Tout le monde connaît Jesse Owens. Tout le monde a en mémoire sa montée sur le podium des Jeux d’été en 1936 à Berlin face à Hitler. Cet athlète noir, quadruple médaillé d’or sur 100m, 200m, saut en longueur et relais, est une véritable machine à gagner et les Etats-Unis verront en cet athlète un porte drapeau d’envergure planétaire.
Entre la lutte personnelle d’Owens contre le racisme qui règne au pays de l’Oncle Sam et l’appel au boycott de l’Amérique aux JO de 36, Race (La Couleur de la victoire) se joue sur un grand tableau politique et sportif. Nous y retrouverons une confrontation vive entre Jeremiah Mahoney – Président du Comité Olympique américain – et Avery Brundage – industriel fortuné – ou le travail de l’ombre de Larry Snyder, l’entraîneur qui a mené Jesse Owens au sommet. Tant de sujets qui rythmeront un biopic classique, mais bien ficelé et agréable à suivre.
Le sport pour combattre le racisme
La portée historique rappelle un certain 42, avec Chadwick Boseman dans le rôle du joueur de baseball, Jackie Robinson. Avec le sport comme vecteur principal et le climat politique – très tendu – en toile de fond, Race est le parfait compromis qui plait par sa matière. Un futur athlète prometteur qui se bat coûte que coûte pour faire sa place au milieu des Blancs. Le racisme commence gentiment s’estomper – s’estompera-t-il un jour ? -, mais le spectre du racisme survole un Monde encore pervertit par cette atmosphère conflictuelle.
En la personne de Jesse Owens et l’événement mondial que sont les Jeux Olympiques, le réalisateur Stephen James réussit à mettre en avant le côté historique des performances de Owens, mais s’enlise dans un « message » pour démontrer toute la diplomatie et la splendeur de l’Amérique. Symbolisé par le rôle poignant de l’excellent Jeremy Irons en Avery Brundage. L’impact des Etats-Unis empiète sur l’incroyable détermination d’un homme aux jambes d’or. Véritable force tranquille, personnage capable de soutenir une pression immense, Jesse Owens – parfaitement campé par Stephen James – force le respect éternel. Derrière ses exploits sportifs, son image s’exporte au-delà des frontières du sport.
Goebbels plutôt qu’Hitler
Au rang des personnages, nous ne pouvons ne pas parler d’une femme au caractère affirmé : Leni Riefenstahl. Interprétée par Carice Van Houten, elle tiendra tête, avec le montage de son film sur ces Jeux à Berlin, à l’ignoble Josef Goebbels (Barnaby Metschurat). D’ailleurs, c’est Goebbels qui sera le plus présent à l’écran. Hitler est aux abonnés absents, son nom ne sera que prononcé.
Autre personnage intéressant à suivre : Larry Snyder. Personnage central par sa détermination à pousser son poulain à se transcender, si bien qu’il lui insuffle un courage à toute épreuve. Campé par Sudeikis, l’acteur américain en est surprenant tant sa prestation est d’excellente qualité. L’un de ses premiers rôles dramatiques qui lui convient à merveille, du reste, notre curiosité fut piquée et l’envie de le voir dans un nouveau rôle dit dramatique est palpable. Peut-être un virage artistique comme l’a fait Steve Carell…
Un peu hasardeux, trop centré sur le poids des Etats-Unis – ce qu’ils veulent nous faire avaler – ont eu sur l’avénement de Jesse Owens. Malgré ça, Race est un biopic qui suit les codes classiques du film historique, certes, mais les reconstitutions du Colisée berlinois et l’excellent casting font de l’oeuvre de Stephen Hopkins, un long-métrage appliqué et agréable à suivre. Le combat que menait les Noirs et les Juifs devant cette injustice dictatoriale prouve l’incroyable bêtise humaine. Jesse Owens, lui, restera une légende à jamais.
Race (La Couleur de la victoire) | Bande-annonce
Fiche technique :
Réalisé par : Stephen Hopkins
Date de sortie : 27 juillet 2016
Durée : 1h58min
Genre : Drame, Biopic, Sport
Pays : Canada, Allemagne
Scénario : Anna Waterhouse, Joe Shrapnel
Photographie : Peter Levy
Musique : Rachel Portman
Distributeur suisse : Impuls Pictures
Casting :
Stephan James
Jason Sudeikis
Eli Goree
Shanice Banton
Carice Van Houten
Jeremy Irons
William Hurt
David Kross
Jonathan Higgins
Barnaby Metschurat