La liberté totale, celle qui vous rappelle aux bases fondamentales de la vie. Teddy (Raphaël Personnaz) ressent ce besoin extrême de partir loin de tout, d’éprouver ce sentiment de solitude et de froid. Il décide de prendre ses quartiers en Sibérie, sur les rives gelées du lac Baïkal. Là, dans sa petite cabane, ce Français éreinté par la vie qu’il menait avant, démarre une aventure qui va durer un an.
Cette envie de se retrouver devant l’adversité, loin de la civilisation, peut faire rêver mais comporte son lot de conséquences. Le froid glacial de la Sibérie, les ours, l’impossibilité de compter sur une quelconque personne sont des aspects que Teddy doit prendre en compte. Lancé dans le grand bain, l’épopée de Teddy peut s’apparenter à un retour aux sources pour l’homme. Le simple fait de chasser, ou simplement de survivre rappelle aux racines fondatrices de l’être humain. Face à à la dangerosité de la nature et les paysages somptueux de la Sibérie, Teddy renaitra, retrouvera un sentiment de liberté qui lui échappait en milieu urbain.
Seul, enfin pas tout à fait
Alors que le bois manque à sa petite cabane pour la garder à une température convenable, Teddy se lance dans un violent blizzard et se retrouve piégé par la tempête de neige. Sûr d’y laisser sa peau, le Français se fait secourir par Aleksei (Evgueni Sidikhine), un fugitif russe qui vit terré dans cette forêt depuis de longues années. Une véritable osmose se forme entre les deux hommes, quand bien même que la barrière de la langue n’est qu’un simple détail. Les deux nouveaux amis chassent, s’entraident et vivent un moment de partage qu’ils n’auraient sûrement pas eu s’ils s’étaient rencontrés dans un autre milieu.
Avec Dans les forêts de Sibérie, Safy Nebbou semble mettre en avant la place de l’homme dans le milieu naturel, comment le citadin réagit, seul, face à la dangerosité de la nature. Le postulat est attrayant, mais ce récit aventurier tourne très vite à l’ennui. Très beau visuellement, sublimé par des paysages sibériens à couper le souffle, l’histoire ne soulève pas grand chose. Cette amitié entre Aleksei et Teddy est belle, oui, mais semble être là pour combler le manque de relief. Il n’est pas facile de mener un film de la sorte, l’aventure doit être belle et profonde, nous amener à tirer et les enseignements d’un changement aussi radical que celui opéré par Teddy. Certes il y répond, mais la réflexion reste très en surface.
Photographie soignée, une bande-son peu inspirée
La grande réussite de cette virée dans ce lieu reculé qu’est la Sibérie, c’est bien cette photographie soignée et particulièrement belle. Les endroits choisis par Safy Nebbou nous époustouflent par cette froide beauté. Avec une telle atmosphère, la B.O. se devait d’être à la hauteur de cette esthétique, malheureusement le résultat est décevant. Composée par Ibrahim Maalouf – que l’on a connu beaucoup plus inspiré -, la trame sonore ne parvient pas à nous hypnotiser, au contraire elle irrite par moment. La surprise est d’autant plus grande quand le nom de Maalouf apparait…
En campant un rôle plutôt silencieux, Raphaël Personnaz s’en sort avec sa performance. Loin d’être transcendant, l’acteur français profite de nous promener dans l’inconnu avec une certaine délicatesse. Il parvient à transmettre ce sentiment de liberté qui impregne le métrage.
D’après l’oeuvre de Sylvain Tesson, écrivain qui a relaté cette aventure solitaire, Dans les forêts de Sibérie est un film qui propose une véritable percée dans le froid sibérien. Si au début nous mordons à l’hameçon, la toile que Nebbou peint est belle visuellement, mais manque d’émotion. Loin d’être indigeste, mais barbant plus le temps défile, Dans les forêts de Sibérie hausse le ton sur la fin pour terminer sur une note plutôt positive. Mais le résultat d’ensemble reste très moyen, nous laissant dans l’indifférence.
Dans les forêts de Sibérie | Bande-annonce
Fiche technique :
Réalisé par : Safy Nebbou
Date de sortie : 15 juin 2016
Durée : 1h45min
Genre : Aventure
Pays : France
Scénario : Safy Nebbou, David Oelhoffen, Sylvain Tesson
Photographie : Gilles Porte
Musique : Ibrahim Maalouf
Distributeur suisse : JMH
Casting :
Raphaël Personnaz
Evgueni Sidikhine