Berlin 2016 | Inhebbek Hedi (Hedi)

Premier film vu en concours pour l’Ours d’Or, « Hedi » est aussi le premier long-métrage du réalisateur tunisien Mohamed Ben Attia, ainsi que le premier film arabe en concours à Berlin depuis une vingtaine d’années.

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Inhebbek Hedi, par Mohamed Ben Attia
Sabah Bouzouita dans le rôle de Baya et Majd Mastoura dans le rôle de Hedi. Image par Frederic Noirhomme © NOMADIS IMAGES-LES FILMS DU FLEUVE–TANIT FILMS

Réalisateur respecté dans l’univers des courts-métrages, Mohamed Ben Attia réalise un film hautement d’actualité, contemporain avec ses thèmes reflétant le poids qu’exercent la tradition et la famille sur une génération entière de jeunes Tunisiens, incarnés ici par le calme Hedi et la ravissante Khedija.

Hedi (Majd Mastoura) est un jeune homme de 25 ans vivant en Tunisie. Une personne sans histoire, vendeur de voitures chez Peugeot et dessinateur dans l’âme, Hedi a depuis toujours été quelqu’un qui suit et subit les aléas de la vie et les tracés que d’autres personnes lui ont dessiné. Il est constamment réprimandé et harcelé par sa mère, Baya (Sabah Bouzouita), qui lui a toujours préféré son grand frère, Ahmed (Hakim Boumessaouidi), vivant aujourd’hui en France et heureux marié. En parlant de mariage, Hedi voit justement approcher le jour de son propre mariage arrangé avec la jeune Khedija (Omnia Ben Ghali) et cette routine semblera se perpétuer encore. Pourtant, lorsqu’il est en déplacement dans la ville voisine de Mahdia, il fait la rencontre de Rim (Rym Ben Messaoud) qui semble lui faire prendre conscience que son destin lui appartient.

Pas vraiment captivant, pas ennuyeux non plus, Hedi est un film aussi mal à l’aise dans sa peau que ses protagonistes et qui n’évoque que très peu de sentiments. Avec un seul moment de drame, les personnages semblent errer sans but comme notre pauvre vendeur de Peugeot, qui en trente secondes vers la fin du film parle davantage que durant tout le restant de la pellicule réunie. Alors que l’ambiance est très rapidement mise en place et les diverses intrigues sont évidentes et répétées, le rôle écrit pour Hedi prend des tournes plus incohérentes les unes après les autres. Ce personnage pourrait sembler traverser une crise de puberté de par son comportement.

Hedi, qui veut dire calme, raconte l’expression personnelle du désir de liberté, une émancipation de la tradition, de la famille, qui se reflète dans les temps troubles que traverse depuis quelques années maintenant la nation tunisienne. En quelques sortes, Hedi est la personnification du peuple qui est à un carrefour dans sa vie et doit faire un choix; maintenir le statu quo et continuer à être spectateur de sa propre vie, ou prendre l’initiative et saisir son destin. Notons bien que le syndrome de Stockholm est un phénomène bien reconnu, et qu’il est difficile de soudainement être « libre de ses choix » alors que vous viviez depuis votre naissance sous le joug d’un dictateur ou d’une famille trop intrusive.

Dès le début, Hedi ne promet pas grand chose et on ne peut pas donc l’accuser de tomber loin des attentes. Mais ce qu’il réussit très bien à communiquer est la difficulté extrême à saisir notre propre bonheur et le fait que nous sommes, au final, les seuls à nous en retenir.

Noté : 2.5 / 5

Bande-Annonce

Indisponible

Casting

Majd Mastoura
Rym Ben Messaoud
Sabah Bouzouita
Omnia Ben Ghali
Hakim Boumessaoudi
Arwa Ben Smail

Détails

Date de sortie en Suisse: Inconnue
Réalisateur: Mohamed Ben Attia
Pays de production: Tunisie, Belgique, France, Qatar, Emirats Arabes Unis
Durée du film: 88 minutes
Genre: Drame

(Images droits réservés)

REVIEW OVERVIEW
Noté
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J’ai obtenu en septembre 2013 mon Master de HEC Lausanne et je m'occupe ainsi de la majorité de l'aspect commercial et partenariats du webzine. C’est avec enthousiasme que j’ai rejoint David, Hervé et Sven en mai 2014 pour créer Le Billet, et je me réjouis d'y contribuer dans la durée!