pour mieux contrôler les hommes qui sont plus stupide que jamais dans ce film. Une sorte de réappropriation des codes et des outils du milieu du sexe afin de créer une responsabilisation, malheureusement encore dans une vision masculine et misogyne mais c’est un début.
Pour terminer et comme je le disais, rien n’a changé, rien de nouveau et c’est là le problème, enfin presque car on peut voir plus de poitrine que dans le premier. On a l’impression qu’il y a eu 9 ans de production pour rendre le film stupide et pour qu’il s’extasie devant sa production graphique. Les effets sont beaux, graphiquement impeccables, il y a un véritable rendu comics mais le scénario pêche tout comme la plupart des personnages. Le petit garçon en moi est amusé mais l’homme ayant besoin de nourriture plus intellectuel reste insatisfait et veut ouvrir un cabinet de psychothérapie à « Sin City » et se marier avec Gail.
Avis: 2/5
–
Fiche technique
Réalisé par: Robert Rodriguez et Frank Miller
Date de sortie: 17 septembre 2014
Durée: 102 minutes
Genre: Action, Thriller, Crime
Nationalité: Américain
Casting
Eva Green
Josh Brolin
Jessica Alba
Bruce Willis
Mickey Rourke
Joseph Gordon-Lewitt
Rosario Dawson
Jamie Chung