Locarno 2016 | Moka

Deux femmes pour en découdre.

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Moka - Image droits réservés - © Frenetic Films

Une mère dévastée par la perte de son enfant, accidentellement percuté par une voiture à Lausanne. Depuis ce jour, Diane Kramer (Emmanuelle Devos) ne vit plus, elle est obnubilée par l’identité du conducteur de cette Mercedes couleur moka, celle qui a renversé son fils. Déterminée, elle traverse le lac pour enquêter sur une femme mystérieuse nommée Marlène (Nathalie Baye).

Tiré du roman éponyme de Tatiana de Rosnay, Moka nous plonge dans une atmosphère mystérieuse, dont l’acharnement d’une femme bouleversée par la perte de son fils la mènera dans un état d’esprit proche de la psychose. Prête à tout pour faire éclater la vérité, Diane emploiera tous les subterfuges pour découvrir l’odieux personnage qui a ôté la vie à son fils. Ce qui engendrera un dangereux rapprochement vers la prétendue coupable : Marlène.

Face-à-face en retenue

Dans cette confrontation entre Diane et Marlène, en découle un cache-cache étrange entre deux femmes sur leurs gardes. L’une est persuadée de tenir la coupable de la mort de son rejeton, et l’autre se méfie d’une femme étrange et taiseuse. Une ode à la vengeance démarre pour Diane qui use de ses charmes, qui s’immerge dans la vie de famille d’une dame qu’elle ne connait pas, qu’elle déteste, mais qu’elle commencera à apprécier après les innombrables rencontres.

Une rencontre entre deux femmes écorchées - Image droits réservés - © Frenetic Films
Une rencontre entre deux femmes écorchées – Image droits réservés – © Frenetic Films

Plus le métrage avance, plus Diane se perd dans son propre jeu. Son petit manège la pousse à embrasser une part d’elle-même qu’elle ne soupçonnait pas. Son ex mari tente de la raisonner, mais rien n’y fait, Diane est lancée à vive allure dans sa quête (effrénée) pour la vérité. Si bien que cette mère désespérée arrivera à un point de « saturation », où elle-même ne comprend plus vraiment sa démarche. À partir de là, le récit bascule dans une certaine imprévisibilité malgré le dénouement qu’on sent prévisible.

Thriller à la patte molle

Moka tente d’insuffler une ambiance mystérieuse. Le travail de Frédéric Mermoud est bon dans l’approche des personnages, mais l’est beaucoup moins dans la mise en scène à proprement parler. Soucieux de donner du corps à cette histoire, Mermoud ne parvient que très rarement à rendre son film fascinant. Se focalisant sur ces deux femmes que sont Diane et Marlène, le cinéaste valaisan, par l’intermédiaire de Diane, réduit son film à démontrer cette douleur qui ronge Diane, et l’ambiguïté qui règne entre elle et Marlène.

Un long chemin sur la voie de la guérison – pour Diane – qui assimile de nombreux ingrédients qui font de Moka, une partition plutôt molle. Loin d’être mauvais, Moka réussit à capter l’attention avant de laisser cette tension s’estomper petit-à-petit. Le manque d’intensité conjugué à une bande-son décevante – primordial pour ce genre de film -, Moka est lacunaire.

Moka | Bande-annonce

Fiche technique :

Réalisé par : Frédéric Mermoud
Date de sortie : 17 août 2016
Durée : 1h30min
Genre : Drame
Pays : Suisse, France
Scénario : Frédéric Mermoud, Antonin Martin-Hilbert, Tatiana De Rosnay
Photographie : Irina Lubtchansky
Musique : Christian Garcia, Grégoire Hetzel
Distributeur suisse : Frenetic Films

Casting :

Emmanuelle Devos
Nathalie Baye
Diane Rouxel
Olivier Chantreau
Jean-Philippe Ecoffey
Samuel Labarthe

REVIEW OVERVIEW
Note :
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Journaliste culturel. Ex Italic Magazine et ravagé de l'écran.